Keke Palmer, l’invisible devenue inévitable

Icône générationnelle, Keke Palmer brille dans One of Them Days sur Amazon Prime. Actrice, chanteuse, autrice et activiste, elle redéfinit les codes d’Hollywood.

Elle est l’une de ces figures qu’on croit connaître, parce qu’on a grandi avec elle, parce qu’elle a traversé nos écrans depuis l’enfance, parce qu’elle semble toujours avoir été là. Mais dans le Hollywood de la mémoire courte et de l’effacement répété des voix noires féminines, Keke Palmer n’a jamais eu le luxe de disparaître. Elle s’est imposée. Par le travail. Par la métamorphose. Par une honnêteté radicale qui dérange autant qu’elle inspire.

Aujourd’hui, avec One of Them Days, la comédie dramatique sociale où elle partage l’affiche avec SZA et brille dans le rôle de Dreux, Palmer revient sur le devant de la scène. Et cette fois, Hollywood n’a plus d’excuses. Ce film, diffusé sur Amazon Prime, est plus qu’une production bien ficelée. C’est un manifeste masqué sous la forme d’une satire mordante, une déclaration de guerre contre les réductions identitaires et les catégories rigides.

Une enfant du système

Keke Palmer, l'invisible devenue inévitable
Keke Palmer à 12 ans

Lauren Keyana Palmer naît en 1993, dans l’Illinois, d’une mère enseignante et d’un père déâcre. Son surnom « Keke » vient de l’amie imaginaire de sa sœur. Toute une métaphore. Dès le début, elle incarne ce que l’Amérique refuse souvent de voir : la singularité noire, féminine, brillante, pas lisse, pas modèle. Elle chante, joue, performe, apparaît dans Barbershop 2, puis explose dans Akeelah and the Bee. Hollywood l’applaudit, la fête, la déclare prodige. Et puis… l’oublie.

Keke Palmer, l'invisible devenue inévitable

Mais Keke ne disparaît pas. Elle bifurque. Nickelodeon, Disney, les voix de dessins animés. Elle se diversifie, crée son propre show, anime, chante, publie un livre, lance un podcast. Elle s’adapte sans se plier. Elle revendique une fluidité de genre et de sexualité dans un monde qui voudrait des cases. Elle devient la première Cendrillon noire de Broadway. Mais surtout, elle parle. Elle dit les abus, les humiliations, les violences. Elle ne se cache pas derrière le glamour. Elle s’en sert comme levier.

Dreux : miroir contemporain d’une femme noire

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Dans One of Them Days, elle campe un personnage à la croisiée des tensions modernes : mère célibataire, précaire, hypercompétente, toujours en mouvement. Le film, réalisé par A.V. Rockwell, est un huis clos à ciel ouvert, où les dialogues claquent comme des tweets, où les silences pèsent autant que les punchlines. Palmer y est brillante, drôle, déchirante. Elle incarne la fatigue noire féminine sans pathos. Le sarcasme comme bouclier. Le sourire comme stratégie de survie.

La présence de SZA, autre icône de la black girl magic introspective, crée une tension poétique rare. Les deux femmes ne surjouent jamais. Elles montrent. Le poids des attentes. La honte héritée. La révolte douce.

Hollywood face à ses contradictions

Ce n’est pas un hasard si One of Them Days sort en 2025. L’industrie a changé de vernis, mais pas toujours de fond. Palmer, malgré les émissions, les prix, les titres, reste souvent cantonnée à la marge du « mainstream« . Elle n’est ni trop sainte, ni trop sulfureuse. Trop politique pour les uns, pas assez engagée pour les autres. Mais elle avance.

Et One of Them Days est un tournant. Pas seulement pour elle, mais pour le public. C’est le genre de film qui oblige à déplacer le regard. Qui impose des référentiels noirs féminins non comme objets d’étude, mais comme sujets complexes, modernes, drôles, imparfaits.

L’héritage, la légende, la suite

Palmer est aujourd’hui mère. Elle le dit souvent : son fils est la priorité. Mais son combat est plus large. Dans un monde saturé d’images, elle choisit la représentation pleine, pas la représentation vide. Elle chante, joue, produit. Elle parle de santé mentale, de sexisme, de racisme systémique, de liberté. Elle incarne ce que bell hooks appelait « la politique du regard » : voir et être vue autrement.

Avec One of Them Days, elle dépasse le cadre de la performance. Elle raconte l’Amérique noire par les marges, elle met en scène la sororité, la galère, le style, le refus de plier.

Alors non, Keke Palmer n’est pas une star tombée du ciel. Elle est une architecte. D’un espace de jeu nouveau. D’une narration à la première personne. Et si One of Them Days marque quelque chose, c’est bien ceci : l’époque a (enfin) rendez-vous avec elle.

Amazon Prime n’a peut-être pas mesuré à quel point ce film allait résonner. Mais peu importe. Keke Palmer, elle, le savait déjà.

Keke Palmer, l'invisible devenue inévitable

Découvrez One of Them Days, le nouveau bijou porté par Keke Palmer et SZA — un film percutant et nécessaire, à voir dès maintenant sur Amazon Prime

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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