Le 22 septembre 1870, la Martinique s’embrase. Une injustice déclenche une insurrection sanglante contre l’oppression coloniale. Entre révolte populaire et répression brutale, découvrez comment un peuple s’est levé pour la justice et l’égalité.
Février 1870, Rivière-Pilote : un coup de fouet de trop

L’histoire commence comme tant d’autres sous l’ère coloniale : une humiliation, une injustice, un silence complice des autorités.
Février 1870. Léopold Lubin, un jeune noir martiniquais, croise le chemin d’Augier de Maintenon, un aide-commissaire de la Marine, un homme blanc, un homme de pouvoir. Un regard, une posture, un geste mal interprété, et le fouet claque dans l’air, s’abat sur la peau de Lubin. Le message est clair : ici, les privilèges blancs ne se discutent pas.
Mais cette fois, l’histoire ne s’arrête pas là. Lubin n’encaisse pas en silence, il refuse d’être une énième victime de l’arbitraire colonial. Deux mois plus tard, il croise de Maintenon et lui rend la monnaie de sa pièce, en lui administrant une correction bien méritée. Mais dans une société où la justice n’a qu’un seul visage, le prix à payer pour cet acte de défi est lourd.
Le verdict tombe : cinq ans de bagne, 1 500 francs d’amende. Lubin est brisé, mais son peuple, lui, refuse de plier. L’heure de la révolte a sonné.
Septembre 1870 : le Sud s’embrase

La condamnation de Léopold Lubin résonne comme une déclaration de guerre. Dans les communes du Sud, la colère monte. Les anciens esclaves sentent le vent tourner, la République, censée les libérer en 1848, les trahit encore. La coupe est pleine.
Le 22 septembre 1870, des centaines de Martiniquais prennent les armes, armés de coutelas, de machettes et de leur rage. Leur objectif : faire entendre leur cri de justice. Les habitations coloniales brûlent, les planteurs et les notables fuient, et le sud de l’île devient un brasier de révolte.
Au cœur de cette insurrection, Lumina Sophie, une femme enceinte de deux mois, porte haut le flambeau de la résistance. Surnommée « Surprise », elle devient un symbole de la détermination martiniquaise face à l’oppression.
La répression coloniale : la justice du plus fort

Face à cette insurrection populaire, l’administration coloniale n’a qu’une seule réponse : la répression dans le sang.
Les troupes coloniales encerclent le sud, prennent Saint-Esprit comme bastion stratégique et lancent la chasse aux insurgés. Les meneurs sont capturés, jugés dans des procès expéditifs, certains fusillés, d’autres déportés.
Lumina Sophie, arrêtée en novembre 1870, est condamnée à la déportation en Guyane, où elle meurt dans des conditions atroces à l’âge de 27 ans. Son crime ? Avoir osé réclamer justice pour son peuple.
Conséquences : une révolte gravée dans l’histoire
Si l’insurrection du Sud est écrasée, elle ne disparaît pas pour autant. Cet épisode devient un marqueur de la lutte des Martiniquais contre l’oppression, un prélude aux futurs combats pour l’égalité.
Léopold Lubin, Lumina Sophie et tous les insurgés de 1870 n’étaient pas des criminels.
Ils étaient des héros de la justice sociale, des précurseurs du combat contre la domination coloniale.
Aujourd’hui, leurs noms résonnent encore en Martinique, comme un rappel que la liberté se conquiert et se défend.
L’histoire d’un combat inachevé
L’histoire de l’insurrection de 1870 n’est pas qu’un épisode du passé. Elle est le miroir des luttes qui continuent aujourd’hui, en Martinique et ailleurs.
Tant que l’injustice existera, la voix de Léopold Lubin et de Lumina Sophie continuera de résonner.
Ce soulèvement est un rappel historique, un cri de rage gravé dans la mémoire collective, une leçon que l’oppression ne triomphe jamais éternellement.
Sources :
- Que retenir de l’insurrection du Sud ? – la1ere.francetvinfo.fr
- Lumina Sophie et la révolte de 1870 – capiremov.org
- Il y a 150 ans, débutait l’insurrection du Sud – rci.fm
- Saint-Esprit, bastion de la répression de 1870 – fr.wikipedia.org
- Un écho à la Martinique d’aujourd’hui – la1ere.francetvinfo.fr