Le 5 novembre évoque des luttes, des triomphes et des figures marquantes de l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora. Des combats de la guerre des Sables à l’héritage de figures telles que Bibi Titi Mohammed et Art Tatum, chaque événement et personnalité incarne un chapitre du parcours afrodescendant. Cet article explore ces moments et trajectoires, entre engagement, art et résilience.
Événements marquants
5 novembre 1963 : Cessation des combats de la guerre des Sables entre l’Algérie et le Maroc
En 1963, une guerre éclate entre le Maroc et l’Algérie, récemment indépendante, autour de leur frontière commune, marquée par des lignes floues héritées de la période coloniale. Ce conflit, connu sous le nom de guerre des Sables, expose la fragilité des nouvelles nations africaines et les tensions issues des frontières coloniales. Le 5 novembre 1963, après des semaines d’affrontements violents, les deux pays parviennent à un cessez-le-feu, une trêve médiée par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui limite l’escalade d’un conflit fratricide.
Les origines de cette guerre résident dans une vision expansionniste marocaine soutenue par l’idée du « Grand Maroc »—un concept revendiquant des territoires au sud de l’Algérie, à Béchar et Tindouf. Ces régions, qui recèlent des ressources naturelles importantes, suscitent un intérêt stratégique pour le Maroc, renforcé par un passé historique où certaines de ces zones étaient sous influence marocaine. Cependant, pour Ahmed Ben Bella, premier président algérien, ces territoires sont inséparables de l’Algérie indépendante, libérée au prix de longues luttes et de sacrifices. Ce conflit va de l’incident frontalier à la guerre ouverte, provoquant des pertes humaines significatives des deux côtés.
Au cœur de la guerre des Sables, la stratégie militaire marocaine se révèle plus structurée, mais l’Algérie bénéficie d’un soutien international de poids, notamment de l’Égypte de Nasser et de Cuba de Fidel Castro. Les troupes algériennes reçoivent ainsi un appui logistique et militaire qui compense leurs difficultés matérielles. Cependant, l’engagement de l’OUA, et particulièrement l’implication du président tunisien Habib Bourguiba et de l’empereur éthiopien Hailé Sélassié, conduit à la cessation des combats le 5 novembre. Cette trêve marque un moment de pause, bien que le conflit reste latent jusqu’à un accord définitif en 1964.
5 novembre 2013 : Le mouvement M23 dépose les armes en République démocratique du Congo
Le 5 novembre 2013 marque une date cruciale pour la République démocratique du Congo (RDC). Ce jour-là, le Mouvement du 23 mars, ou M23, rend les armes et met fin à des mois de combats acharnés dans la région du Nord-Kivu. Cette reddition, fruit de pressions militaires combinées et d’une médiation régionale complexe, apparaît comme un souffle de paix éphémère pour des milliers de Congolais affectés par des années de violences.
Le M23, fondé par d’anciens membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), prend les armes en avril 2012, dénonçant la non-application des accords de paix de 2009 signés avec le gouvernement congolais. Dirigé par des figures controversées telles que Bosco Ntaganda et Sultani Makenga, le groupe sème la terreur dans le Nord-Kivu. Goma, la capitale de cette région stratégique, tombe brièvement sous leur contrôle en novembre 2012, symbolisant l’audace et la force du mouvement, soutenu, selon plusieurs rapports, par des puissances régionales dont le Rwanda.
Le conflit prend une tournure internationale, avec l’implication de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui, en 2013, reçoit l’autorisation d’établir une brigade d’intervention spéciale pour faire face aux menaces armées. Cette mission onusienne, épaulée par les forces congolaises, engage des opérations offensives contre le M23. Face à cette pression militaire croissante et à l’isolement diplomatique, le M23 finit par capituler le 5 novembre 2013, et ses combattants se réfugient en Ouganda et au Rwanda.
Malgré cette reddition, la dissolution du M23 soulève des questions non résolues sur la stabilité de l’Est de la RDC et la réalité des alliances politiques et économiques derrière les conflits armés.
Figures emblématiques
5 novembre 1956 : Décès d’Art Tatum, génie du jazz pianistique
Le 5 novembre 1956, Art Tatum, l’un des pianistes les plus talentueux et influents de l’histoire du jazz, s’éteint à seulement 47 ans. Né à Toledo, Ohio, en 1909, Tatum se distingue très tôt par une technique époustouflante et un sens inouï de l’improvisation. Malgré une vision fortement altérée dès l’enfance, il se hisse au sommet de la scène jazz grâce à sa maîtrise de la virtuosité, de la réharmonisation et de la bitonalité.
Ses débuts sont marqués par une diffusion radiophonique à Toledo, et, dès les années 1930, il devient la référence du piano jazz, impressionnant ses pairs comme Fats Waller et Duke Ellington. Réfractaire au bebop émergent, Tatum reste fidèle au stride et au swing, innovant en solo et au sein de son trio. Sa capacité à transformer chaque performance en une aventure harmonique et rythmique complexe et colorée fascine. Son influence dépasse le piano, inspirant des figures légendaires comme Charlie Parker et Dizzy Gillespie.
5 novembre 2000 : Décès de Bibi Titi Mohammed, la voix de la liberté en Tanzanie
Née en 1925 à Dar es Salam, Bibi Titi Mohammed a marqué l’histoire de la Tanzanie en devenant une figure incontournable de la lutte pour l’indépendance. Militante charismatique et proche de Julius Nyerere, elle a été l’une des fondatrices de l’Union nationale africaine du Tanganyika (TANU) en 1954. En tant que présidente de la branche féminine de ce mouvement, elle a mobilisé des milliers de femmes pour soutenir la cause nationaliste, donnant une voix forte aux femmes dans la lutte anticoloniale.
Après l’indépendance de la Tanzanie en 1961, elle devient la première femme ministre du pays, influençant la rédaction de la Constitution et ouvrant la voie pour la participation politique féminine. Cependant, ses divergences avec Nyerere et les idéaux socialistes du parti aboutissent à son arrestation en 1969, accusée de trahison. Condamnée à la prison à vie, elle est finalement graciée en 1972 et part vivre en exil en Afrique du Sud.
Décédée le 5 novembre 2000 à Johannesburg, Bibi Titi Mohammed demeure une héroïne oubliée du mouvement pour la liberté en Afrique, une femme qui a su résister aux conventions pour défendre l’indépendance et les droits des femmes. Son nom perdure aujourd’hui dans les rues de Dar es Salam, en hommage à son engagement indéfectible pour l’émancipation de son peuple.
5 novembre 2002 : Décès de Vinnette Justine Carroll, pionnière du théâtre afro-américain
Née le 11 mars 1922 à New York et décédée le 5 novembre 2002, Vinnette Justine Carroll a marqué l’histoire du théâtre en tant que première femme afro-américaine à diriger une production à Broadway. Connue pour son style audacieux et son engagement social, elle a ouvert la voie à des générations de créateurs noirs grâce à des œuvres novatrices et percutantes.
Carroll a fait ses débuts à Broadway en 1972 avec Don’t Bother Me, I Can’t Cope, une comédie musicale explorant les thèmes de la justice sociale, de l’identité raciale et des réalités afro-américaines. En tant que metteuse en scène et dramaturge, elle a défié les conventions de l’époque, s’attaquant aux stéréotypes et à la sous-représentation des artistes noirs dans le monde du théâtre. Ce premier succès lui a valu d’être la première femme afro-américaine nommée aux Tony Awards pour la mise en scène.
eSon influence va bien au-delà des planches : elle a fondé le Urban Arts Corps en 1967, un collectif offrant aux jeunes talents noirs l’opportunité de s’exprimer librement et d’acquérir une reconnaissance. En dédiant sa carrière à la représentation authentique de l’expérience afro-américaine, Carroll a joué un rôle clé dans l’évolution du théâtre en tant qu’espace d’inclusion et de diversité. Elle demeure une source d’inspiration pour ceux qui luttent pour une représentation équitable dans les arts.
5 novembre 1984 : Naissance d’Eliud Kipchoge, légende du marathon
Eliud Kipchoge, né le 5 novembre 1984, est un athlète de classe mondiale dont les exploits dans le marathon ont redéfini les limites de l’endurance humaine. Originaire de Nandi County, au Kenya, il se distingue par ses victoires dans les marathons de Chicago, Londres et Berlin, ainsi que par son exploit historique de courir un marathon en moins de deux heures lors d’un événement spécialement organisé à Vienne en 2019. Cet accomplissement, bien qu’il ne soit pas reconnu officiellement en raison des conditions contrôlées, marque un jalon dans l’histoire du sport.
Kipchoge incarne l’esprit de persévérance et d’excellence qui caractérise les athlètes kényans de longue distance, et il est perçu comme un symbole de détermination et de discipline. Son succès va au-delà de la compétition ; il représente une source de fierté pour le Kenya et pour le continent africain, illustrant le potentiel illimité des athlètes africains sur la scène mondiale.
5 novembre 1968 : Seth Gilliam : Un acteur polyvalent et engagé
Né le 5 novembre 1968, Seth Gilliam est un acteur américain connu pour ses rôles emblématiques dans des séries télévisées telles que The Wire, Teen Wolf, et The Walking Dead. Par ses personnages, souvent complexes et confrontés à des dilemmes moraux, il incarne des figures qui résonnent profondément auprès du public, en particulier au sein de la communauté afro-américaine.
Gilliam, par son jeu nuancé et sa capacité à interpréter des rôles très divers, incarne la résilience et la complexité des personnages afro-américains à l’écran. Dans un secteur où les acteurs noirs ont souvent été cantonnés à des rôles stéréotypés, il contribue à élargir les perspectives et à offrir une représentation plus riche de l’expérience afro-américaine à la télévision.
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Références
- Ali, Abdullah. War and Peace in the Sahara: The Sand War and Its Aftermath. African Journal of History, 2018.
- Nzongola-Ntalaja, Georges. The Congo from Leopold to Kabila: A People’s History. London: Zed Books, 2002.
- Shipton, Allan. Jazz Makers: Art Tatum and the Evolution of Jazz Piano. New York: Oxford University Press, 2016.
- Kipchoge, Marathon Man, documentaire, BBC, 2020.
- Walker, Samuel. A History of the African American Theater. Cambridge University Press, 2004.