Cyclone à Mayotte : Emmanuel Macron face à la colère des sinistrés, un héritage colonial sous les décombres. Découvrez pourquoi cette crise dépasse la simple catastrophe naturelle.
Mayotte, terre d’une beauté déchirante, est aujourd’hui une scène de désolation après le passage du cyclone Chido. Mais ce n’est pas seulement la force implacable des vents qui a mis à nu les fragilités de ce territoire, c’est aussi la tempête sociale et politique qui l’agite depuis des décennies. Le cyclone a emporté des toits, détruit des vies, mais il a surtout révélé les failles béantes d’un système colonial qui refuse de dire son nom.
La gifle coloniale d’Emmanuel Macron
Face à des sinistrés désespérés, Emmanuel Macron a laissé exploser sa frustration :
« Vous êtes contents d’être en France ! Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »
Ces mots résonnent comme une gifle, un rappel brutal que la gratitude est la seule réponse attendue des territoires sous domination française. Mayotte, département d’outre-mer, reste perçue comme une obligation administrative, un fardeau à gérer avec condescendance, plutôt qu’un espace habité par des êtres humains méritant respect et dignité.
Ces propos illustrent une vérité crue : la France officielle ne voit dans ses « DOM-TOM » qu’un prolongement géographique utile pour son influence stratégique, mais elle n’y reconnaît pas de citoyens à part entière. Les Mahorais ne peuvent que quémander, jamais exiger.
Mayotte : un miroir des contradictions françaises
Mayotte, arrachée à l’Union des Comores en 1976 par un référendum contesté, incarne la persistance d’une politique coloniale déguisée. En refusant de se départir de Mayotte, la France a consolidé son contrôle sur une région stratégique de l’océan Indien, tout en exportant un modèle économique et social basé sur la dépendance.
Ce département, pourtant présenté comme « français », est un des plus pauvres de la République. Son réseau d’infrastructures est vétuste, son système de santé débordé, et son tissu social miné par des tensions liées à l’immigration et à une misère généralisée. Ce cyclone n’a pas créé ces failles : il a simplement révélé leur ampleur.
Les dégâts du mépris : entre néocolonialisme et marginalisation
Quand Emmanuel Macron affirme qu’il n’y a « pas un endroit dans l’océan Indien où on aide autant les gens », il perpétue une narration paternaliste selon laquelle la France est le sauveur des territoires qu’elle domine. Ce discours masque une réalité plus complexe : si Mayotte est « aidée », c’est parce qu’elle est d’abord exploitée.
Les richesses maritimes et stratégiques de l’île nourrissent une France qui, en retour, impose un système de dépendance. Les fonds publics investis à Mayotte ne sont pas un acte de charité, mais un outil de contrôle. La véritable solidarité, celle qui émancipe et respecte, est absente.
Le cyclone Chido : un symbole de l’urgence panafricaine
Le cyclone Chido, bien que naturel, doit être interprété dans un contexte plus large. Les catastrophes climatiques frappent toujours plus durement les peuples les plus marginalisés. Ce désastre illustre aussi la nécessité pour les nations africaines, y compris les territoires sous domination française, de s’unir pour bâtir des systèmes résilients et indépendants.
La France a prouvé son incapacité à protéger réellement Mayotte. Les solutions, à long terme, ne viendront pas de Paris, mais d’une mobilisation régionale et panafricaine. L’océan Indien n’est pas qu’un arrière-cour française : il est un espace où des solutions africaines doivent émerger.
Rebâtir : Mais pour qui et avec quel projet ?
Macron a promis une « loi spéciale » pour reconstruire Mayotte. Mais cette promesse soulève une question essentielle : pour qui cette reconstruction sera-t-elle pensée ? Sera-t-elle pour les Mahorais eux-mêmes, ou pour maintenir un contrôle colonial déguisé ? L’histoire récente montre que les projets imposés depuis Paris servent rarement les intérêts des populations locales.
Une reconstruction véritablement émancipatrice devrait passer par un transfert de pouvoir. Mayotte doit être équipée pour décider elle-même de son avenir, au lieu d’attendre des solutions imposées depuis l’Élysée. Cela nécessite de rompre avec une logique coloniale qui perpétue l’assistanat au détriment de l’autonomie.
Mayotte, une leçon pour l’Afrique et sa diaspora
Mayotte, comme tant d’autres territoires d’outre-mer, incarne le défi plus large de l’Afrique et de sa diaspora : comment se libérer d’un système mondial qui perpétue domination et dépendance ? La réponse réside dans la solidarité panafricaine, dans la reconnaissance que les luttes des Mahorais, des Réunionnais, des Antillais, et des Africains continentaux sont intimement liées.
Pour cela, il faut une réappropriation de notre narration. Ce n’est pas à Macron, ni à Paris, de dire ce que Mayotte représente. C’est aux Mahorais eux-mêmes, épaulés par leurs frères et sœurs africains, de redéfinir leur identité et leur avenir.
Mayotte doit se lever !
La colère de Macron, bien qu’indigne, est révélatrice. Elle montre que le pouvoir central est déstabilisé face à une population qui ose demander des comptes. Mayotte ne doit pas se contenter de survivre sous les décombres du cyclone Chido. Elle doit se lever, réclamer son autonomie, et revendiquer une place dans un projet panafricain plus large.
Car au-delà des vents et des pluies, ce qui menace Mayotte, c’est un système mondial qui refuse de voir la dignité des peuples africains. Ce système, Mayotte peut commencer à le renverser. Mais pour cela, il faut du courage, de l’unité et une vision claire d’un avenir libéré de toutes les chaînes.