Idris Elba, une vision pour un cinéma Africain en pleine éclosion

Idris Elba, acteur britannique aux racines africaines, prévoit de s’installer en Afrique pour dynamiser son industrie cinématographique. Avec un projet ambitieux de studios à Accra et Zanzibar, il entend célébrer et promouvoir des récits authentiquement africains, offrant au monde une perspective renouvelée et nuancée du continent.

L’aventure d’un retour

Quand Idris Elba, icône du cinéma britannique et visage de personnages mémorables, annonce son intention de s’installer en Afrique pour dynamiser l’industrie cinématographique locale, ce n’est pas simplement un retour symbolique aux origines. C’est une vision, un engagement porté par l’ambition de transformer le regard mondial sur l’Afrique. Plus qu’un acteur, Idris Elba est désormais un pont, un porteur de voix qui entend déployer son talent et son influence pour inspirer un écosystème artistique vibrant, ancré dans les récits africains et tourné vers l’avenir.

Idris Elba, entre héritage et ambition

La star britannique Idris Elba incarne un inspecteur aux méthodes musclées, dans la série «Luther».VISUAL

Né à Londres de parents ghanéen et sierra-léonais, Idris Elba n’a jamais rompu les liens qui l’unissent à l’Afrique. Cet enracinement profond ne se manifeste pas seulement dans ses rôles ou ses collaborations, mais dans une quête de sens et d’identité, un désir de renforcer ce lien en s’investissant dans le développement de l’industrie cinématographique du continent. À 52 ans, l’acteur de The Wire et de Luther déclare que l’heure est venue de s’engager pour mettre en avant des récits authentiques, ceux des peuples et des cultures africaines qui souvent ne sont pas à l’écran.

Lorsqu’il parle de l’Afrique, il ne s’agit pas simplement d’une destination ; il s’agit d’un retour aux sources, aux racines d’un continent qui l’a forgé en silence. Idris Elba veut que le monde voie une Afrique différente, une Afrique dans toute sa complexité et sa beauté. Pour lui, ce n’est pas une question d’audace mais de responsabilité : s’installer en Afrique, développer des studios, encourager une industrie locale dynamique. Et il n’est pas question de se limiter à un seul pays ; Accra, Freetown, Zanzibar, tous font partie de cette vision élargie, celle de raconter l’Afrique sous toutes ses facettes.

Un projet d’envergure

Idris Elba wallpaper

Développer des studios de cinéma sur le sol africain est une ambition qui va au-delà de l’aspect technique. Les infrastructures ne sont qu’un début. Pour Elba, ces studios représentent un espace de liberté créative, un point de départ pour les artistes et les réalisateurs locaux qui n’ont pas toujours les moyens ou les canaux pour diffuser leurs œuvres. Que ce soit sur l’île de Zanzibar ou dans la capitale ghanéenne d’Accra, chaque site qu’il envisage ne fait que renforcer cette conviction : c’est en Afrique que doivent naître les histoires africaines.

Dans une interview récente, Idris Elba s’est exprimé avec passion :

« Je veux être dans le pays, sur le continent. Il est essentiel d’être au cœur des récits pour qu’ils résonnent avec justesse. »

Ce n’est pas une simple déclaration d’intention, c’est une prise de position : pour un acteur de son envergure, être physiquement présent, installer sa vie sur le continent, c’est une manière de rappeler au monde l’importance de ce qui se joue ici. Car au-delà des studios, Elba espère initier un mouvement, une synergie entre cinéastes africains et talents internationaux, une circulation d’idées, d’expertises, et surtout de récits.

Redéfinir l’image de l’Afrique

Le projet de développement cinématographique d’Idris Elba est aussi une réponse aux clichés qui persistent autour de l’Afrique. « Quand on pense à l’Afrique dans le cinéma, ce n’est que guerre, traumatisme, esclavage et colonisation », a-t-il déclaré. Pour Elba, ces représentations unilatérales occultent des histoires d’amour, d’excellence, de bravoure et de résilience. Il souhaite que l’Afrique se regarde et soit vue comme un continent multiple, riche de nuances et de complexités, une Afrique qui inspire autant qu’elle interroge.

C’est ce regard neuf qu’il veut injecter dans les films qui sortiront de ses studios. Il envisage une plateforme qui pourra révéler une Afrique aux multiples visages, où chaque nation, chaque langue, chaque culture trouve sa place. Il veut inspirer des récits authentiques, raconter l’Afrique comme jamais auparavant, briser le prisme réducteur qui maintient encore l’Afrique dans un récit d’infériorité. Par son implication, Elba souhaite créer un cinéma africain qui résonne dans le monde entier, et où les Africains se reconnaissent et se voient dignement représentés.

Soutenir le talent Africain

Idris Elba – Three Thousand Years Of Longing (Trois Mille Ans A T’Attendre) © Joachim Tournebize / FDC

Idris Elba arrive sur un continent où le cinéma a déjà pris son envol. De Nollywood au Nigeria aux films oscarisés d’Afrique du Sud, le potentiel cinématographique africain n’est plus à prouver. Mais ce que l’acteur propose, c’est de canaliser ce potentiel en offrant des ressources, des infrastructures et un cadre d’échanges. Ces studios, imaginés comme des incubateurs de talents, auront pour mission de former les jeunes cinéastes africains, d’encourager les productions locales et de diffuser ces œuvres à une échelle internationale.

Elba a souvent insisté sur l’importance de l’autonomie artistique :

« L’Afrique doit pouvoir contrôler son propre récit. »

Il en va de la vision, des priorités, mais aussi du respect des spécificités culturelles qui font la richesse de chaque région. En s’installant en Afrique, Elba vise à briser les frontières de l’industrie cinématographique mondiale en y intégrant une perspective africaine, unique et indispensable. Ce projet ne s’arrête pas aux films ; c’est un pont vers un continent créatif, dynamique, où les histoires sont portées par ceux qui en sont les héritiers.

Un héritage en devenir

Idris Elba, en envisageant de faire de l’Afrique son foyer créatif, propose un geste audacieux, une démarche qui dépasse les symboles. Ce projet, c’est un retour à une essence oubliée, une célébration de ce que l’Afrique apporte au monde. Car dans ce rêve de cinéma, il y a une Afrique unie, capable de parler à la fois au monde et à elle-même. Elba ne cherche pas à imposer une vision, mais à insuffler un cadre où chaque talent africain peut briller, où chaque film devient une voix qui s’élève.

Pour l’Afrique, cette initiative est plus qu’un projet ; c’est une affirmation que le cinéma africain a sa place, et que son potentiel est immense. C’est un rêve partagé, porté par une icône mondiale qui a choisi de poser ses valises sur la terre de ses ancêtres pour en révéler la beauté et la force. Car pour Idris Elba, le cinéma africain est déjà là, vibrant, plein d’avenir. Il ne reste qu’à lui offrir l’espace et les moyens de montrer son éclat au monde.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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