30 octobre – Figures et événements marquants dans l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora

Le 30 octobre traverse l’histoire comme un fil rouge, connectant des récits d’insurrections, d’injustices, et de luttes émancipatrices qui font résonner l’Afrique et sa diaspora dans la mémoire collective. De Nat Turner, capturé après une révolte d’esclaves, à Lobengula, roi de Matabeleland, en passant par les luttes démocratiques récentes du Burkina Faso, ce jour rappelle combien la résistance, le sacrifice et le courage façonnent l’histoire du continent africain et de ses enfants à travers le monde.

Événements historiques

30 octobre 1831 : Capture de Nat Turner

30 octobre - Figures et événements marquants dans l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora
« The Discovery of Nat Turner », gravure tirée de Popular History of the United States, publiée par William Cullen Bryant et Sidney Howard, 1881-88.

En 1831, dans le comté de Southampton en Virginie, Nat Turner, esclave et prédicateur charismatique, mène l’une des plus importantes révoltes d’esclaves aux États-Unis, dans une quête audacieuse de liberté et de justice. Après des semaines de planification secrète, Turner déclenche l’insurrection en août, conduisant un groupe d’esclaves qui tue plusieurs dizaines de propriétaires blancs. Cet acte, bien que brutal, devient un symbole de la lutte contre l’oppression esclavagiste et provoque des réactions violentes de la part des autorités.

Turner réussit à échapper à la capture pendant six semaines, restant caché dans les terres du comté de Southampton. Pendant ce temps, sa femme, Cherry, est capturée, battue et torturée par les autorités dans une tentative de lui arracher des informations sur le lieu où il se cache et ses projets futurs. Sous la pression et la violence, elle aurait été contrainte de livrer des documents liés à la rébellion.

Finalement, le 30 octobre 1831, Turner est découvert par un fermier, Benjamin Phipps, caché dans un repli de terrain formé par un arbre tombé, recouvert de branches. Capturé, il est emprisonné dans la ville de Jerusalem en Virginie le jour suivant. Durant son incarcération, Turner confesse ses actions et les motivations derrière la révolte à Thomas R. Gray, un avocat et défenseur de l’esclavage, qui publiera plus tard le récit de ces entretiens. Turner sera exécuté peu de temps après, mais sa lutte continue d’inspirer les mouvements pour la justice et l’égalité des droits.

30 octobre 1888 : La Concession Rudd

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Bataille de la Shangani (25 octobre 1893). LIFE Photo Archive hosted by Google, War 1893-1896 Africa Matabele

Le 30 octobre 1888, le roi Lobengula du Matabeleland (actuel Zimbabwe) signa un traité connu sous le nom de « Concession Rudd », octroyant le monopole des droits miniers de son territoire à Charles Rudd, Francis Thompson et James Maguire, sous la direction de Cecil Rhodes. En échange de ce droit exclusif, Lobengula reçut une somme d’argent et une importante dotation en armes. Ce traité, bien que signé avec l’approbation de certains chefs matabélés, fut rapidement contesté par Lobengula qui se sentit trahi quant aux véritables intentions britanniques.

L’accord permit à Rhodes de demander une charte royale, officialisant le contrôle de la British South Africa Company sur le Matabeleland et lançant un processus d’occupation qui déboucha sur la fondation de la Rhodésie. Lobengula, en dépit de plusieurs tentatives pour annuler le traité en envoyant des émissaires à la reine Victoria, ne parvint pas à inverser la dynamique coloniale. Cette concession devint un pilier pour l’expansion britannique en Afrique australe, marquant ainsi le début de la fin pour le royaume Matabélé.

Aujourd’hui, cet épisode demeure un symbole des tactiques employées par les puissances coloniales pour s’approprier les richesses et les terres africaines, souvent au détriment des souverainetés locales.

30 octobre 1963 : Cessez-le-feu entre l’Algérie et le Maroc

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MALI – 01 NOVEMBRE : Le Mali, Ahmed Ben Bella et Hassan Ii du Maroc signent l’accord de Bamako qui met fin à la guerre des sables, le 1er novembre 1963. (Photo par Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

La tension entre le Maroc et l’Algérie atteint son paroxysme en 1963, marquée par une série de tentatives diplomatiques infructueuses pour établir un cessez-le-feu durable. La première initiative vient du président tunisien Habib Bourguiba, qui cherche à initier un dialogue entre les deux nations. Cependant, cette médiation échoue rapidement. Ensuite, un sommet est organisé à Marrakech, du 15 au 17 octobre, sous l’égide de l’empereur éthiopien Hailé Sélassié, alors en visite en Afrique du Nord. Malgré les efforts, cette tentative de négociation s’avère également vaine.

Gamal Abdel Nasser, président de la République arabe unie, propose un sommet nord-africain. Cependant, son soutien militaire à l’Algérie compromet sa position de médiateur aux yeux du Maroc, rendant son initiative caduque. En parallèle, la Ligue arabe, influencée par l’Égypte, offre une médiation qui se heurte au refus du Maroc, qui la juge trop favorable à Alger.

Face à ces échecs, Hailé Sélassié et le président malien Modibo Keita réussissent à convaincre les deux parties de se retrouver lors d’une conférence de paix à Bamako, les 29 et 30 octobre. Un accord est finalement obtenu, prévoyant l’arrêt des hostilités dès le 2 novembre, avec la mise en place d’une commission internationale pour surveiller la cessation des combats.

2014 : Insurrection au Burkina Faso

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L’Assemblée nationale prise d’assaut par des manifestants avant le vote des députés le 30 octobre 2014. © Theo Renaut/AP/SIPA

Le 30 octobre 2014, la capitale burkinabè, Ouagadougou, devient le théâtre d’une insurrection sans précédent. Des milliers de manifestants se rassemblent dans les faubourgs, convergeant vers des symboles du pouvoir dans une mobilisation d’une intensité inégalée. La police tente de disperser la foule par des gaz lacrymogènes, mais la pression populaire est telle que les manifestants franchissent les barrages et incendient plusieurs édifices, dont le siège du Congrès pour la démocratie et le progrès, le parti du président Blaise Compaoré.

Parmi les cibles de la colère populaire figure également le palais présidentiel de Kosyam, défendu par la garde présidentielle. Au même moment, près de 1 500 manifestants envahissent l’Assemblée nationale, où les députés viennent tout juste de commencer une session. Évacués in extremis, les parlementaires laissent derrière eux des bureaux en proie aux flammes et des documents en cendres. Le député Ablassé Ouedraogo, témoin de la scène, déclare : « Les manifestants n’écoutent personne, les choses sont hors de contrôle. »

La violence atteint un autre niveau lorsque la garde présidentielle ouvre le feu à balles réelles pour protéger le domicile de François Compaoré, frère du président, causant la mort de trois civils. Les manifestants envahissent également les bâtiments de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina, posant avec le présentateur du journal télévisé, tandis que les soldats se déploient autour du siège pour tenter de le sécuriser. En parallèle, les réseaux de téléphonie et la 3G sont bloqués, paralysant ainsi les moyens de communication.

Dans d’autres villes, la contestation s’étend rapidement. À Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, des manifestants renversent des statues et saccagent les locaux du parti au pouvoir. Ouahigouya, dans le nord, connaît également des scènes de violences similaires. L’aéroport de Ouagadougou est fermé, suspendant ainsi tous les vols.

Devant l’ampleur de la crise, le chef de l’armée, le général Honoré Traoré, impose un couvre-feu national et dissout l’Assemblée nationale, annonçant la formation d’un gouvernement de transition. En réponse, Blaise Compaoré s’adresse à la nation, évoquant la possibilité de pourparlers et ouvrant la voie à une transition politique.

Figures emblématiques

Nia Long, icône du cinema afro-américain

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HOLLYWOOD, CA – 05 NOVEMBRE : L’actrice Nia Long assiste à la première de « The Best Man Holiday » au TCL Chinese Theatre le 5 novembre 2013 à Hollywood, Californie. (Photo par Jason LaVeris/FilmMagic)

Née le 30 octobre 1970 à Brooklyn, New York, sous le nom de Nitara Carlynn Long, Nia Long est une figure incontournable du cinéma et de la télévision américaine. Issue d’une famille aux origines trinidadiennes, barbadiens et grenadiennes, elle est la fille de Talita Long et de Doughtry « Doc » Long, deux professeurs engagés. Dès son plus jeune âge, elle montre une prédisposition pour les arts en pratiquant la danse, la gymnastique et le chant. Diplômée en 1989, elle se lance rapidement dans une carrière d’actrice, aidée par son mentor, Betty A. Bridges.

Nia Long connaît ses premiers succès en interprétant des personnages forts et diversifiés à la télévision et au cinéma. Elle se révèle au public dans des productions emblématiques telles que Boyz N the Hood (1991) et dans la série Le Prince de Bel-Air, où son rôle de Lisa Wilkes la rapproche du cœur des téléspectateurs. Elle enchaîne les succès avec des films marquants, comme la comédie Big Mamma (2000), un succès populaire qui lui vaut une reconnaissance durable, et The Best Man (1999), où elle incarne avec finesse des personnages complexes.

Son talent se confirme aussi à la télévision : elle reçoit plusieurs NAACP Image Awards pour son rôle dans New York 911, consolidant ainsi sa position dans le paysage télévisuel américain. En alternant avec brio entre rôles comiques, dramatiques et même fantastiques, elle démontre une polyvalence rare, qui continue d’inspirer. Nia Long est aujourd’hui une figure respectée du cinéma afro-américain, symbole de talent et de résilience, et une inspiration pour les générations à venir, tant pour son parcours que pour ses performances mémorables.

Warith Deen Mohammed, un leader réformiste

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Photo de Bettmann Collection/Getty Images

le 30 octobre 1933 à Hamtramck, Michigan, Warith Deen Muhammad, de son vrai nom Wallace Delaney Muhammad, est le fils d’Elijah Muhammad, dirigeant de la Nation of Islam (NoI). Porté par la renommée et les enseignements de son père, il grandit dans une organisation prônant une vision séparatiste et une interprétation radicale de l’islam. Cependant, dès sa jeunesse, Warith Deen développe une compréhension plus orthodoxe de la foi musulmane, un chemin qui le mène à prendre ses distances avec l’idéologie de la NoI.

À la mort de son père en 1975, Warith Deen Muhammad hérite de la direction de la NoI. Il entreprend une réforme profonde, transformant l’organisation en un mouvement sunnite, pacifiste et rejetant le nationalisme noir et les doctrines non orthodoxes. Cette transformation audacieuse le conduit à rompre avec Louis Farrakhan, qui refonde la NoI en 1981, perpétuant les doctrines de son père. Warith Deen Muhammad, quant à lui, continue d’incarner un islam sunnite ouvert, mettant l’accent sur l’harmonie raciale et l’intégration des Afro-Américains dans le tissu religieux et social des États-Unis.

Jusqu’à sa mort le 9 septembre 2008, Warith Deen Muhammad aura marqué la communauté musulmane américaine en favorisant la décentralisation des mosquées et en prônant une intégration harmonieuse dans la société américaine. En tant que leader religieux influent, il devient un symbole de réforme et d’ouverture, incarnant un islam apaisé et tolérant. Son héritage perdure aujourd’hui, inspirant de nombreuses générations de musulmans noirs américains.

Jam Master Jay, DJ de Run-DMC

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Jam Master Jay. Michael Ochs Archives/Getty Images

Né Jason William Mizell le 21 janvier 1965 à Brooklyn, New York, Jam Master Jay est une figure emblématique de la culture hip-hop. Enfant talentueux, il apprend plusieurs instruments, dont la trompette et la basse, avant de se consacrer au DJing dans les années 1970. En 1982, sa rencontre avec Joseph « Run » Simmons et Darryl « D.M.C. » McDaniels aboutit à la formation de Run-D.M.C., un groupe qui redéfinira le hip-hop et atteindra une renommée internationale. Ensemble, ils marquent l’histoire avec des succès comme Raising Hell et contribuent à populariser le genre en mêlant le rock au hip-hop.

Au-delà de la musique, Jam Master Jay laisse une empreinte durable en fondant le label Jam Master Jay Records en 1989, par lequel il lancera le groupe Onyx. En 2002, il crée la Scratch DJ Academy à Manhattan, un centre dédié aux jeunes passionnés de DJing, poursuivant son engagement à faire vivre la culture hip-hop.

Le 30 octobre 2002, alors âgé de 37 ans, Jam Master Jay est assassiné dans son studio de Jamaica, Queens. Ce meurtre choquant reste irrésolu pendant près de deux décennies, laissant la communauté musicale en deuil. En 2020, deux suspects sont finalement inculpés, mais le mystère et la tristesse demeurent autour de sa disparition. Malgré ce tragique destin, l’héritage de Jam Master Jay perdure, inspirant des générations de musiciens et rappelant l’impact indélébile de Run-D.M.C. sur la scène mondiale.

Références

  1. Turner, Nat. Confessions of Nat Turner. Richmond Enquirer, 1831.
  2. Ndlovu-Gatsheni, Sabelo J. Coloniality of Power in Postcolonial Africa: Myths of Decolonization. CODESRIA, 2013.
  3. Ayoob, Mohammed. The Third World Security Predicament: State Making, Regional Conflict, and the International System. Lynne Rienner Publishers, 1995.
  4. Hagberg, Sten. Burkina Faso: Local Dynamics of Democratization. Nordic Africa Institute, 2002.
  5. Chang, Jeff. Can’t Stop Won’t Stop: A History of the Hip-Hop Generation. St. Martin’s Press, 2005.
  6. « Jam Master Jay, Hip-Hop Pioneer of Run-DMC, Dies at 37 », The New York Times, 31 octobre 2002.
  7. Rose, Tricia. Black Noise: Rap Music and Black Culture in Contemporary America. Wesleyan University Press, 1994.
  8. Curtis IV, Edward E. Muslims in America: A Short History. Oxford University Press, 2009.

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