Dans « Squabble Up », Kendrick Lamar rend hommage au G-Funk et à Nate Dogg à travers un clip truffé de références culturelles et historiques. Découvrez ses messages cachés !
Kendrick Lamar et l’univers de « Squabble Up »
Kendrick Lamar a encore frappé, mais cette fois avec une élégance toute west coast. Squabble Up, son dernier clip, n’est pas juste une œuvre visuelle : c’est un voyage. On n’y trouve pas seulement l’ADN de Compton, mais celui de toute une culture. Entre hommage, références bien senties et vibe authentique, Kendrick montre qu’il connaît son histoire – et surtout, qu’il sait la transmettre.
Au centre de ce voyage, un nom revient : Nate Dogg. Pas besoin de grandes annonces, sa présence plane sur le clip. Une pochette d’album géante, des échos du G-Funk dans l’air, et cette touche indélébile qu’il a laissée sur la musique. Kendrick ne fait pas juste un clin d’œil à Nate, il le positionne comme un pilier, comme une source d’inspiration toujours vivante.
Dès les premières secondes, le ton est donné. Kendrick nous plante un décor qu’il connaît par cœur : la 105 Freeway, les noms qui s’enchaînent – Central, Wilmington, Long Beach. Ce n’est pas juste un plan pour faire joli, c’est une carte postale sonore de son univers, celui qui l’a façonné. Les quartiers de Compton ne sont pas des arrière-plans, ce sont des personnages à part entière dans l’histoire de Kendrick.
Le choix des couleurs n’est pas anodin non plus. Le dodger blue, omniprésent, n’est pas juste un hommage à l’équipe de baseball de Los Angeles. C’est une couleur qui parle d’appartenance, de fierté locale, mais aussi de la complexité des alliances et des tensions dans la rue. Kendrick joue avec ces symboles, rappelant que son art est ancré dans le réel.
Là où Kendrick impressionne, c’est dans sa manière d’étendre le récit au-delà de Compton. Avec une scène mettant en avant les fameux scraper bikes, il fait un clin d’œil à la culture hyphy de la Bay Area. Ces vélos customisés, icônes de la scène underground d’Oakland, San Francisco ou Vallejo, rappellent que la côte Ouest est un tout, une mosaïque où chaque région apporte sa pierre à l’édifice.
Et puis, il y a cette image recréant la pochette de Power d’Ice-T. Une référence lourde de sens. Ice-T, c’était le gangsta rap à son apogée, la brutalité des mots, la réalité crue des rues. En reprenant cette esthétique, Kendrick dit une chose claire : il est l’héritier de cette époque, mais avec sa propre sensibilité.
Mais ce qui frappe dans Squabble Up, c’est l’hommage discret mais puissant à Nate Dogg. La pochette géante de G Funk Classics Vol. 1 & 2 qui trône au centre du clip, ce n’est pas juste de la déco. C’est un rappel que Nate Dogg a changé la donne. Avec sa voix, il a adouci le gangsta rap sans jamais en diluer la force. Il a fait du refrain une arme mélodique, capable de porter un morceau au sommet.
Kendrick sait qu’il marche sur les traces de Nate Dogg. Ce n’est pas juste un hommage nostalgique, c’est une manière de dire que l’esprit de Nate est toujours là, dans chaque note, dans chaque refrain. Pour Kendrick, Nate Dogg n’est pas qu’un souvenir : il est une fondation.
Mais ce n’est pas tout. Le clip regorge de détails qui feront sourire les amateurs de hip-hop et de culture noire. Le gamin en orange avec sa casquette Pistons ? Direct sorti de Menace II Society. Les bagues « LOVE » et « HATE » façon Radio Raheem dans Do The Right Thing, mais remixées avec « HOOD » ? C’est Kendrick dans toute sa subtilité, jouant avec des symboles pour parler de loyauté et de lutte intérieure.
Et ce n’est pas fini. La piste de danse façon Soul Train, la bannière « JESUS SAVES GANGSTERS TOO!« , et même des échos du Black Moses d’Isaac Hayes. Tout est là pour rappeler que Kendrick n’est pas seulement un artiste de Compton. Il est un conteur, un historien de la culture noire, quelqu’un qui sait que l’art se construit sur ce qui est venu avant.
Squabble Up, c’est bien plus qu’un clip. C’est un manifeste. Kendrick y montre qu’il est à la fois un élève et un maître, un gardien de l’héritage du hip-hop et un innovateur. Il joue avec les codes, rend hommage à ceux qui ont ouvert la voie, tout en traçant la sienne. Et surtout, il rappelle que la musique, c’est plus qu’un son. C’est une mémoire, une transmission, une manière de rester vivant à travers le temps.
Nate Dogg aurait sûrement souri en voyant ce clip. Parce que là, dans cette ambiance californienne, dans ces refrains qui vibrent encore, son héritage est bien là, porté par un Kendrick au sommet de son art. Le G-Funk n’est pas mort, et avec des artistes comme Kendrick, il ne le sera jamais.