Le 29 octobre est un jour marqué par des événements et des figures emblématiques de l’Afrique et de sa diaspora. Entre résistance face aux empires coloniaux, héroïsme et contributions culturelles, découvrez les histoires de Antonio Ier du Kongo, de la ville de Goma en proie aux conflits, d’Ellen Johnson-Sirleaf, première femme présidente africaine, et bien d’autres.
Événements marquants
29 octobre 1665 : La bataille d’Ambuila et la chute du royaume du Kong
Le 29 octobre 1665, les plaines d’Ambuila, en Angola, deviennent le théâtre d’un affrontement décisif entre le royaume du Kongo, dirigé par le roi Antonio Ier, et les forces coloniales portugaises. Cet affrontement, connu sous le nom de bataille d’Ambuila, marque un tournant dans l’histoire du Kongo, scellant le destin tragique de ce royaume prospère face aux ambitions coloniales.
Depuis deux siècles, le Kongo et le Portugal entretiennent des relations commerciales et diplomatiques, mais ces liens sont progressivement sapés par les appétits miniers portugais. En 1663, lorsque les Portugais exigent les droits d’exploitation des ressources du Kongo, Antonio Ier refuse, attisant les tensions qui culmineront avec la bataille d’Ambuila. À la tête d’une armée de paysans et de soldats armés de mousquets, Antonio Ier rassemble ses troupes pour défendre l’intégrité de son royaume.
Face à eux, les Portugais, mieux équipés et appuyés par deux canons, sont menés par Luís Lopes de Sequeira. La bataille tourne rapidement en faveur des Portugais, et Antonio Ier est capturé et décapité. Son trésor et les insignes royaux sont emportés à Lisbonne comme trophées de guerre, tandis que le Kongo sombre dans une guerre civile qui le morcellera pour des décennies. La chute du Kongo est bien plus qu’une simple défaite militaire ; elle symbolise le début d’un long crépuscule pour l’Afrique face aux ambitions coloniales.
29 octobre 2008 : Goma, au cœur d’une crise perpétuelle
En octobre 2008, la ville de Goma, située dans la région tourmentée des Grands Lacs, est au bord du précipice. Les forces rebelles menées par Laurent Nkunda approchent, menaçant la stabilité de la ville et forçant des milliers de civils à fuir. Alors que la pression monte, les rebelles décrètent un cessez-le-feu unilatéral le 29 octobre, mais les craintes d’un assaut sur Goma demeurent palpables. La MONUC, mission de maintien de la paix des Nations unies, se déploie pour protéger les zones peuplées, tandis que les réfugiés affluent dans les rues, cherchant désespérément un abri.
Malgré ce répit précaire, la violence et les pillages se poursuivent dans les quartiers de la ville, exacerbant la détresse des habitants. Les forces congolaises, désorganisées, sont parfois elles-mêmes responsables de réquisitions forcées et de vols de véhicules. Le Conseil de sécurité des Nations unies intervient en adoptant une résolution pour condamner l’avancée des rebelles, même si la nature non contraignante de cette résolution laisse peu d’espoir à une action rapide.
Le lendemain, alors que la situation se détériore, des acteurs humanitaires, tels que World Vision, sont contraints de quitter les zones à haut risque pour se positionner plus près de la frontière rwandaise. Les appels à des négociations directes entre Nkunda et le gouvernement congolais émergent, offrant peut-être une lueur d’espoir pour une issue pacifique à cette crise.
Figures emblématiques
Ellen Johnson-Sirleaf, la force tranquille du Liberia
Née le 29 octobre 1938 à Monrovia, Ellen Johnson Sirleaf est bien plus qu’une figure politique africaine. Elle incarne une résilience farouche face aux obstacles de la vie et de la politique. Première femme élue chef d’État en Afrique, Sirleaf a non seulement brisé les barrières de genre, mais elle a aussi transformé le Liberia en guidant son peuple hors des décombres d’une guerre civile dévastatrice.
Diplômée de l’Université de Harvard, elle se distingue d’abord en tant qu’économiste avant d’entrer en politique. Ses débuts sont marqués par un engagement pour la transparence et une lutte contre la corruption qui lui valent le surnom de « Dame de fer ». Échappant aux menaces de mort sous le régime militaire de Samuel Doe, elle s’exile puis retourne au Liberia, déterminée à restaurer la dignité de son pays. Élue présidente en 2005, elle hérite d’un Liberia en ruine et se donne pour mission de reconstruire les infrastructures et de rétablir l’ordre.
Son engagement lui vaut une reconnaissance internationale et, en 2011, elle partage le Prix Nobel de la Paix avec Leymah Gbowee et Tawakkul Karman pour leur travail en faveur de la paix et de l’émancipation des femmes. Cependant, sa présidence n’est pas sans controverses, certains lui reprochant des liens passés avec des factions armées. Néanmoins, Sirleaf demeure une figure indéniable de l’histoire africaine contemporaine, son parcours inspirant des générations de femmes à travers le continent et au-delà.
James Beckwourth : Le pionnier afro-américain
Né le 6 avril 1798 dans le comté de Frederick en Virginie, James Pierson Beckwourth est un aventurier afro-américain dont la vie incarne les explorations, les défis et les contradictions de l’Ouest américain du XIXe siècle. Fils d’un propriétaire blanc et d’une femme esclave, Beckwourth est affranchi dès sa jeunesse. Il quitte les terres de Virginie pour l’Ouest et se taille une place parmi les trappeurs et les explorateurs, se distinguant par sa résilience et son talent de survie dans des environnements hostiles.
Vivant de nombreuses années parmi la tribu amérindienne des Crows, Beckwourth en devient même chef, adoptant leur mode de vie et forgeant des alliances. Cette période est cruciale dans sa vie : il en retire une connaissance approfondie des territoires sauvages, des montagnes et des cultures amérindiennes. Beckwourth découvre le Beckwourth Pass, un passage naturel à travers la Sierra Nevada, ouvrant un chemin aux pionniers en route vers la Californie durant la ruée vers l’or. Ce sentier, le Beckwourth Trail, devient un passage clé pour les colons, solidifiant son héritage en tant que guide et éclaireur.
James Beckwourth est également un conteur prolifique. Son autobiographie, dictée à Thomas D. Bonner et publiée en 1856, dépeint ses aventures et ses combats avec une verve qui inspire fascination et scepticisme. Bien que certains détails de ses récits soient exagérés, le récit de sa vie reste un témoignage précieux des défis et des opportunités de l’époque. Décédé à Denver le 29 octobre 1866, Beckwourth demeure une figure singulière de l’histoire américaine, symbole de résilience et d’adaptation dans un monde où peu de gens partageaient son expérience.
Dans le contexte complexe de l’Ouest américain, James Beckwourth incarne la contribution souvent ignorée des Afro-Américains à l’exploration de ce territoire. Son héritage est celui d’un homme qui a su naviguer entre les cultures, les dangers et les opportunités, contribuant ainsi à ouvrir des voies nouvelles pour ceux qui cherchaient une vie meilleure dans les contrées sauvages de l’Amérique.
Hendrik Witbooi : Résistance et mémoire
Né en 1830 à Pella, dans ce qui est aujourd’hui l’Afrique du Sud, Hendrik Witbooi est une figure emblématique de la résistance anticoloniale en Afrique. Chef des ǀKhowesin, une sous-ensemble du peuple Nama, il devient l’un des leaders les plus farouches opposés à l’expansion coloniale allemande dans l’actuelle Namibie. Son combat, qui culmine au début du XXe siècle, n’est pas seulement une bataille pour la survie de son peuple ; c’est une lutte pour l’autonomie, la dignité et le respect des cultures africaines face aux ambitions impériales.
En tant que stratège et diplomate, Witbooi a su mobiliser et inspirer les siens, alliant tactique militaire et sens politique pour résister aux forces allemandes. Sa détermination inébranlable culmine lors de la révolte des Nama et des Herero, où son rôle est déterminant pour galvaniser les esprits et rallier les peuples africains sous une bannière commune. Bien qu’il perde la vie le 29 octobre 1905, sa mémoire perdure.
Aujourd’hui, Hendrik Witbooi est honoré en Namibie, où son visage figure sur la monnaie nationale, rappelant son héritage et la force de son engagement. Son exemple demeure un symbole inspirant de résistance et d’émancipation, rappelant que la quête de liberté est un héritage précieux légué aux générations africaines qui refusent de plier face aux oppressions modernes.
Randy Jackson, le musicien virtuose de la fratrie Jackson
Né le 29 octobre 1961 à Gary, dans l’Indiana, Steven Randall « Randy » Jackson, surnommé « Little Randy« , est le plus jeune frère des légendaires Jackson Five, même s’il ne rejoint le groupe que bien après ses débuts. Fils de Katherine et Joe Jackson, Randy grandit au sein de la célèbre famille Jackson, entouré de musique, de discipline et d’ambition. Dès son jeune âge, il développe un talent exceptionnel pour les instruments de musique, devenant rapidement un multi-instrumentiste reconnu, jouant de la basse, de la batterie, du clavier et des percussions.
Il rejoint officiellement The Jacksons en 1976, après que Jermaine Jackson, l’un des membres fondateurs, décide de rester avec le label Motown. Randy apporte une nouvelle énergie au groupe, et dès ses 16 ans, il coécrit avec son frère Michael l’un de leurs plus grands succès, Shake Your Body (Down to the Ground). Ce titre reflète non seulement son talent, mais aussi la fusion entre les univers de la pop et du funk qui caractérise la musique des Jacksons. La présence de Randy enrichit leur son, lui permettant de devenir un pilier incontournable du groupe.
Au début des années 1980, Randy collabore avec Michael Jackson sur des albums solos marquants, notamment Off the Wall, où il contribue aux arrangements musicaux. Sa capacité à jongler entre plusieurs instruments et son expertise dans l’écriture de chansons lui valent le titre d’instrumentiste le plus doué de la famille, selon plusieurs critiques.
En 1989, après la fin de l’ère des Jacksons, Randy se lance dans sa propre aventure musicale avec le groupe Randy & the Gypsys, tentant de se faire une place en dehors de l’ombre familiale. Bien que le groupe n’ait enregistré qu’un seul album, ce projet souligne sa détermination à explorer de nouveaux horizons.
Aujourd’hui, bien que moins visible que certains de ses frères et sœurs, Randy Jackson reste une figure emblématique de la musique pop des années 1970 et 1980. Sa contribution à l’univers des Jacksons et son héritage musical en font un artiste complet, dont l’influence perdure dans la culture pop américaine et au-delà.
Gabrielle Union, actrice et activiste
Née le 29 octobre 1972 à Omaha, dans le Nebraska, Gabrielle Union est bien plus qu’une actrice prolifique de Hollywood ; elle incarne la résilience et l’engagement. Après des débuts dans des séries télévisées iconiques comme Sept à la maison et Sister, Sister, Union s’impose dans les années 2000 grâce à des rôles marquants dans des films comme Bad Boys 2 et Deliver Us From Eva. Son rôle dans Being Mary Jane, qui lui vaut le NAACP Image Award, révèle une actrice déterminée à représenter des personnages complexes et ancrés dans la réalité.
Mais Gabrielle Union ne se contente pas de briller à l’écran. Survivante d’une agression à 19 ans, elle fait de sa voix un outil de défense pour les droits des victimes et de lutte contre les violences sexuelles. Ambassadrice de causes sociales et politiques, elle s’oppose fermement aux préjugés raciaux et s’engage pour la justice. En 2018, elle se lance dans la production avec le thriller Breaking In, affirmant son rôle dans l’industrie.
Union reste aujourd’hui une icône inspirante, alliant talent et intégrité, et continue de défier les limites d’Hollywood, tant par ses choix artistiques que par son activisme infatigable.
Tracee Ellis Ross ou l’impact par l’art
Née Tracee Joy Silberstein le 29 octobre 1972 à Los Angeles, Tracee Ellis Ross incarne l’alliance subtile de l’élégance et de l’engagement. Fille de l’icône Diana Ross, elle se démarque tôt dans le mannequinat avant de conquérir Hollywood grâce à des séries acclamées telles que Girlfriends et, plus récemment, Black-ish. Ce dernier rôle lui vaut le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série comique, une première depuis Debbie Allen il y a plus de 30 ans.
Mais Tracee est bien plus qu’une actrice. Militante, entrepreneure et styliste, elle s’engage pour l’égalité des genres et la diversité dans les médias, notamment par le biais de Time’s Up et de sa marque de beauté Pattern Beauty. Considérée comme une icône de mode, elle inspire à travers ses choix audacieux et son influence culturelle, célébrant la force et la diversité des femmes noires. Tracee Ellis Ross n’est pas seulement une étoile de Hollywood, elle est une voix qui résonne bien au-delà des écrans.
Sommaire
Références
- Vansina, J., The Kingdoms of Africa, Madison: University of Wisconsin Press, 1966.
- Hilton, A., Kingdom of Kongo, Oxford: Clarendon Press, 1985.
- Slade, R., King Leopold’s Congo, Boston: Houghton Mifflin, 1963.
- Prunier, G., Africa’s World War: Congo, the Rwandan Genocide, and the Making of a Continental Catastrophe, Oxford University Press, 2009.
- Stearns, J. K., Dancing in the Glory of Monsters: The Collapse of the Congo and the Great War of Africa, New York: PublicAffairs, 2011.
- Sirleaf, E. J., This Child Will Be Great: Memoir of a Remarkable Life by Africa’s First Woman President, Harper Perennial, 2009.
- Bender, G. J., Exploration and Empire: The Explorer and the Scientist in the Winning of the American West, W.W. Norton, 1996.
- Zimmerman, J. M., The Life of James Pierson Beckwourth: Mountaineer, Scout, Pioneer, and Chief of the Crow Nation of Indians, University of Nebraska Press, 1982.
- Zimmerer, J., German Colonialism and the Genocidal Experience in Namibia, University of Wisconsin Press, 2003.
- Perry, K. A., Sisters in the Struggle: African American Women in the Civil Rights-Black Power Movement, NYU Press, 2001.