Découvrez l’histoire captivante de la Guerre Anglo-Zoulou de 1879, un conflit emblématique qui a opposé l’Empire britannique au royaume zoulou en Afrique du Sud, marquant un moment décisif dans les luttes de résistance africaine contre le colonialisme.
En 1879, le continent africain fut le théâtre d’un affrontement historique entre l’Empire britannique, en quête d’expansion coloniale, et le fier royaume zoulou, déterminé à défendre son indépendance. La Guerre Anglo-Zoulou, bien plus qu’un simple conflit militaire, symbolise la résistance acharnée et le courage d’un peuple face aux ambitions impérialistes européennes. Cet article plonge au cœur de cette période tumultueuse, explorant les causes profondes, les moments clés et l’héritage durable de cette guerre qui a marqué à jamais l’histoire de l’Afrique du Sud et de ses peuples.
Au commencement : les racines de la guerre Anglo-Zoulou
La guerre anglo-zouloue, qui s’est déroulée du 11 janvier au 4 juillet 1879 en Afrique du Sud, fut un affrontement majeur entre l’Empire britannique et le KwaZulu1. L’origine de ce conflit trouve ses racines dans les ambitions britanniques sur le territoire zoulou. En effet, les Britanniques voyaient dans la population zouloue une source de main-d’œuvre potentielle pour les mines de diamants sud-africains. De plus, ils nourrissaient le projet de créer une fédération sud-africaine englobant le royaume zoulou, dans le but d’unifier la région sous leur contrôle. Cette ambition s’accompagnait également d’une volonté de régler les revendications territoriales des Boers2, ces colons d’origine néerlandaise, sur des terres occupées par les Zoulous.
Ces visées expansionnistes britanniques allaient inévitablement entrer en collision avec la souveraineté et l’indépendance du royaume zoulou, déclenchant ainsi l’une des confrontations les plus emblématiques de l’histoire coloniale en Afrique du Sud.
Le roi du royaume zoulou, Cetshwayo3, refusa catégoriquement de se plier au contrôle britannique. Au lieu de cela, il mobilisa une armée impressionnante de près de 60 000 hommes. En décembre 1878, Sir Bartle Frere4, le Haut-Commissaire britannique en Afrique du Sud, lança un ultimatum à Cetshwayo. Il exigeait que les Zoulous démantèlent leur système militaire en l’espace de 30 jours et versent des réparations pour des offenses présumées.
Les batailles légendaires
Lorsque l’ultimatum fut rejeté, en janvier 1879, les troupes britanniques, sous le commandement de Lord Chelmsford, se mirent en marche vers le KwaZulu. Le 12 janvier 1879, un premier accrochage eut lieu à Sihayo’s Kraal5. Les forces britanniques, dirigées par Lord Chelmsford, affrontèrent les Zoulous commandés par Mkumbikazulu kaSihayo6, qui fut tué au combat, conduisant à une victoire britannique.
Le 22 janvier, Britanniques et Zoulous se rencontrèrent dans ce qui allait entrer dans l’histoire sous le nom de la bataille d’Isandlwana. L’armée britannique, forte de 1 800 hommes, affronta une armée zouloue de quelque 20 000 guerriers, menée par Ntshingwayo Khoza7. Malgré leur supériorité militaire en termes d’équipement, les Britanniques subirent une défaite cinglante face aux Zoulous, un revers si humiliant qu’il fut comparé par certains experts militaires à la défaite du général George Armstrong Custer à la bataille de Little Big Horn, dans le territoire du Montana, aux États-Unis, en 1876.
Plus tard dans la journée, Dabulamanzi kaMpande, frère de Cetshwayo, prit la tête des troupes zouloues à Rorke’s Drift, dans la province du Natal, face aux forces britanniques dirigées par John Chard et Gonville Bromhead. Ce conflit, plus tard nommé la bataille de Rorke’s Drift, vit 140 réguliers de l’armée britannique repousser 4 000 guerriers zoulous.
Le prochain grand affrontement de la guerre, la bataille d’Intombe, eut lieu le 12 mars 1879. Le prince zoulou Mbilini waMswati et le commandant britannique David Moriarty menèrent leurs forces respectives dans la bataille. Le commandant britannique Moriarty fut tué, entraînant une victoire zouloue.
D’autres affrontements marquèrent également la guerre anglo-zouloue, tels que la bataille de Hlobane, la bataille de Kambula, la bataille de Gingindlovu, le siège d’Eshowe, l’escarmouche de la montagne Zungeni, et enfin la bataille d’Ulundi. Cette dernière, survenue le 4 juillet 1879, fut le dernier grand combat de la guerre anglo-zouloue. Elle se solda par une victoire britannique, Lord Chelmsford venant à bout de Cetshwayo et de son armée, marquant ainsi le terme de ce conflit.
Les répercussions du conflit
Après la bataille d’Ulundi, l’armée zouloue se dispersa. Cetshwayo fut contraint à la fuite, devenant un fugitif, jusqu’à sa capture le 28 août 1879. Il fut ensuite envoyé au Cap, en Afrique du Sud. Le Zululand fut quant à lui intégré à l’Empire britannique.
Un héritage cinématographique
En 1964, la guerre anglo-zouloue fut portée à l’écran pour la première fois, avec les acteurs britanniques Stanley Baker et Jack Hawkins en vedette. Ce film retraçait les événements de la bataille de Rorke’s Drift. En 1979, le film « Zulu Dawn » sortit, décrivant les événements de la bataille d’Isandlwana.
Une leçon d’Histoire
La Guerre Anglo-Zoulou de 1879 reste gravée dans la mémoire collective comme un symbole puissant de résistance et de fierté africaine. Malgré l’issue tragique pour le royaume zoulou, ce conflit a mis en lumière la bravoure et la détermination d’un peuple luttant pour sa terre et sa souveraineté. Aujourd’hui, l’histoire de cette guerre nous rappelle l’importance de préserver la mémoire des luttes passées, tout en nous inspirant à poursuivre le combat pour la justice et l’égalité. En revisitant ce chapitre crucial de l’histoire africaine, nous rendons hommage à ceux qui ont combattu avec vaillance et nous réaffirmons notre engagement envers un avenir où chaque nation peut prospérer librement et fièrement.
Notes et références
Les informations fournies dans cet article s’appuient sur plusieurs sources fiables et reconnues pour leur expertise sur le sujet de la Guerre anglo-zouloue. Parmi ces sources, on compte :
- Encyclopædia Britannica : Un article détaillé sur la Guerre anglo-zouloue, disponible sur Britannica, qui offre un aperçu historique complet et des analyses sur les causes, le déroulement et les conséquences du conflit.
- South African History Online : Une ressource précieuse qui propose un article sur les guerres anglo-zouloues de 1879 à 1896, accessible sur SAHO. Cette source met en lumière les différentes phases du conflit et son impact sur l’histoire sud-africaine.
- Chris Peers : L’ouvrage Rorke’s Drift and Isandlwana: 22nd January 1879: Minute by Minute (Newbury, Berkshire, United Kingdom: Greenhill Books, 2021) de Chris Peers offre une narration captivante et détaillée des événements de la Guerre anglo-zouloue, en se concentrant particulièrement sur les batailles emblématiques de Rorke’s Drift et d’Isandlwana. Ce livre apporte un éclairage minutieux sur les stratégies militaires, les figures clés et les moments décisifs du conflit.
- KwaZulu : Région historique au sein de l’actuelle province du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, KwaZulu était le cœur du royaume zoulou pendant et avant la Guerre anglo-zouloue. Cette région est significative pour son rôle central dans l’histoire et la culture zouloue. ↩︎
- Boers : Désigne les descendants des premiers colons européens, principalement néerlandais, qui se sont établis à la pointe sud de l’Afrique au XVIIe siècle. Les Boers ont par la suite fondé les républiques du Transvaal et de l’Orange, et ont été impliqués dans les Guerres des Boers contre l’Empire britannique. ↩︎
- Cetshwayo kaMpande (c. 1826 – 1884) : roi de la nation zouloue de 1873 jusqu’à sa défaite lors de la Guerre anglo-zouloue en 1879. Sa résistance contre les tentatives britanniques de subjugation est un élément clé de l’histoire zouloue. ↩︎
- Sir Henry Bartle Edward Frere (1815 – 1884) : Haut-commissaire britannique pour l’Afrique du Sud de 1877 à 1880, est souvent critiqué pour avoir exacerbé les tensions qui ont mené à la Guerre anglo-zouloue, notamment par l’émission d’un ultimatum irréaliste au roi Cetshwayo. ↩︎
- Sihayo’s Kraal : Village fortifié appartenant à Sihayo kaXongo, un chef zoulou dont les actions et celles de sa famille ont contribué aux tensions préliminaires à la Guerre anglo-zouloue. Le kraal fut l’un des premiers sites d’affrontement dans le conflit. ↩︎
- Mkumbikazulu kaSihayo : Fils de Sihayo, Mkumbikazulu est impliqué dans l’incident qui a servi de casus belli pour les Britanniques. Son rôle dans l’enlèvement présumé d’une femme qui avait fui pour échapper à un mariage arrangé a été l’un des prétextes utilisés par les Britanniques pour justifier l’ultimatum à Cetshwayo. ↩︎
- Ntshingwayo Khoza : Commandant en chef de l’armée zouloue lors de la victoire décisive contre les forces britanniques à la bataille d’Isandlwana en 1879. Ntshingwayo a joué un rôle crucial dans l’organisation et la stratégie militaire qui ont mené à l’une des plus grandes défaites de l’armée britannique. ↩︎