31 octobre – Figures et événements marquants dans l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora

Le 31 octobre marque des événements et figures emblématiques dans l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora. Du Burkina Faso avec la fin du règne de Blaise Compaoré, à la mémoire culturelle d’Ali Farka Touré, en passant par le rappeur MF DOOM, ces récits sont autant de chapitres d’une histoire de résistance, de culture et de transformation.

Événements marquants

31 octobre 2014 : La chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso

Le président burkinabè, Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, a démissionné le 31 octobre 2014.  Pius Utomi Ekpei, AFP

Le 31 octobre 2014 marque un tournant historique au Burkina Faso. Après 27 ans au pouvoir, le président Blaise Compaoré démissionne sous la pression d’un soulèvement populaire massif, orchestré par des mouvements citoyens, des syndicats et des partis d’opposition. Le peuple burkinabè, exaspéré par la tentative de Compaoré de modifier la Constitution pour briguer un cinquième mandat, descend dans les rues de Ouagadougou et dans plusieurs villes du pays, réclamant la fin de son règne.

La Constitution du Burkina Faso prévoit que, en cas de vacance du pouvoir présidentiel, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assume la transition. Cependant, c’est Honoré Traoré, chef d’état-major de l’armée, qui se proclame chef de l’État par intérim, suscitant des rassemblements de manifestants, notamment autour du quartier général de l’armée sous l’impulsion de figures de l’opposition comme Zéphirin Diabré.

Le même jour, Blaise Compaoré quitte son palais présidentiel de Kosyam pour prendre la route vers le sud avec un convoi sécurisé de 28 véhicules. Bloqué par des barrages populaires à environ 50 kilomètres de Pô, l’ancien président bénéficie d’une exfiltration organisée par les forces spéciales françaises. Transporté par hélicoptère jusqu’à Fada N’Gourma, Compaoré rejoint ensuite Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, où il est accueilli par le président Alassane Ouattara, symbolisant son entrée en exil.

Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, numéro deux de la garde présidentielle, s’autoproclame chef de l’État par intérim, annonçant à la radio qu’il prend la responsabilité de chef de la transition. Soutenu par l’armée, Zida affirme assumer les pouvoirs présidentiels pour « assurer la continuité de l’État ». La situation reste tendue alors que les Burkinabès attendent avec impatience la mise en place d’une transition vers un régime civil.

31 octobre 2020 : Élection controversée en Côte d’Ivoire

Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, à Abidjan le 31 octobre 2020. - CHINE NOUVELLE/SIPA / Pixpalace

Le 31 octobre, les électeurs ivoiriens se dirigent vers les bureaux de vote dans un climat tendu. Seuls 53,90 % des inscrits participent au scrutin, beaucoup ayant répondu à l’appel au boycott de l’opposition. Sur les 22 381 bureaux de vote prévus, près d’un quart restent fermés en raison d’incidents ou d’obstructions. Des scènes de violences éclatent, laissant de nombreux Ivoiriens divisés sur la légitimité de l’élection en cours. La Commission électorale annonce néanmoins la victoire d’Alassane Ouattara dès le premier tour avec 95,31 % des voix, un résultat confirmé le 9 novembre par le Conseil constitutionnel.

Le lendemain de l’élection, l’opposition rejette les résultats, proclamant la formation d’un Conseil national de transition, dirigé par Henri Konan Bédié, et appelant à une « résistance pacifique ». Les autorités réagissent fermement : Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre et leader d’une faction de l’opposition, est arrêté et inculpé de « complot contre l’autorité de l’État ». Les tensions s’apaisent cependant lorsque Bédié annonce, en décembre, la fin de la transition et appelle au dialogue. En réponse, Ouattara crée un ministère de la Réconciliation nationale, cherchant à restaurer la stabilité et préparer les élections législatives de 2021.

Figures emblématiques

Ali Farka Touré : l’âme du blues africain

Ali Farka Touré en 2005.

Le 31 octobre 1939, dans le village de Kanau, au bord du fleuve Niger au Mali, naît Ali Ibrahim Touré, surnommé affectueusement Ali Farka Touré. Musicien autodidacte et amoureux des traditions sahéliennes, Touré est largement reconnu comme le pionnier de la fusion entre les rythmes traditionnels africains et le blues. Ce style, qu’il porte avec authenticité, lui vaut une reconnaissance mondiale et inspire des générations de musiciens. Sa musique, mélange subtil de mélodies locales et d’influences blues, devient un langage universel, incarnant le pont entre l’Afrique et la diaspora noire.

Touré ne se contente pas de jouer du blues; il fait revivre les traditions musicales des peuples Songhaï, Peul, et Touareg, en utilisant des instruments traditionnels comme le gurkel (une guitare locale) et le njarka (violon africain). En 1994, l’album Talking Timbuktu, une collaboration avec le guitariste américain Ry Cooder, le propulse définitivement sur la scène internationale. Ce disque, qui lui vaut un Grammy Award, résonne comme un hommage aux cultures transatlantiques et scelle sa place dans l’histoire musicale mondiale

Malgré son succès international, Ali Farka Touré n’a jamais perdu de vue son village de Niafunké, où il s’installe définitivement dans les années 1990. Élu maire, il investit ses ressources dans le développement de la région, en améliorant l’irrigation des terres agricoles et en installant des infrastructures essentielles pour sa communauté. Ce retour aux sources incarne la philosophie de Touré : faire de la musique un moyen de promouvoir et de préserver la culture malienne tout en contribuant concrètement à la vie de son peuple. L’album Niafunké, sorti en 1999, traduit cet engagement à travers des compositions célébrant la terre, le travail et la justice sociale.

Le 7 mars 2006, Ali Farka Touré s’éteint à Bamako, après une longue lutte contre le cancer. Cependant, son héritage perdure, notamment à travers des albums posthumes comme Savane, qui témoigne de sa vision artistique et de son attachement à la culture sahélienne. Cet album est qualifié d’« absolument parfait » par Ry Cooder, et devient une référence ultime pour les amateurs de blues africain.

La mémoire d’Ali Farka Touré vit dans le cœur de ses admirateurs, dans la musique de son fils, Vieux Farka Touré, et dans les rythmes sahéliens qui résonnent aux quatre coins du monde.

MF DOOM, le poète masqué du rap

Photographie promotionnelle du rappeur et producteur MF Doom pour son prochain concert à The Arches à Glasgow, en Écosse.

Le 31 octobre 2020 marque également la disparition de MF DOOM, figure emblématique de la scène rap underground. Né Daniel Dumile, ce Britannique d’origine zimbabwéenne, adopte un style unique, en s’inspirant des bandes dessinées et en masquant son visage, pour mieux laisser sa musique parler. MF DOOM est l’un des poètes les plus respectés du rap, son style non conventionnel et ses paroles complexes faisant de lui une figure légendaire pour les amateurs de hip-hop et de poésie urbaine.

Son parcours, entre Londres et New York, et son influence sont des symboles de l’interconnexion culturelle et des influences diverses qui traversent le monde noir. En célébrant son héritage, le monde hip-hop rend hommage à un artiste qui a su utiliser sa voix pour critiquer, raconter, et faire rire, tout en portant un message profond pour ses auditeurs, souvent éloigné des circuits mainstream.

Iba Der Thiam, gardien de la mémoire sénégalais

Le professeur Iba der Thiam, historien et auteur du livre «Le Sénégal dans la Guerre 14-18», est décédé dans la nuit de samedi à dimanche (photo d’illustration).  RFI/Bineta Diagne

Historien, homme politique et figure de la culture sénégalaise, Iba Der Thiam, décédé un 31 octobre 2020, a marqué le Sénégal par ses contributions académiques et politiques. Défenseur d’une vision panafricaine, il a œuvré pour une réécriture de l’histoire africaine, permettant aux jeunes générations de comprendre et de revendiquer leur identité. Ses travaux sur l’histoire de l’Afrique ont façonné des récits plus inclusifs, mettant en lumière des figures et des événements souvent absents des livres d’histoire.

Iba Der Thiam, à travers ses écrits et son engagement, a cherché à rétablir une continuité historique entre l’Afrique précoloniale et l’Afrique contemporaine, soulignant les résistances et les réussites des Africains dans leur propre histoire. Pour lui, connaître son histoire est un acte de résistance, un moyen de reconstruire l’Afrique de demain en se basant sur les valeurs du passé.

Ethel Waters, une pionnière du jazz et du cinéma

Photo publicitaire d’Ethel Waters. 1943, Source ebay, Auteur William Morris Agency

Née le 31 octobre 1896, Ethel Waters est l’une des premières femmes noires à s’imposer sur les scènes musicales et cinématographiques américaines. Artiste talentueuse, Waters a brisé les stéréotypes et a ouvert la voie à de nombreuses femmes noires dans le milieu du divertissement. Son style vocal unique et son jeu d’actrice subtil ont séduit un large public, et son ascension devient une source de fierté et d’inspiration pour la communauté afro-américaine. Elle est la première Afro-Américaine à jouer un rôle de premier plan à Broadway, et sa carrière, traversée de défis, marque un moment décisif dans la représentation des Noirs au cinéma et à la télévision.

Ethel Waters incarne la lutte pour l’égalité raciale et pour une reconnaissance artistique dans une Amérique encore profondément marquée par la ségrégation.

Références

  1. Le Houérou, F., Les Printemps africains : une révolution silencieuse ?, L’Harmattan, 2015.
  2. Koné, M., La Côte d’Ivoire en crise, Edilivre, 2020.
  3. Charry, E., Mande Music: Traditional and Modern Music of the Maninka and Mandinka of Western Africa, University of Chicago Press, 2000.
  4. Forman, M. et Neal, M. A., That’s the Joint! The Hip-Hop Studies Reader, Routledge, 2012.
  5. Fall, B., L’héritage de l’histoire dans la formation du Sénégal contemporain, Karthala, 2008.

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