One of Them Days, une comédie sociale mordante

Avec One of Them Days, Lawrence Lamont signe une comédie sociale mordante portée par Keke Palmer et SZA. Entre buddy movie explosif et critique du capitalisme précaire, le film navigue entre rire et tension, capturant avec finesse les réalités afro-américaines modernes. Une course effrénée contre l’expulsion, des situations absurdes et un duo électrisant font de ce film un incontournable du cinéma noir contemporain.

L’histoire du cinéma afro-américain s’est souvent écrite entre drames poignants et fresques épiques. Mais à intervalles irréguliers, des comédies surviennent, portées par une énergie indocile, capturant l’essence des réalités noires américaines avec un sens aigu du burlesque et de la satire sociale. One of Them Days, réalisé par Lawrence Lamont, s’inscrit dans cette veine : un buddy movie féminin porté par Keke Palmer et SZA, oscillant entre péripéties absurdes et critique acerbe du capitalisme précaire. Produit par TriStar Pictures et Hoorae Media, le film a fait une entrée fracassante au box-office, engrangeant 39 millions de dollars en quelques semaines.

Une intrigue qui danse entre urgence et hilarité

Keke Palmer and SZA in Tri-Star Picture’s ONE OF THEM DAYS (Photo by Anne Marie Fox)

Dreux (Keke Palmer) et Alyssa (SZA), colocataires et inséparables, mènent une existence modeste dans un immeuble décrépit. Le 1er du mois, leur impitoyable propriétaire leur réclame 1 500 dollars sous peine d’expulsion. À leur grande stupeur, l’argent a disparu. Rapidement, elles comprennent que Keshawn, le petit ami volage d’Alyssa, a dilapidé leur loyer dans une lubie entrepreneuriale douteuse. Commence alors une course contre la montre, entre trafic de sneakers, tentatives de don du sang hasardeuses et rencontres fortuites avec des gangsters.

Si l’histoire semble relever du vaudeville, elle est sous-tendue par une réalité amère : celle de la précarité économique et du désespoir ordinaire des classes populaires noires. One of Them Days est une descente vertigineuse dans un système où les Noirs américains doivent constamment improviser, esquiver et lutter pour survivre.

Une alchimie explosive entre Keke Palmer et SZA

One of Them Days, une comédie sociale mordante

Si l’histoire fonctionne, c’est avant tout grâce à la chimie électrisante entre ses deux actrices principales. Keke Palmer, actrice et chanteuse au charisme inaltérable, incarne une Dreux aussi futée que débrouillarde, un personnage qui rappelle les héroïnes de la Blaxploitation tout en y ajoutant une touche de modernité. À ses côtés, SZA surprend par son naturel comique. La chanteuse, habituée aux textes introspectifs et mélancoliques, apporte à Alyssa une exubérance et une naïveté touchantes qui enrichissent le tandem.

Mais le casting ne s’arrête pas là. Katt Williams brille dans le rôle de Lucky, une figure ambivalente oscillant entre menace et comédie absurde. Vanessa Bell Calloway et Maude Apatow complètent une distribution haute en couleurs, apportant des moments de légèreté et de tension parfaitement dosés.

Une satire du capitalisme afro-américain moderne

SZA and Keke Palmer in Tri-Star Picture’s ONE OF THEM DAYS (Photo by Anne Marie Fox)

Derrière son apparente légèreté, One of Them Days dissèque avec acuité l’angoisse économique des jeunes Afro-Américains. Dreux et Alyssa incarnent ces millions de jeunes noirs contraints à des emplois sous-payés, piégés par des dettes qu’ils n’ont pas contractées, mais qui dictent leur quotidien. Le film expose la brutalité des réalités économiques qui s’abattent sur ces communautés : la difficulté d’accéder à un prêt bancaire, l’impossibilité de stabiliser sa vie sans crédit, l’exploitation des talents noirs par un système qui refuse de les valoriser correctement.

Dans une scène particulièrement frappante, Dreux et Alyssa tentent de vendre un tableau pour lever des fonds à la dernière minute. Leur seule échappatoire repose sur les réseaux sociaux, dans un monde où la viralité est devenue un levier de survie économique. Cette mise en abyme souligne une vérité douloureuse : les Afro-Américains doivent souvent monétiser leur créativité ou leur culture pour espérer s’en sortir.

Une bande-son aussi éclectique que le film lui-même

One of Them Days, une comédie sociale mordante

La musique joue un rôle central dans One of Them Days. Avec Chanda Dancy à la composition et un tracklist où se croisent hip-hop, R&B et afrobeats, le film épouse le rythme effréné de la journée chaotique des héroïnes. Des titres de SZA elle-même, en passant par des classiques de Missy Elliott et Kendrick Lamar, chaque morceau amplifie les émotions et accentue le comique des situations.

Une réception critique et publique enthousiaste

One of Them Days, une comédie sociale mordante

One of Them Days a été accueilli avec enthousiasme par la critique, affichant un 95 % sur Rotten Tomatoes et un score de 71 sur Metacritic. Le consensus critique salue la fraîcheur du duo Palmer-SZA, tout en louant la réalisation dynamique de Lawrence Lamont.

Le box-office a également suivi : avec un budget de 14 millions de dollars, le film a rapporté près de 40 millions, confirmant l’appétit du public pour des récits afro-américains à la fois authentiques et accessibles. Certains critiques, cependant, ont noté une conclusion un peu trop précipitée, là où le film aurait gagné à approfondir certaines de ses thématiques.

Un renouveau du buddy movie afro-américain ?

Keke Palmer and SZA in Tristar Pictures ONE OF THEM DAYS

Depuis Girls Trip (2017), le cinéma afro-américain féminin a eu peu d’occasions d’explorer la comédie sous l’angle du buddy movie. Avec One of Them Days, on retrouve cette dynamique jubilatoire qui mélange réalités sociales, humour corrosif et dialogues tranchants.

Ce film marque-t-il un tournant dans la représentation des femmes noires au cinéma ? En offrant aux personnages féminins une complexité et une épaisseur rares dans la comédie grand public, il ouvre en tout cas une porte à d’autres récits, où les héroïnes noires ne sont ni des archétypes, ni des faire-valoir.

En attendant, One of Them Days s’impose déjà comme un incontournable de l’année 2025, une œuvre qui divertit autant qu’elle éclaire, et qui prouve que le rire peut être une arme redoutable face aux injustices du quotidien.

Sources

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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