Zewditu Ière d’Éthiopie : vie et règne de la première Negusse Negest

Découvrez l’histoire captivante de Zewditu Ière, l’impératrice d’Éthiopie, qui a marqué le XXe siècle par son règne unique, sa dévotion religieuse et son héritage durable dans l’histoire africaine.

Zewditu Ière, Impératrice d’Éthiopie et fille de Ménélik II, se distingue comme l’une des rares femmes à avoir gouverné un État au début du XXe siècle. Son règne est marqué par un programme ambitieux de développement des infrastructures religieuses, posant les bases pour son successeur et régent, Ras Tafari, qui montera sur le trône d’Éthiopie sous le nom d’Hailé Sélassié Ier.

Zewditu Ière, reine des rois (negusse negest) d’Éthiopie

Zewditu Ière d'Éthiopie : vie et règne de la première Negusse Negest
Portrait de Zewditou en habit de sacre.

De l’enfance royale à l’impératrice guerrière

Née le 29 avril 1876 sous le nom d’Askala Maryam à Enewari, dans la région du Shewa, Zewditu Ière d’Éthiopie incarne une figure féminine de pouvoir dans un contexte historiquement masculin. Fille de Haïlé Maryam, futur empereur Ménélik II, et de sa concubine Abitchu, Zewditu fut plongée dès sa naissance dans les intrigues politiques et les alliances stratégiques de la royauté éthiopienne.

Dès l’âge de six ans, elle est unie en mariage à Araïa Sélassié, fils de l’empereur Yohannes IV, dans un contexte de tensions politiques visant à consolider les liens entre les maisons royales. Ce mariage, cependant, prend fin tragiquement avec la mort prématurée d’Araïa Sélassié en 1888, laissant Zewditu sans époux mais non sans ambition.

De retour à la cour de Ménélik II, Zewditu se rapproche de l’impératrice Taytu, forgeant des liens qui influenceront profondément son parcours. Son mariage subséquent avec Wag Seyyum Wangshul, bien que de courte durée, lui donne une fille, marquant le début d’une série d’épreuves personnelles et de mariages tumultueux qui façonneront son caractère résilient.

La perte de sa fille en 1895 et son rôle actif aux côtés de l’impératrice Taytu durant la guerre italo-éthiopienne de 1896 révèlent une Zewditu combative et déterminée, prête à défendre son pays. Son union avec le Ras Gougsa Wellé, neveu de Taytu, bien que marquée par des accusations de maltraitance, semble avoir été une période de stabilité personnelle et de croissance intellectuelle pour Zewditu, nourrie par l’amour de son époux pour la poésie et les livres.

Retour auprès de Ménélik II et succession contestée

Zewditu Ière d'Éthiopie : vie et règne de la première Negusse Negest
Gravure représentant Menelik II, accompagné de son entourage, inspectant le chemin de fer.

Après la disparition de l’empereur Yohannes, Haïlé Maryam monte sur le trône en 1889, devenant Ménélik II, architecte de l’Éthiopie moderne. Près de deux décennies plus tard, Zewditu se retrouve aux côtés de son père affaibli par une apoplexie, veillant sur lui avec l’impératrice Taytu jusqu’à son décès en 1913. Cette période marque un tournant dans la vie de Zewditu, la plaçant au cœur des intrigues de succession.

Le testament de Ménélik II désigne Iyasu, fils de sa deuxième fille, comme son héritier. Cependant, une manœuvre habile de Taytu permet à Zewditu d’être considérée comme co-successeur, bien que les dignitaires loyaux à Ménélik et son testament favorisent Iyasu. Sans héritier direct, Zewditu voit son chemin vers le trône se compliquer. Iyasu est couronné empereur en décembre 1913, à seulement 16 ans, tandis que Zewditu et son époux, le Ras Gugsa Wellé, sont relégués dans un couvent, éloignés des sphères du pouvoir.

Montée au trône et règne de Zewditu Ière

Zewditu Ière d'Éthiopie : vie et règne de la première Negusse Negest
Le sceau royal de l’impératrice Zewditu

En 1916, la popularité d’Iyasu, successeur désigné de Ménélik II, s’effondre auprès de l’élite dirigeante éthiopienne, en partie à cause de sa présumée inclination vers l’islam. Cette situation conduit à un coup d’État qui propulse Zewditu sur le trône en tant que Negiste Negest, ou « reine des rois » d’Éthiopie, marquant un tournant décisif dans l’histoire politique du pays. La victoire à la bataille de Segale cimente son accession au pouvoir.

Cependant, Zewditu se voit assigner un régent, Ras Tafari Makonnen, le futur empereur Haile Selassie Ier. Les circonstances de cette décision restent floues, mais elles reflètent les complexités du pouvoir et les dynamiques de succession au sein de la royauté éthiopienne. Zewditu, choisissant de se consacrer à sa foi et aux traditions, déclare son intention de rester célibataire et se sépare de son mari, le Ras Gugsa Wellé, désormais confiné à sa province de Gondar.

Sous le règne de Zewditu, l’Éthiopie connaît une période de conservatisme religieux, avec un accent mis sur la construction d’églises et le maintien des pratiques traditionnelles. Pendant ce temps, Ras Tafari, agissant en tant que régent, initie une série de réformes modernisatrices, préparant le terrain pour son futur règne en tant que Haile Selassie Ier.

La tension entre les visions conservatrice et réformatrice atteint son apogée en 1930, lorsque Gugsa Wellé se rebelle contre Tafari, une révolte qui se termine par sa mort. Peu après, elle décède dans des circonstances mystérieuses, ouvrant la voie à l’ascension de Tafari au titre de Negus Negest, roi des rois, sous le nom de Haile Selassie.

Zewditu Ire, bien que moins influente que sa belle-mère Taytu, a marqué l’histoire en tant que chef d’État, une position rarement occupée par des femmes en Afrique et dans le monde au XXe siècle. Son règne, bien que dominé par les figures masculines de son entourage, reste un chapitre significatif dans le riche héritage de la monarchie éthiopienne.

Zewditu Ière d’Éthiopie : un héritage de résilience et de dévotion

L’impératrice Zewditu avec l’un de ses prêtres favoris

En conclusion, l’histoire de Zewditu Ière d’Éthiopie incarne un chapitre fascinant de la monarchie éthiopienne, illustrant la complexité des dynamiques de pouvoir et le rôle des femmes dans la gouvernance au début du XXe siècle. Bien que son règne ait été marqué par des tensions politiques et des défis internes, elle a su maintenir l’héritage de son père, Ménélik II, tout en naviguant dans les eaux tumultueuses de la transition vers la modernité. Sa décision de se consacrer à la vie religieuse et de se séparer de son mari reflète son engagement envers ses convictions personnelles et sa nation, malgré les pressions politiques et sociales de l’époque.

La période de Zewditu comme Negiste Negest d’Éthiopie prépare le terrain pour l’avènement de Haile Selassie Ier, dont les réformes transformeront profondément le pays. Son histoire souligne l’importance des figures féminines dans l’histoire africaine, souvent négligées dans les récits dominants. Zewditu Ire reste un symbole de résilience et de dévotion, une reine qui a navigué avec grâce à travers les défis de son époque pour laisser une empreinte indélébile sur l’histoire éthiopienne. Son héritage continue d’inspirer et de rappeler l’importance de la diversité des voix dans la narration de l’histoire de l’Afrique.

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