Ouattara Watts, artiste visionnaire d’origine ivoirienne, transcende les frontières culturelles et spirituelles. Ses œuvres, entre abstraction et symbolisme, explorent l’identité, la modernité et la spiritualité, faisant de lui un alchimiste artistique et un pont entre l’Afrique et l’Occident.
Il y a des artistes qui traduisent la réalité, d’autres qui la transcendent. Ouattara Watts, lui, fait les deux. Originaire de la Côte d’Ivoire et citoyen du monde, ce peintre visionnaire conjugue les cultures, les temporalités et les spiritualités pour créer des œuvres uniques qui captivent et questionnent. Avec ses toiles immenses et ses compositions à la fois abstraites et symboliques, Watts nous invite à plonger dans un univers où l’Afrique dialogue avec l’Occident, où la modernité côtoie l’éternel.
L’éveil artistique, des racines spirituelles
Né à Abidjan en 1957, Ouattara Watts grandit dans une maison où se croisent plusieurs traditions religieuses : le christianisme, l’islam, le judaïsme et les spiritualités africaines. Son père, à la fois chirurgien et guide spirituel, incarne cette synthèse des mondes matériel et spirituel qui marquera profondément l’œuvre de Watts. Dès l’âge de sept ans, il commence à peindre et à dessiner, notamment pour des rituels initiatiques. Ces expériences précoces le connectent à un vocabulaire visuel qui ne cessera de s’enrichir au fil des ans.
En autodidacte curieux, il se passionne très jeune pour l’art moderne. Les œuvres de Pablo Picasso et d’Amedeo Modigliani, qu’il découvre au Centre Culturel Français d’Abidjan, nourrissent son envie d’explorer au-delà des frontières. À 19 ans, il quitte son pays natal pour s’installer à Paris et intégrer l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. Là-bas, il rencontre Jacques Yankel, peintre français qui l’encourage à développer un style personnel en puisant dans ses racines africaines tout en embrassant les techniques occidentales.
La rencontre avec Basquiat, un tournant décisif
En janvier 1988, lors d’un vernissage à Paris, Ouattara Watts croise la route de Jean-Michel Basquiat. Immédiatement fasciné par les peintures de Watts, Basquiat insiste pour qu’il le rejoigne à New York. Ce déménagement marque un tournant dans la carrière de Watts. Bien que leur collaboration soit de courte durée — Basquiat décède quelques mois plus tard — leur rencontre laisse une empreinte durable. Inspiré par l’énergie brute et l’éclectisme de New York, Watts s’immerge dans une scène artistique effervescente tout en approfondissant son exploration des thèmes qui lui sont chers.
À travers ses œuvres, Watts traduit une vision cosmique où les dimensions spirituelles et technologiques se mêlent. Ses compositions abstraites regorgent de symboles : équations mathématiques, signes mystiques, images de la pop culture et icônes spirituelles africaines coexistent dans un même espace. « Je peins le cosmos », explique Watts, résumant ainsi son ambition de réconcilier l’infini avec l’humain.
Une signature unique, entre abstraction et symbolisme
L’art de Watts se caractérise par l’emploi de techniques mixtes : peintures, objets trouvés, photographies et dessins s’entrelacent pour créer des toiles monumentales. Chaque œuvre est une invitation à explorer des thèmes universels tels que le temps, la mémoire, la spiritualité et l’identité.
Par exemple, dans « Ka Cabala Voodoo » (1995), exposée au Smithsonian National Museum of African Art, Watts juxtapose des motifs vaudous avec des symboles occidentaux, créant ainsi un dialogue entre deux mondes. Cette démarche, qui puise dans ses racines ivoiriennes tout en les transcendant, confère à son travail une portée universelle.
Son style a été associé au néo-expressionnisme, mais Watts refuse les étiquettes. Pour lui, chaque tableau est une étape dans une quête plus vaste : celle de relier l’ancien au contemporain, l’Afrique à l’Occident, le tangible au spirituel.
Une reconnaissance internationale
Les œuvres de Watts ont été présentées dans des institutions prestigieuses comme le Whitney Museum of American Art et le Museum of Modern Art (MoMA). En 2022, sa toile « Afro Beat« a été adjugée pour la somme record de 781 200 USD chez Christie’s, consolidant sa place parmi les artistes les plus influents de sa génération.
Il a également participé à des expositions majeures comme la Biennale de Venise et Documenta 11 à Kassel. Pourtant, malgré cette reconnaissance mondiale, Watts reste fidèle à sa vision : créer pour raconter, pour élever et pour réunir.
L’héritage de Watts; une passerelle entre les mondes
Plus qu’un artiste, Ouattara Watts est un conteur, un philosophe visuel qui utilise la toile comme moyen de transcender les frontières. Son travail nous rappelle que l’identité n’est jamais figée mais en perpétuel mouvement, qu’elle est le fruit d’un dialogue constant entre le passé et le présent, le local et le global.
Aujourd’hui encore, installé à New York, Watts continue de créer avec une énergie inépuisable. Ses œuvres, à la fois personnelles et universelles, résonnent comme un appel à la réflexion sur notre propre place dans le cosmos.
Ouattara Watts n’est pas seulement un peintre. Il est une alchimie incarnée, un pont entre les continents, un éclaireur spirituel et artistique. Son art, à la fois enraciné et visionnaire, nous invite à rêver d’un monde où les différences ne divisent pas mais enrichissent.