Tanguy de Bangui, un homme, une mission 

Nofi à le plaisir de vous présenter l’histoire de Tanguy Ngafaounain-Tabissi, fondateur de BlackNetwork, un visionnaire qui unit la communauté noire entrepreneuse pour bâtir un avenir solide et prospère.

Certains moments de la vie révèlent des vérités profondes. Pour Tanguy Ngafaounain-Tabissi, cette révélation s’est produite en 2006, lorsqu’il a mis les pieds sur la terre rouge de Bangui, en République Centrafricaine. Ce retour aux sources a été plus qu’un simple voyage ; il a représenté une renaissance, une reconnection à ses racines, une prise de conscience. C’est là, dans l’odeur de la latérite, entouré de sa famille, qu’il a compris pourquoi une petite voix intérieure l’avait poussé à prendre ce billet d’avion. 

« Je ne suis pas venu en France pour être heureux. Je ne suis pas venu en France pour m’amuser. Je suis ici pour m’insérer professionnellement et aider ma famille restée au pays. » 

Ces mots sont au cœur de la transformation de Tanguy. Comme tant d’autres enfants de la diaspora, il est parti pour une vie pleine de promesses : des études, un travail, et la possibilité de réussir là où les opportunités manquaient chez lui. Mais à 22 ans, il se trouvait piégé entre deux réalités. Étudiant en droit d’un côté, jeune homme rebelle de l’autre, il vivait entre les salles de classe et les cellules de garde à vue. C’est à Bangui qu’il a trouvé son gouvernail. 

Le voyage qui a tout changé 

Cette prise de conscience n’est pas survenue dans les rues de Paris, mais sous la pleine lune de Bangui, au détour d’une conversation avec son oncle. Assis avec des membres de sa famille, partageant des histoires, buvant du vin de palme, il a été confronté à une vérité brutale :

« Vous les enfants de France, vous n’avez rien compris… Vous pensez que vous êtes là-bas pour vous amuser ? » 

Ces paroles l’ont frappé en plein cœur. C’est à ce moment-là que Tanguy a compris pourquoi il avait été amené en France. Il n’était pas là pour se perdre dans les plaisirs immédiats, mais pour travailler et réussir. Son rôle n’était pas simplement d’exister, mais de s’épanouir professionnellement afin de pouvoir aider ceux qui étaient restés, ceux qui n’avaient pas eu l’opportunité de partir. 

Trouver sa mission 

Ce voyage en Centrafrique a marqué une rupture avec son ancienne vie. Tanguy a quitté la France sans véritable but, cherchant à exister dans un environnement qui ne correspondait pas à son potentiel. À son retour, il avait trouvé sa mission. « J’ai compris que la vie que je menais avant m’éloignait de mon but et me perdait. Je tournais en rond parce que je ne savais pas où aller. » Ce n’était pas une question de bonheur personnel, mais une question de responsabilité envers sa famille et ses racines. 

Avec cette mission en tête, Tanguy a changé sa vie. Il a repris ses études en droit, obtenu sa licence, puis son master. Il a coupé les ponts avec ses anciennes fréquentations, surmonté certaines addictions (à l’exception des sucreries, comme il l’avoue avec humour), et a trouvé l’amour. Aujourd’hui, marié et père de trois enfants, il a construit une vie cohérente avec sa raison d’être. 

Après avoir travaillé pendant dix ans en tant que juriste, il a quitté son emploi pour se consacrer à un projet de plus grande envergure : la création du réseau BlackNetwork, une organisation dédiée à l’insertion professionnelle et au développement économique de la diaspora africaine. Ce projet est le prolongement de cette mission qu’il a découverte à Bangui : réussir pour aider, non seulement sa famille, mais aussi toute une communauté. 

BlackNetwork, le pont entre diaspora et continent 

Fondé en 2013, BlackNetwork est bien plus qu’un simple réseau d’affaires. Il incarne cette volonté de créer des opportunités pour les Afro-descendants, de les connecter entre eux, et de leur fournir les outils pour réussir. À travers des événements de networking organisés à Paris et Lyon, l’annuaire professionnel KALI, et le podcast Kalimanjaro où des personnalités partagent leurs parcours, Tanguy œuvre à redonner du pouvoir à ceux qui, comme lui, cherchent à s’insérer et à prospérer. 

C’est ainsi qu’il a fait de sa propre expérience une force pour les autres. En fondant ce réseau, il a compris que sa mission ne s’arrêtait pas à son succès personnel, mais qu’elle s’étendait à toute une communauté. 

Un avenir guidé par les racines 

En retrouvant ses racines, Tanguy a trouvé un sens à son existence, un gouvernail pour diriger sa vie. Ce retour à Bangui n’était pas simplement un voyage vers le passé ; c’était une avancée vers l’avenir, un avenir où l’on utilise sa réussite non pas pour soi, mais pour les autres. 

« Je ne suis pas en France pour être heureux, je ne suis pas en France pour chercher mon bonheur, je suis là pour travailler, réussir, et sans ce voyage au pays de mon placenta, je n’aurais pas découvert mon but qui se terrait dans mes racines, sur cette terre sur laquelle j’ai eu besoin de marcher pour avancer. » 

Avec cette phrase, Tanguy résume ce qu’il a découvert : le bonheur n’est pas dans les distractions de la vie moderne, mais dans l’accomplissement de ce pourquoi nous sommes faits. Pour lui, cela signifiait se reconnecter à ses origines pour mieux avancer. 

Tanguy de Bangui, un modèle de détermination et de réussite 

Aujourd’hui, Tanguy Ngafaounain-Tabissi est bien plus qu’un juriste ou un entrepreneur. Il est un homme qui a pris conscience de sa mission, de sa raison d’être, et qui travaille sans relâche pour permettre à d’autres de trouver leur chemin. À travers BlackNetwork, il crée des ponts entre les Afrodescendants et leurs racines, entre leurs aspirations et les moyens de les réaliser. 

Son parcours est un témoignage de la puissance du retour aux sources, de la force qu’il faut pour transformer une vie de dérive en une existence guidée par un but. Et c’est aussi un message d’espoir pour tous ceux qui, comme lui, cherchent à donner du sens à leur vie. 

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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