La confiance : la base du développement économique

Nofi vous propose la traduction d’un article de Cédric Muhammad, ancien directeur général de la gestion du « Wu-Tang », qui traite de l’importance de la notion de confiance en matière de business.

La confiance : la base du développement économique

« (… ) en matière d’économie, il y a trop de méfiance entre nous. Nous avons confiance en tout le monde, sauf en nous-mêmes. Par conséquent, nous devons construire ou produire la confiance en nous-mêmes afin de faire quelque chose pour nous-même et les nôtres ».

~ L’Honorable Elijah Muhammad, “Message To The Blackman

Par Cedric Muhammad  Trop souvent, nos discussions sur la puissance économique commencent en mettant l’accent sur l’argent, sans comprendre que l’argent représente uniquement les liens, accords et valeurs. Sans le savoir, nous utilisons vraiment l’argent presque comme le langage : un moyen symbolique pour communiquer et lier les uns aux autres. Si je dresse une liste d’articles que je veux à partir d’une liste d’épicerie, je n’ai pas à produire chaque article moi-même ou faxer la liste aux producteurs de chaque article. Si je vis dans une grande ville, je n’ai qu’à me rendre dans un supermarché ou même une supérette et présenter une devise quelconque (Dollars américains, euros, yens japonais, rands sud-africain) à hauteur du prix que le propriétaire du magasin désire.

La confiance : la base du développement économique

L’argent nous permet de faire trois choses :

  • donner un prix ou de la valeur à un bien ou un service (unité de compte)
  • économiser pour un jour à venir (réserve de valeur)
  • échanger des biens et des services (moyen d’échange).

Cela nous renseigne toujours sur quelque chose. La plupart des gens (qui se concentrent uniquement sur l’argent ou la science de la gestion de celui-ci, la finance) pensent qu’ils ont une bonne compréhension de l’économie. Mais ils semblent oublier que l’argent, sous ces trois formes, n’est qu’un symbole ou un signe de quelque chose d’autre: une relation ou interaction, un accord ou un contrat, ou un système de valeurs.

Par conséquent, la clé de la compréhension de l’économie n’est pas seulement la finance, mais la réalité sous-jacente que la finance est un signe de la qualité des relations et l’exactitude des informations.

En somme, le développement économique se déroule à son plus haut niveau dans une société et une communauté lorsque le niveau de confiance, l’exactitude de l’information, et l’honnêteté dans la transmission est élevée.

Cela n’est possible que lorsque, non seulement les individus, mais aussi leurs interactions sociales, sont marqués par une grande moralité, une compétence professionnelle, et une excellente communication. Grâce à (ou à cause de cela) un système de haute éthique, à la solidarité, le commerce se développe.

S’il y a une chose que la vie et les affaires m’ont apprise lors de mes voyages personnels, professionnels et spirituels, c’est que l’on ne peut pas construire quelque chose ayant un impact durable (une relation, des affaires, ou une institution) sans confiance.

La confiance : la base du développement économique

C’est ce qui cimente l’amour. C’est l’objectif de tous les contrats. Et c’est le fruit du devoir et de la responsabilité.

La confiance est très précieuse parce qu’elle est le lien entre le passé, le présent et l’avenir.

Cela nous donne confiance en ce qui nous attend, car elle est lié à la cohérence de ce qui est venu avant, et est ancrée dans la fiabilité de notre réalité actuelle.

De tous les chapitres de mes trois volumes de livres, “The Entrepreneurial Secret: Starting A Business Without A Bank Loan, Collateral or Revenue” sans doute le plus fascinant et provocateur est un chapitre de «Volume 1: L’économie politique, “The Secret Of Kinship Systems and Group Economics”, qui relie les perspectives de réussite de l’entrepreneur d’aujourd’hui, aux histoires passées de la façon dont les communautés ethniques et religieuses immigrantes ont développé et prospéré en raison de leurs pratiques de l’épargne. Ces traditions culturelles de la mise en commun de l’argent (que les partenaires soient Jamaïcains, immigrants coréens, de la communauté juive ou de la communauté ouest-africaine), tout tourne autour du principe que la parole donnée et que l’union fait la force, puisque la somme du groupe est plus grande que les parties individuelles.

Ainsi, le succès de ces institutions dans le financement des entrepreneurs de talent est basé sur le groupe trouvant les entrepreneurs les plus dignes de confiance avec les meilleures idées ?

Non.

La confiance : la base du développement économique

Ce n’est pas le caractère de la personne qui reçoit l’argent qui est l’attribut le plus important dans le dispositif, c’est, au contraire, le fait qu’il y ait d’autres dans le groupe qui soient prêts à garantir que la personne réussira grâce au prêt ou à l’investissement. La beauté du dispositif, c’est que même si une personne a un mauvais crédit, et un passé plein de fautes et d’erreurs, son intérêt à maintenir de bonnes relations avec ceux qui sont prêts à se porter garants pour lui, est suffisant pour l’ensemble du groupe pour lui faire confiance avec leur argent.

Le groupe comprend que la pression des pairs, le désir de solidarité et le sentiment qui vient avec l’adhésion ou l’appartenance et le maintien de l’unité au sein d’une société peut se substituer à des défaillances personnelles et offrir une autre façon pour les gens de faire « confiance » à l’autre.

Cette organisation sociale peut fournir la motivation à une personne digne de confiance de vouloir devenir une personne en qui les gens peuvent placer confiance et sur laquelle ils peuvent compter.

Récemment, j’ai eu la chance de mener une discussion de groupe de ma famille nucléaire et élargie sur ces principes et histoires, et ai eu l’honneur d’avoir ma mère (élevée en Jamaïque) comme témoin vedette, expliquant en détail comment la culture de l’épargne fonctionne dans la tradition des Caraïbes.

Certains membres de la famille (né en Amérique) n’en n’avaient jamais entendu parler auparavant et ont été surpris d’apprendre que tout groupe où la confiance existe, pourrait immédiatement élaborer des arrangements pour se soutenir financièrement les uns les autres.

Plus précisément, j’ai souligné trois domaines où ces principes pourraient être appliqués: extirper les membres de la famille de la pauvreté, fournir des capitaux de démarrage pour les entreprises commerciales et le financement de l’éducation des jeunes membres de la famille. Un individu a ensuite fait remarquer, « ... entendre ces conversations m’a rappelé que nous avons tant de ressources ne serait-ce que dans les cercles familiaux!« 

La confiance : la base du développement économique

Un des plus grands effets de l’esclavage, en particulier sur ceux asservis aux États-Unis d’Amérique, c’est qu’il nous a dépouillés de cette grande forme de richesse, la confiance qui est la clé pour puiser dans les « nombreuses ressources au sein du cercle familial », comme un membre de ma famille l’a dit. Comme je l’explique dans mon livre, si l’on considère que la famille et les amis sont souvent la deuxième ou troisième plus grande source de financement pour les entreprises en démarrage, on peut voir à quel point les effets de la destruction ou de la dégradation d’une famille peuvent être destructeurs et pire encore en est-il, du manque de confiance qui s’étend au-delà de la structure familiale nucléaire et dans la communauté plus large.

C’est pourquoi je préconise que tous ceux qui sont membres d’organisations et de groupes qui sont à peine plus grand qu’un clan, trouvent des moyens pour les réformer progressivement et transformer ces institutions en des systèmes de parenté, où les traditions et principes de l’économie de groupe peuvent être pratiqués.

Les communautés religieuses, fraternités et sororités, les associations professionnelles et commerciales, les équipes sportives, les groupes ethniques et même les organisations de rues (soi-disant «gangs») ont ce qu’il faut pour développer et utiliser la confiance comme un moyen pour se soutenir mutuellement de manière positive.

Tant qu’il y a du respect et de la responsabilité envers un tiers, une procédure, un ensemble commun de croyances, ou un enseignement, une philosophie, un groupe peut développer de la responsabilité et des règles qui sont nécessaires pour former une petite économie.

Récemment, j’ai fait partie d’un rassemblement où une question et commentaire fut posée à l’Honorable Ministre Louis Farrakhan en matière de développement économique. Le Ministre Farrakhan, en répondant, fit référence au problem book (une série de 34 problèmes contenus dans les leçons que les musulmans enregistrés à la Nation de l’Islam reçoivent). Le problem book décrit bien l’état misérable des Noirs en Amérique quand ils furent trouvés le siècle dernier par Maître Fard Muhammad. Par rapport à cela, le Ministre, donna un aperçu sous la forme de ce que certains peuvent appeler une question rhétorique. Il demanda si la personne qui avait posé la question (ainsi que nous tous présents) n’avait jamais remarqué que l’argent était attribué après que les problèmes ne soient résolus? La remarque du Ministre Farrakhan était claire. Nous devons résoudre les «problèmes» spirituelles et moraux avant de recevoir un avantage financier ou économique durable.

Tout cela concerne l’intérêt que chacun d’entre nous peut recevoir en utilisant correctement le Guides d’étude du Ministre “Self Improvement: The Basis For Community Development” en combinaison avec le Plan d’action économique de L’Honorable Elijah Muhammad.

La confiance : la base du développement économique

Dans les affaires et dans la vie, la confiance n’est pas tout, mais sans elle, vous n’avez rien.

Notes et références

Cedric Muhammad est un consultant d’affaires renommé, stratège politique, et économiste spécialisé dans la monnaie. Anciennement à la tête de la gestion du célèbre groupe Wu-Tang, il est désormais membre éminent du Premier Congrès de l’économiste africain au sein de l’Union africaine. Pour en savoir plus sur son travail et ses contributions significatives à l’économie et à l’entrepreneuriat, visitez Africa Prebrief. Cedric est également l’auteur de « The Entrepreneurial Secret« , un ouvrage incontournable pour les entrepreneurs en quête de succès et d’innovation. Découvrez le livre et enrichissez vos connaissances en entrepreneuriat sur theEsecret.com.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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