L’empire d’Oyo, le plus grand et influant état Yoruba de l’Histoire

Connue pour sa richesse, sa culture et ses innovations militaires, cette civilisation yoruba a marqué profondément l’Afrique de l’Ouest.

Quand ?

IkuBabaYeye Alaafin d’Oyo. Sa Majesté impériale Oba Lamidi Olayiwola Adeyemi III.

La ville d’Oyo-Ile, également connue sous les noms d’Old Oyo ou Katunga, a été fondée au 10ème siècle, située dans le centre-nord de l’actuel Nigeria. Cette cité historique est l’origine de l’un des royaumes les plus puissants et influents de l’Afrique de l’Ouest : le royaume d’Oyo.

La fondation d’Oyo-Ile par les Yorubas marque le début d’une ère de prospérité et de puissance. Initialement, Oyo-Ile était un petit royaume mais, grâce à une combinaison de stratégies militaires, de diplomatie et de commerce, il s’est rapidement étendu pour devenir un empire. Ce développement rapide a été favorisé par la position géographique avantageuse de la ville, située à la croisée de routes commerciales importantes reliant diverses régions d’Afrique de l’Ouest.

Au sommet de sa puissance, l’empire d’Oyo contrôlait un vaste territoire s’étendant bien au-delà des frontières actuelles du Nigeria, englobant des parties du Bénin, du Togo et du Ghana. L’empire d’Oyo se distinguait par une structure sociale bien organisé et hiérarchisé. Au sommet de cette hiérarchie se trouvait l’Alaafin, le roi d’Oyo, considéré comme une figure sacrée et politique de grande importance.

L’Alaafin était entouré par les Oyomesi, un conseil de sept nobles qui jouaient un rôle clé dans l’administration et la prise de décisions de l’empire. Ce conseil agissait également comme un contre-pouvoir, ayant le droit de destituer le roi si celui-ci s’écartait des traditions et des lois. Cette structure de gouvernance permettait de maintenir la stabilité et la cohésion de l’empire malgré son immense étendue.

Cependant, le déclin de l’empire d’Oyo a commencé au début du 19ème siècle, accentué par des conflits internes, des rivalités dynastiques, et la pression croissante des invasions extérieures, notamment celles des Fulani. En 1835, après une série de batailles et de pillages, Oyo-Ile a été saccagée et abandonnée. La désintégration de l’empire a conduit à la dispersion de sa population et à la perte de son influence.

Qui ? 

Plan de l’ensemble palatial de l’ancienne ville d’Oyo.

La population de l’empire d’Oyo était principalement composée de Yorubas, un des plus grands groupes ethniques de l’Afrique de l’Ouest. Les Yorubas parlent une langue éponyme, le yoruba, qui appartient à la famille des langues nigéro-congolaises. La culture yoruba est riche et complexe, avec des traditions profondément enracinées dans l’art, la religion, et la gouvernance.

Un aspect fascinant de la culture yoruba est leur mythologie, notamment l’histoire d’Oduduwa, le fondateur mythique de la dynastie d’Ife. Selon la légende, Oduduwa serait descendu du ciel pour créer la terre, et ses descendants auraient fondé plusieurs royaumes yorubas, dont celui d’Oyo. Ainsi, les rois yorubas, y compris les Alaafins d’Oyo, prétendent être des descendants directs d’Oduduwa, conférant une dimension divine à leur règne et renforçant leur légitimité.

La société yoruba de l’empire d’Oyo était également composée de diverses classes sociales, incluant des agriculteurs, des artisans, des commerçants, et des guerriers. Le commerce était particulièrement florissant, avec Oyo servant de centre névralgique pour les échanges de marchandises telles que le sel, le tissu, et l’or entre les régions intérieures de l’Afrique de l’Ouest et les côtes atlantiques.

Les Yorubas de l’empire d’Oyo avaient aussi des pratiques religieuses complexes, vénérant de nombreux dieux et esprits connus sous le nom d’Orishas. Ces divinités jouaient un rôle central dans la vie quotidienne, avec des cultes et des rituels pour chaque aspect de la nature et de la vie humaine. Les prêtres et prêtresses des différents cultes détenaient un pouvoir spirituel considérable et étaient respectés pour leur capacité à communiquer avec les divinités.

Cela dit, Oyo se situait à la frontière de la savane. Il était ainsi  en contact étroit avec des populations plus au nord comme les Bariba, les Nupe et les Haoussa. Beaucoup de ces populations, souvent musulmanes, eurent une grande influence sur Oyo. On sait que certains ambassadeurs d’Oyo, par exemple, parlaient et écrivaient l’arabe.

Lire aussi: L’ancienne civilisation yoruba  d’Ife

Personnages historiques légendaires

L’empire d’Oyo, l’un des royaumes les plus influents de l’Afrique de l’Ouest, a été marqué par des personnages historiques légendaires et puissants qui ont façonné son destin. Voici quelques figures emblématiques de cette époque :

Ọ̀rànmíyàn d’Ife

Ọ̀rànmíyàn est une figure légendaire dans l’histoire yoruba. Selon la tradition, il était l’un des fils d’Oduduwa, le fondateur mythique des Yorubas. Oranmiyan aurait été envoyé pour fonder le royaume d’Oyo, et il est souvent crédité comme le premier Alaafin d’Oyo, posant ainsi les bases de la dynastie. Avant de fonder Oyo, Ọ̀rànmíyàn aurait également été roi de l’ancienne cité d’Ife et d’un autre royaume, Benin. Sa légende est entourée de mythes et de récits héroïques, et il est vénéré comme un héros culturel parmi les Yorubas.

Shango

Shango, également connu sous le nom d’Alaafin Shango, est une autre figure clé de l’empire d’Oyo. Il était le fils d’Oranmiyan et l’un des rois les plus célèbres de l’empire. Après sa mort, Shango a été divinisé et est devenu l’une des divinités les plus importantes du panthéon yoruba, associée au tonnerre, à la foudre et à la guerre. En tant que divinité impériale d’Oyo, Shango symbolise le pouvoir et la justice, et son culte a une place centrale dans la religion yoruba. Son influence spirituelle et culturelle perdure encore aujourd’hui, avec des rituels et des festivals célébrés en son honneur.

Bashorun Gaha

Au 18ème siècle, l’empire d’Oyo a été marqué par les actions de Gaha, un puissant ministre qui a exercé une influence considérable sur le trône. Gaha a usurpé le pouvoir de plusieurs Alaafins successifs, agissant pratiquement en tant que souverain de facto. Sa domination tyrannique a duré plusieurs années, durant lesquelles il a consolidé son pouvoir par des intrigues politiques et la force brute. Cependant, son règne a finalement pris fin lorsqu’il a été renversé par Alaafin Abiodun.

Abiodun

Abiodun est l’un des Alaafins les plus notables de l’empire d’Oyo, célèbre pour avoir mis fin à la tyrannie de Gaa. Son règne a été marqué par des efforts pour restaurer l’autorité royale et stabiliser l’empire après les tumultes causés par Gaa. Abiodun a travaillé pour renforcer l’administration et le commerce, et son règne est souvent vu comme une période de renouveau pour l’empire d’Oyo. Sous son leadership, Oyo a regagné une partie de sa prospérité et de son influence perdue.

Comment ?

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Représentation d’un cavalier d’Oyo, actuelle République du Bénin, 18-19ème siècle

L’empire d’Oyo a prospéré grâce à une combinaison de facteurs géographiques, économiques et militaires qui lui ont permis de devenir l’une des puissances les plus influentes de l’Afrique de l’Ouest. Voici comment ces éléments ont contribué à son succès :

Oyo était idéalement situé au terminus des routes commerciales trans-sahariennes, ce qui en faisait un point de convergence pour les échanges entre le nord de l’Afrique et les régions plus au sud. Cette position géographique stratégique permettait à Oyo d’accéder à des ressources naturelles précieuses, comme les perles rouges, qui étaient particulièrement prisées et associées au pouvoir royal dans la région. En contrôlant ces échanges, Oyo a pu accumuler une grande richesse et renforcer son influence.

La richesse d’Oyo ne provenait pas seulement de sa position sur les routes commerciales, mais aussi de sa proximité avec des gisements de ressources naturelles. Les populations du sud n’avaient pas accès à ces ressources, ce qui donnait à Oyo un avantage économique significatif. Les perles rouges, par exemple, étaient très recherchées et étaient utilisées non seulement comme monnaie d’échange, mais aussi comme symboles de statut et de pouvoir. En outre, Oyo importait des chevaux, qui étaient rares et précieux dans cette partie de l’Afrique en raison des mouches tsé-tsé qui infestaient les régions plus au sud et rendaient l’élevage de chevaux pratiquement impossible.

L’importation de chevaux a été un facteur déterminant dans la montée en puissance d’Oyo. Les chevaux ont permis à Oyo de constituer une cavalerie redoutable, un atout militaire décisif dans les batailles contre les armées des régions plus au sud, qui étaient principalement composées de fantassins. La cavalerie d’Oyo, avec sa mobilité et sa puissance de choc, a permis à l’empire de dominer militairement ses voisins et d’étendre son territoire. Les cavaliers d’Oyo étaient connus pour leur bravoure et leur efficacité au combat, ce qui a contribué à la réputation de l’empire comme une force militaire redoutée.

Oyo a également profité de sa proximité avec les ports côtiers du Golfe de Bénin. En contrôlant ces ports, l’empire s’est enrichi grâce à la traite des Noirs, une pratique malheureusement courante à l’époque. Ce commerce a permis à Oyo de générer des revenus substantiels et de renforcer encore son économie. La traite des Noirs a également permis à Oyo d’acquérir des armes et d’autres biens précieux en échange des esclaves capturés lors des guerres et des raids.

Pourquoi ?

Effigie commémorative (laiton) d’un roi d’Oyo ; royaume du Bénin. xviiie siècle. (Musée ethnologique de Berlin).

L’empire d’Oyo, le plus vaste état yoruba jamais créé, a imposé son pouvoir sur une vaste région et une multitude de populations, y compris celles de langue Gbe. Son influence s’est étendue aux royaumes d’Allada, de Ouidah, de Tado et de Dahomey, qui sont devenus ses vassaux.

La domination d’Oyo sur ces royaumes vassaux signifiait que ces derniers étaient obligés de verser des tributs annuels, souvent sous forme de produits agricoles, de biens de luxe ou de main-d’œuvre. Cette obligation de tribut renforçait l’autorité d’Oyo et lui permettait d’accumuler des ressources considérables. Le système de tribut était un moyen efficace de maintenir l’ordre et la loyauté parmi les vassaux, tout en assurant un flux constant de richesses vers le centre de l’empire.

En plus des tributs, Oyo pouvait également « piocher » dans les butins de guerre de ses royaumes vassaux. Chaque victoire militaire rapportait des esclaves, des biens de valeur et d’autres ressources précieuses. Cela permettait à Oyo de maintenir et d’augmenter sa richesse, tout en affaiblissant ses ennemis et en consolidant son pouvoir. L’exploitation des butins de guerre était une stratégie clé pour l’empire, qui utilisait ses forces militaires supérieures pour dominer et subjuguer les autres états.

Oyo pouvait également mobiliser les armées de ses vassaux pour résoudre des conflits politiques ou militaires. Cette capacité à lever des troupes supplémentaires renforçait la puissance militaire d’Oyo et lui permettait d’intervenir dans les affaires régionales de manière décisive. Un exemple notable est la bataille de 1764, où une armée du Dahomey, incluant les célèbres Amazones, a défait celle de la confédération ashanti sur ordre d’Oyo. Cette intervention militaire a non seulement renforcé l’influence d’Oyo, mais a également démontré sa capacité à projeter sa puissance au-delà de ses frontières immédiates.

L’apogée de l’empire d’Oyo a eu lieu à la fin du 18ème siècle. Selon l’historien britannique Robin Law, à cette époque, l’empire s’étendait sur environ 46 000 kilomètres carrés et comptait probablement plus de 750 000 habitants. Cette vaste population incluait non seulement des Yorubas, mais aussi des peuples soumis et intégrés à l’empire. La taille et la diversité de la population d’Oyo témoignaient de sa capacité à gouverner et à administrer un territoire vaste et hétérogène.

L’énorme richesse accumulée grâce aux tributs, aux butins de guerre et au commerce a permis à Oyo de devenir un centre culturel et économique majeur. Les perles rouges, symboles de pouvoir et de statut, circulaient largement dans l’empire. Les artisans d’Oyo produisaient des objets d’art exquis, des textiles et d’autres biens de luxe qui étaient échangés à travers l’Afrique de l’Ouest et au-delà. La culture yoruba a profondément influencé les régions voisines, notamment par la diffusion de la langue, des traditions religieuses et des pratiques sociales.

Lire aussi: Le royaume d’Allada

Où ?

L’empire d’Oyo aux XVIIe et XVIIIe siècles

L’empire d’Oyo s’est développé autour de sa capitale, Oyo-Ile, située au centre-nord de l’actuel Nigeria. Cette position centrale et stratégique a permis à Oyo de s’étendre et de dominer une vaste région de l’Afrique de l’Ouest. Voici une description détaillée des différentes zones qui composaient l’empire d’Oyo et de ses frontières géographiques durant son apogée :

Oyo-Ile était le cœur de l’empire d’Oyo. Cette ville était non seulement la capitale politique et administrative de l’empire, mais aussi un centre culturel et économique. Sa position centrale dans le nord du Nigeria actuel facilitait les échanges commerciaux et la mobilité militaire, ce qui était crucial pour le maintien du pouvoir et de l’influence de l’empire.

Au nord, l’empire d’Oyo était délimité par les royaumes nupe et bariba. Ces royaumes étaient souvent en conflit avec Oyo, mais ils constituaient également des partenaires commerciaux importants. Les interactions avec ces royaumes du nord étaient cruciales pour le commerce transsaharien, qui apportait des biens précieux comme le sel, l’or et les chevaux à Oyo.

À l’ouest, Oyo partageait ses frontières avec plusieurs royaumes yorubas, dont Ketou, Savè, Porto Novo, et le pays egba. Ces royaumes étaient soit des alliés, soit des vassaux d’Oyo, et ils jouaient un rôle important dans le soutien militaire et économique de l’empire. Le contrôle de ces régions permettait à Oyo de sécuriser ses frontières occidentales et de faciliter le commerce avec les régions côtières.

À l’est, l’empire d’Oyo était bordé par des cités-états yoruba telles que Ekiti, Igbomina, Ijesha, Ife, Ondo et Ijebu. Ces cités-états étaient culturellement et linguistiquement proches d’Oyo, et certaines d’entre elles étaient également des vassales. La relation avec ces cités-états variait de l’alliance à la domination directe, selon les dynamiques politiques et militaires de l’époque.

Oyo considérait ce territoire central, constitué principalement de terres yorubas, comme le cœur de son empire. Cette région était densément peuplée et économiquement prospère, avec des villes et des villages bien établis. Le contrôle de cette zone était crucial pour le maintien de la cohésion et de la stabilité de l’empire.

La périphérie de l’empire d’Oyo était composée d’états vassaux et de territoires soumis. Cela incluait des régions comme le pays yoruba-egba et d’autres territoires de langue Gbe qui s’étendaient jusqu’à l’actuelle République du Bénin. Ces états vassaux étaient tenus de payer des tributs à Oyo et de fournir un soutien militaire en temps de guerre. Le contrôle de ces régions périphériques permettait à Oyo d’étendre son influence et d’exercer une domination indirecte sur un vaste territoire.

Le réseau commercial de l’empire d’Oyo s’étendait bien au-delà de ses frontières immédiates. Les routes commerciales transsahariennes, qui passaient par Oyo, reliaient l’empire aux régions du nord de l’Afrique et aux côtes atlantiques. Ce commerce apportait à Oyo des biens précieux et renforçait son statut économique et politique. De plus, l’influence culturelle d’Oyo se faisait sentir dans toute la région, avec la diffusion de la langue yoruba, des pratiques religieuses, et des traditions artistiques.

Quoi ?

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Le palais impérial d’Oyo, 19ème siècle

L’empire d’Oyo était une société complexe et bien structurée, dirigée par un empereur appelé l’Alaafin, littéralement « possesseur du palais« . Ce système de gouvernance incluait un ensemble de ministres puissants connus sous le nom d’Oyo Mesi, qui jouaient un rôle crucial dans l’administration et la stabilité de l’empire.

L’Alaafin était la figure centrale du pouvoir à Oyo, exerçant une autorité suprême sur l’empire. Cependant, cette autorité était tempérée par les Oyo Mesi, un conseil de sept nobles influents. Les Oyo Mesi étaient chargés de conseiller l’Alaafin et de garantir qu’il gouvernait de manière juste et efficace. Leur pouvoir était tel qu’ils pouvaient forcer l’Alaafin à abdiquer et même à se suicider s’ils le jugeaient inapte à régner. Cette mesure extrême servait de mécanisme de contrôle pour prévenir la tyrannie et maintenir l’ordre dans l’empire.

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Piliers de palais impérial d’Oyo-Ile et leurs bases (à droite) (près de 2 mètres de haut au total) fin du 18ème siècle (Crédit photo: Marc Rivière)

Le culte impérial de l’empire d’Oyo était dédié à Shango, une divinité yoruba associée au tonnerre et à la foudre. L’Alaafin était le principal responsable de ce culte, incarnant à la fois un rôle politique et religieux. Tous les ambassadeurs et gouverneurs de provinces de l’empire étaient initiés au culte de Shango. Cela leur conférait une autorité divine et renforçait leur pouvoir sur les populations locales, car ils pouvaient menacer de faire tomber la foudre en cas de désobéissance ou de rébellion. Ce système religieux contribuait à la cohésion de l’empire et à l’obéissance des sujets.

Les témoignages de voyageurs contemporains du 19ème siècle, comme Hugh Clapperton et Richard Lander, décrivent la magnificence d’Oyo-Ile, la capitale de l’empire. Hugh Clapperton a noté l’ornementation détaillée des structures de la ville :

« Les poteaux supportant la véranda et les portes du palais royal et des maisons des dignitaires sont généralement sculptés en bas-relief avec des personnages. Les gens [d’Oyo-Ile] aiment orner leurs portes et les poteaux qui soutiennent leurs vérandas avec des sculptures ; et ils ont aussi des statues ou des personnages sculptés sur leurs poteaux et leurs portes. »

Ces sculptures en bas-relief étaient non seulement des décorations artistiques, mais aussi des symboles de pouvoir et de culture.

Richard Lander a décrit le temple principal de la capitale comme étant « le plus extravagamment orné de tous ceux de ce type dans l’intérieur de l’Afrique« , bien qu’il en existât cinquante autres moins importants et décorés dans le reste de la ville. Ce temple et les nombreux autres lieux de culte dans la ville illustrent l’importance de la religion dans la vie quotidienne des habitants d’Oyo-Ile et le rôle central du culte de Shango dans la structure sociale et politique de l’empire.

L’administration de l’empire d’Oyo était hautement structurée. Les gouverneurs de provinces, souvent des membres de la famille royale ou des nobles, étaient chargés de gouverner les régions sous leur contrôle au nom de l’Alaafin. Ils collectaient les tributs, appliquaient les lois de l’empire et veillaient à la sécurité et à la stabilité de leurs provinces. Leur autorité était renforcée par leur initiation au culte de Shango, ce qui leur permettait de gouverner avec une combinaison de pouvoir politique et de légitimité religieuse.

La fin de l’empire d’Oyo

L’empire d’Oyo, qui avait dominé une grande partie de l’Afrique de l’Ouest pendant des siècles, a connu un déclin dramatique au début du 19ème siècle. Plusieurs facteurs internes et externes ont contribué à sa chute, mais l’un des événements les plus significatifs a été les intrigues d’Afonja, le gouverneur d’Ilorin.

Afonja, gouverneur de la province d’Ilorin, a joué un rôle décisif dans l’effondrement de l’empire d’Oyo. Initialement loyal à l’Alaafin, Afonja a fini par se rebeller contre le pouvoir central. En quête d’autonomie, il a sollicité l’aide des Peuls, un groupe ethnique musulman puissant, pour renforcer sa position. Cette alliance stratégique avec les Peuls a conduit à une série de conflits internes qui ont affaibli l’empire de manière significative.

Dans les années 1820, plusieurs dépendances de l’empire d’Oyo ont profité de cette période de faiblesse pour gagner leur indépendance. Le royaume de Dahomey, par exemple, s’est affranchi de la tutelle d’Oyo, consolidant sa propre puissance régionale. De même, le pays egbado a réussi à se libérer du joug de l’empire, réduisant ainsi l’influence d’Oyo sur ses territoires périphériques.

La trahison d’Afonja et sa collaboration avec les Peuls ont finalement conduit à la destruction d’Oyo-Ile. Les Peuls, désormais intégrés dans le califat de Sokoto, ont rasé la capitale en 1835, marquant la fin définitive de l’empire d’Oyo. Cette attaque dévastatrice a scellé le sort de l’empire, qui ne parviendra jamais à se remettre de ce coup fatal.

Après la chute d’Oyo-Ile, des tentatives ont été faites pour rétablir l’empire autour de villes plus méridionales comme New Oyo et Ibadan. Cependant, ces efforts n’ont jamais retrouvé la gloire et la puissance de l’ancien empire. Les nouvelles entités politiques qui ont émergé étaient fragmentées et manquaient de l’unité et de la stabilité qui avaient caractérisé l’empire d’Oyo à son apogée.

Malgré sa désintégration, l’héritage de l’empire d’Oyo continue de vivre de manière significative. Le terme « Yoruba » lui-même, utilisé par les Haoussas pour désigner les habitants de l’empire d’Oyo, est devenu une désignation commune pour l’ensemble du groupe ethnique yoruba. La langue yoruba standard est principalement basée sur celle parlée dans la région d’Oyo, assurant ainsi la pérennité de l’influence linguistique de l’empire.

Les Egungun, des revenants célèbres dans la culture yoruba, seraient originaires d’Oyo. Ces figures masquées jouent un rôle central dans les rituels et les festivals yorubas, symbolisant les esprits des ancêtres revenus pour bénir et protéger leurs descendants. Le culte de Shango, divinité du tonnerre et de la foudre, reste l’un des cultes d’origine africaine les plus populaires, tant chez les Yorubas continentaux que chez les Afro-descendants des Amériques. Ce culte est particulièrement vénéré dans les religions afro-brésiliennes comme le Candomblé et la Santeria cubaine, où Shango est souvent appelé Xangô ou Chango.

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