Wall Street : le lien historique entre l’esclavage et le capitalisme

Au cœur de New York, Wall Street est le symbole de la puissance financière et de la grandeur capitaliste. Cependant, sous ses gratte-ciels imposants se cache une histoire rarement racontée qui entrelace les origines de ce district financier avec l’héritage sombre de l’esclavage.

Wall Street, reconnue mondialement comme le cœur battant de la finance internationale, dissimule derrière son éclat une histoire méconnue et complexe. Cette artère emblématique de New York, bien plus qu’un simple quartier financier, est le reflet d’un passé profondément ancré dans l’esclavage, dont l’impact résonne encore aujourd’hui. Pour appréhender pleinement la dynamique actuelle de Wall Street, il est crucial de remonter à ses origines, à une époque où les Africains et leurs descendants ont joué un rôle déterminant, bien que souvent occulté, dans sa fondation.

Loin d’être une simple page d’histoire, la genèse de Wall Street est un chapitre essentiel pour comprendre les racines de l’inégalité raciale et de l’oppression économique qui perdurent dans notre société. Reconnaître et explorer ce passé est une étape indispensable pour saisir la complexité de Wall Street et les défis qu’elle pose aujourd’hui en matière de justice et d’équité.

L’Histoire méconnue des fondations de Wall Street

Le mur de la Nouvelle-Amsterdam représenté sur les carreaux de la station de métro Wall Street

L’histoire de Wall Street commence au 17ème siècle, lorsque New York était une colonie néerlandaise connue sous le nom de Nouvelle-Amsterdam. La Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, puissante entreprise capitaliste et première à être cotée en bourse, était à l’avant-garde de l’impérialisme colonial. Un élément intégral de ses opérations était la traite transatlantique des esclaves, qui amenait des Africains à Nouvelle-Amsterdam comme travailleurs asservis. Ces individus ont construit le mur qui a donné son nom à Wall Street, initialement érigé pour la protection contre les tribus amérindiennes déplacées par la colonisation néerlandaise.

Du marché d’esclaves au centre financier

Dessin du marché aux esclaves de New York vers 1730, publié dans A History of the American People (1902-1903).

Le 13 décembre 1711, les officiels de la ville de New York ont établi le premier marché aux esclaves officiel sur Wall Street, marquant le début d’un bénéfice économique direct tiré de la traite des esclaves. Ce marché est devenu la pierre angulaire de l’économie locale, avec New York qui a finalement émergé pour devenir une capitale économique mondiale grâce à son implication significative dans l’esclavage.

Les banques de Wall Street et la traite des esclaves

Plusieurs institutions de Wall Street, y compris la Wachovia Bank of North Carolina, J.P. Morgan Chase, Bank of America, Royal Bank of Scotland, et la désormais défunte Lehman Brothers, ont profité de manière significative de l’esclavage. Ces banques et compagnies d’assurances fournissaient des prêts aux propriétaires d’esclaves et acceptaient les esclaves comme garantie, prenant souvent leur possession en cas de défaut de paiement. Des polices d’assurance étaient également émises pour couvrir la « perte » d’esclaves durant le transport, en particulier à travers le Passage du Milieu.

L’héritage de l’exploitation et de la richesse

Wall Street
Traite des noirs. Un marchand d’esclaves tente de négocier un homme que se disputent deux propriétaire tandis que la femme et l’enfant de l’esclave sont mis a l’écart. Lithographie de George Morland (1763-1804), 18eme siècle. La Rochelle, Musée Du Nouveau Monde

L’exploitation des Africains asservis a facilité l’accumulation de richesses pour les familles, entreprises et états européens/américains. Cette exploitation historique est une raison fondamentale derrière les disparités entre les pays occidentaux et africains aujourd’hui.

Les mots de Malcolm X du 20 décembre 1964 résonnent avec l’histoire de Wall Street :

« Le capitalisme se nourrit du sang d’autrui. Montrez-moi le capitalisme, et je vous montrerai le vampire.« 

Le savoir comme outil d’émancipation

Comprendre les liens historiques entre Wall Street et l’esclavage n’est pas seulement un exercice académique. C’est un appel à utiliser ce savoir pour l’émancipation et l’élévation des populations d’ascendance africaine à travers le monde.

Pour plus d’aperçus et de perspectives historiques, suivez notre couverture sur Black Wall Street.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

News

Inscrivez vous à notre Newsletter

Pour ne rien rater de l'actualité Nofi ![sibwp_form id=3]

You may also like