La République de Namibie, terre de 825 418 km2, est la dernière colonie africaine qui accède à l’indépendance, le 21 mars 1990.
La Namibie, un pays d’une beauté saisissante et d’une histoire riche, a traversé un long chemin vers l’indépendance, marqué par des luttes, des sacrifices et une résilience inébranlable. Située sur la côte sud-ouest de l’Afrique, elle partage ses frontières avec des nations telles que l’Angola, la Zambie, le Botswana et l’Afrique du Sud, se dressant fièrement comme un témoignage de la diversité et de la richesse culturelle du continent africain. De sa période en tant que colonie allemande à son administration sous le régime de l’apartheid par l’Afrique du Sud, la Namibie a enduré des épreuves qui ont façonné son identité nationale et son aspiration à la liberté.
Cet article explore le parcours tumultueux de la Namibie vers l’indépendance, soulignant les moments clés qui ont conduit à ce jour historique du 21 mars 1990, lorsque la nation a enfin brisé les chaînes du colonialisme pour forger son propre destin.
L’Histoire de l’indépendance de la Namibie
La colonisation et la lutte pour la liberté
Le 21 mars 1990 marque un tournant historique pour la Namibie avec sa proclamation d’indépendance, concluant ainsi un parcours de décolonisation long et complexe. Avant d’atteindre ce jalon de liberté, ce territoire était désigné sous le nom de Deutsch-Südwestafrika (Sud-Ouest africain Allemand)1. La Namibie se distingue en étant le dernier pays africain à se libérer du joug colonial.
Située dans la région australe de l’Afrique, la Namibie se trouve sur la côte sud-ouest du continent. Elle est bordée par l’Angola et la Zambie au nord, le Botswana à l’est, et l’Afrique du Sud au sud.
De 1884 à 1915, la Namibie fut une colonie allemande avant de devenir un protectorat de l’Afrique du Sud en 1920, période durant laquelle elle fut soumise au régime de l’apartheid.
Les ombres du passé : le génocide des Héréros et des Namas
Le génocide des Héréros2 et des Namas3, survenu entre 1904 et 1908, demeure l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale en Namibie, alors sous domination allemande. Ce tragique événement est considéré comme le premier génocide du XXe siècle, marquant profondément l’histoire et la mémoire collective du peuple namibien.
La révolte des Héréros, suivie par celle des Namas, contre les colons allemands fut motivée par les expropriations de terres, les injustices et les mauvais traitements infligés par les autorités coloniales. En réponse, l’Empire allemand lança une campagne militaire brutale pour réprimer ces soulèvements, sous le commandement du général Lothar von Trotha4. Von Trotha émit un ordre d’extermination, déclarant que tout Héréro trouvé dans les frontières coloniales serait exécuté.
Des milliers de Héréros et de Namas furent tués lors des combats, tandis que d’autres moururent de déshydratation et de famine après avoir été forcés de fuir dans le désert du Kalahari. De plus, un nombre significatif de survivants furent placés dans des camps de concentration, où ils subirent des travaux forcés, des expériences médicales et des conditions de vie inhumaines, conduisant à davantage de décès.
La brutalité de cette répression a eu des répercussions durables sur la structure démographique et sociale de la Namibie. Le génocide a non seulement décimé une grande partie des populations Héréros et Namas mais a également laissé des cicatrices profondes qui influencent encore aujourd’hui les relations entre les communautés et avec l’État namibien.
Le rôle de la SWAPO et le soutien international
En 1973, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a officiellement reconnu la South West Africa People’s Organisation (SWAPO)5 comme le représentant légitime du peuple namibien. La SWAPO, un mouvement de libération majeur en Namibie, a adopté une approche socialiste et indépendantiste pour combattre la domination sud-africaine à travers une lutte armée initiée dans les années 1960, avec le soutien significatif de l’Angola et de Cuba.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a franchi une étape décisive en 1978 en adoptant la résolution 435, qui lançait officiellement le processus vers l’indépendance de la Namibie. Malgré une période initiale de résistance durant la décennie conflictuelle de 1978 à 1988, cette mesure politique a finalement été mise en œuvre.
Cela a conduit à la signature d’accords historiques entre l’Afrique du Sud, l’Angola, et Cuba en décembre 1988, pavant la voie à des élections en novembre 1989. Ces élections, remportées par la SWAPO, ont mené à l’élaboration et à l’adoption d’une nouvelle Constitution le 9 février 1990, marquant une étape cruciale vers l’indépendance de la Namibie.
La proclamation d’indépendance et ses symboles
Pour marquer l’importante proclamation d’indépendance, une cérémonie grandiose a été organisée le 21 mars 1990 dans un stade à Windhoek, la capitale namibienne. Cette célébration a vu la participation de près de 20 000 citoyens namibiens et a été honorée par la présence de délégations de quelque 70 pays africains. Parmi les invités distingués se trouvait Nelson Mandela6, fraîchement libéré de prison. Lors de cet événement historique, le président Samuel Nujoma7 a proclamé avec fierté :
« La dernière colonie d’Afrique est, dès aujourd’hui, libérée ! Désormais, le futur de notre nation repose entre nos mains. »
En conclusion, l’histoire de l’indépendance de la Namibie est un récit puissant de détermination, de lutte et d’unité. Le chemin parcouru par la Namibie, de la colonisation à la libération, est un témoignage éloquent de la force de l’esprit humain face à l’adversité. La cérémonie du 21 mars 1990 à Windhoek n’était pas seulement la célébration de la naissance d’une nation, mais aussi un moment de reconnaissance pour les sacrifices consentis par ceux qui ont lutté pour la liberté. Avec des figures emblématiques comme Samuel Nujoma et Nelson Mandela illuminant cette transition historique, la Namibie a démontré au monde entier la possibilité d’un avenir fondé sur l’égalité, la justice et l’autodétermination.
Aujourd’hui, en regardant en arrière, nous sommes rappelés de l’importance de préserver ces valeurs et de continuer à œuvrer pour un monde où chaque nation et chaque peuple a le pouvoir de contrôler son destin. La Namibie, autrefois la dernière colonie d’Afrique à accéder à l’indépendance, brille désormais comme un phare d’espoir et de progrès.
Notes et références
- Deutsch-Südwestafrika : Nom donné à l’actuelle Namibie lorsqu’elle était une colonie de l’Empire allemand, de 1884 à 1915. ↩︎
- Héréros : Groupe ethnique majoritairement pastoral, vivant dans la partie centrale de la Namibie. Ils ont été les principaux acteurs de la révolte de 1904 contre les colons allemands. ↩︎
- Namas : Groupe ethnique de la Namibie et de l’Afrique du Sud, également connu sous le nom de Khoikhoi. Ils se sont joints à la révolte des Héréros contre les Allemands en 1905. ↩︎
- Lothar von Trotha (1848-1920) : Général allemand responsable de la répression brutale de la révolte des Héréros et des Namas, ayant mené à ce qui est considéré comme le premier génocide du XXe siècle. ↩︎
- South West Africa People’s Organisation (SWAPO) : Mouvement de libération national qui a joué un rôle déterminant dans la lutte pour l’indépendance de la Namibie contre la domination sud-africaine. Fondée en 1960, la SWAPO est devenue le principal parti politique de Namibie après l’indépendance en 1990. ↩︎
- Nelson Mandela (1918-2013) : Leader anti-apartheid et figure emblématique de la lutte pour la liberté en Afrique du Sud. Sa présence à la cérémonie d’indépendance de la Namibie en 1990 symbolisait le soutien panafricain à la cause namibienne. ↩︎
- Samuel Nujoma (Née le 12 mai 1929) : Premier président de la Namibie indépendante, ayant servi de 1990 à 2005. En tant que fondateur et leader de la SWAPO, Nujoma a été une figure clé dans le mouvement d’indépendance du pays. ↩︎