Découvrez l’héritage africain de l’Égypte antique à travers des témoignages d’auteurs classiques. Cet article explore les racines profondément africaines de cette civilisation emblématique, offrant une perspective enrichie sur l’histoire des Égyptiens de l’Antiquité.
Les racines africaines des Égyptiens de l’Antiquité
L’énigme des origines des Égyptiens de l’Antiquité fascine et divise historiens et chercheurs depuis des siècles. Au cœur de cette controverse, la question de leur appartenance ethnique reste particulièrement brûlante. Grâce aux récits précieux laissés par les auteurs classiques de l’Antiquité, nous sommes aujourd’hui en mesure de jeter un nouveau regard sur l’héritage africain profondément enraciné de cette civilisation emblématique.
Cet article propose une plongée dans les témoignages historiques qui réaffirment l’identité africaine des bâtisseurs de pyramides, des inventeurs de l’écriture hiéroglyphique et des pionniers de l’astronomie.
La perception des Égyptiens de l’Antiquité par les érudits de l’Antiquité
Au fil des siècles, le nord de l’Afrique a été le carrefour d’invasions multiples, façonnant un riche mélange culturel et ethnique. Cependant, les récits des érudits grecs et latins ayant foulé le sol égyptien peignent le portrait d’une population essentiellement noire. Des témoignages d’Hérodote, le « père de l’histoire« , d’Eschyle, pionnier de la tragédie grecque, et d’Aristote, philosophe emblématique, dépeignent unanimement les Égyptiens avec des caractéristiques typiquement africaines : peau noire et cheveux crépus. Ces descriptions historiques précieuses réaffirment l’ancrage africain des Égyptiens, soulignant leur intégration indéniable dans le vaste tableau des peuples africains.
Témoignages clés :
Hérodote et l’identité africaine des Égyptiens de l’Antiquité
Hérodote1, souvent célébré comme le « père de l’histoire« , a offert une perspective unique sur les Égyptiens de l’Antiquité, qu’il a décrits comme des individus noirs, profondément influencés par le climat ardent de leur terre. Dans ses écrits, Hérodote détaille comment les conditions climatiques de l’Égypte, caractérisées par l’absence de pluie et la chaleur intense, contribuent à la pigmentation foncée de ses habitants. Il souligne également la permanence des milans et des hirondelles tout au long de l’année, témoignant de l’environnement unique du pays :
« La première, et la plus forte, vient des vents ; ceux qui soufflent de ce pays-là sont chauds. La seconde se tire de ce qu’on ne voit jamais en ce pays ni pluie ni glace. S’il y neigeait, il faudrait aussi qu’il y plût ; car c’est une nécessité absolue que, dans un pays où il tombe de la neige, il y pleuve dans l’espace de cinq jours. La troisième vient de ce que la chaleur y rend les hommes noirs, de ce que les milans et les hirondelles y demeurent toute l’année (…) »
Histoire d’Hérodote, Livre II, Chapitre 2. Traduction par Pierre-Henri Larcher.
Ses récits sur les origines de l’oracle de Dodone2, basés sur l’histoire de deux colombes noires provenant de Thèbes, renforcent l’idée d’une connexion spirituelle et culturelle avec l’Afrique :
« Deux colombes noires envolées de la Thèbes des Egyptiens gagnèrent, l’une la Lybie, l’autre leur pays (Dodone) ; celle-ci se posa sur un chêne et parlant avec une voix humaine, déclara qu’il fallait établir en cet endroit un oracle de Zeus […] Le nom de colombe leur fut donné, je pense, par les Dodonéens parce qu’elles étaient étrangères et que leur langage était pour eux semblables au ramage des oiseaux. Enfin en disant que cette colombe était noire, ils veulent faire entendre que la femme était égyptienne. »
Histoire d’Hérodote, Livre II, Chapitre 57. Traduction par Pierre-Henri Larcher.
Plus convaincant encore, Hérodote évoque les Colchidiens3, affirmant leur descendance des soldats de Sésostris et notant leur peau noire et leurs cheveux crépus comme preuves irréfutables de leur héritage égyptien. Cette pratique de la circoncision, partagée uniquement parmi ces peuples, est pour lui une preuve supplémentaire de leur lien indélébile.
« Manifestement, en effet, les Colchidiens sont de race égyptienne ; mais des Egyptiens me dirent qu’à leur avis les Colchidiens descendaient des soldats de Sésostris. Je l’avais conjecturé moi-même d’après deux indices : d’abord parce qu’ils ont la peau noire et les cheveux crépus, ensuite et avec plus d’autorité, pour la raison que, seuls parmi les hommes, les Colchidiens, les Egyptiens et les Ethiopiens pratiquent la circoncision depuis l’origine. Les Phéniciens et les Syriens de Palestine reconnaissent eux-mêmes qu’ils ont appris cet usage des Egyptiens. Les Syriens, qui habitent la région du fleuve Hermodon et du Pathenios, et les Macrons, qui sont leurs voisins, disent l’avoir appris récemment des Colchidiens.
Histoire d’Hérodote, Livre II, Chapitre 104. Traduction par Pierre-Henri Larcher.
Ses observations méticuleuses et ses interactions avec les cultures locales lui ont permis de noter des pratiques telles que la circoncision, commune aux Égyptiens, aux Colchidiens et aux Éthiopiens4, suggérant une origine partagée et une profonde connexion africaine :
Ce sont là les seuls hommes qui pratiquent la circoncision et l’on peut constater qu’ils le font de la même manière que les Egyptiens. Des Egyptiens eux-mêmes et des Ethiopiens, je ne saurais dire lesquels des deux apprirent cette pratique des autres ; car c’est évidemment chez eux une chose très ancienne ; qu’on l’ait apprise en fréquentant l’Egypte, voici qui en est aussi pour moi une forte preuve : tous ceux des Phéniciens qui fréquentent la Grèce cessent de traiter les parties naturelles à l’imitation des Egyptiens et ne soumettent pas leurs descendants à la circoncision (…) »
Histoire d’Hérodote, Livre II, Chapitre 104. Traduction par Pierre-Henri Larcher.
Ces observations d’Hérodote ne sont pas seulement des récits historiques ; elles sont des témoignages vivants de l’identité africaine des Égyptiens de l’Antiquité. Elles invitent à reconnaître et à célébrer l’héritage africain comme une composante essentielle de l’histoire égyptienne, défiant les narratifs qui cherchent à séparer l’Égypte de ses racines africaines.
Les descriptions révélatrices d’Eschyle
Eschyle5, une figure emblématique de la tragédie grecque, offre dans ses œuvres un aperçu fascinant des perceptions antiques sur les Égyptiens. À travers « Les Suppliantes« , il dépeint les « Egyptiades6 » avec une clarté qui transcende les siècles, mettant en lumière leur apparence physique distincte :
« Je distingue l’équipage avec ses membres noirs sortant des tuniques blanches »
Eschyle, Les Suppliantes
Cette description, loin d’être anodine, révèle une reconnaissance explicite de la pigmentation foncée des Égyptiens, un trait indéniablement africain.
Aristote et la perception des couleurs
Aristote7, l’un des philosophes les plus influents de l’Antiquité, a exploré dans ses écrits la relation entre le physique et le caractère, s’intéressant notamment à l’influence du climat sur la couleur de peau des populations. Dans ses observations, il note spécifiquement que les Égyptiens et les Éthiopiens étaient « agan melanes » (« Αγκάν μελάνες ») ou « excessivement noirs« , attribuant cette pigmentation à l’intense chaleur de leur environnement :
« Ceux qui sont excessivement noirs sont couards, ceci s’applique aux Egyptiens et aux Ethiopiens. Mais ceux qui sont excessivement blancs sont également couards, témoin les femmes, mais la complexion qui correspond au courage est entre les deux. »
Aristote, Physionomie 6
Cette réflexion d’Aristote sur la couleur de peau et son lien avec le climat révèle une compréhension précoce des adaptations biologiques aux conditions environnementales. Toutefois, il est important de contextualiser ses commentaires sur le courage et la complexion, qui reflètent les préjugés de son époque plutôt que des vérités scientifiques.
En revisitant les écrits d’Aristote, nous sommes invités à réfléchir sur la manière dont les perceptions historiques peuvent influencer notre compréhension de l’histoire. Son analyse, bien qu’imparfaite, est un témoignage précieux de la diversité de l’humanité et un rappel que l’Égypte antique était profondément enracinée dans le continent africain.
Diodore de Sicile et Strabon ou l’héritage éthiopien dans l’Égypte antique
Les écrits de Diodore de Sicile et Strabon offrent une perspective fascinante sur les origines éthiopiennes de la civilisation égyptienne, suggérant une profonde connexion entre ces deux cultures africaines. Diodore de Sicile8, dans son œuvre monumentale, « Histoire Universelle« , rapporte que l’Éthiopie, berceau de l’humanité selon certains récits historiques, a joué un rôle crucial dans la fondation de l’Égypte :
« Les historiens rapportent que les Ethiopiens furent les premiers de tous les hommes et ils affirment que les preuves en sont évidentes (…) Les Éthiopiens disent que les Égyptiens sont une de leurs colonies qui fut menée en Égypte par Osiris. Ils prétendent même que ce pays n’était au commencement du monde qu’une mer mais que le Nil entraînant dans ses crues beaucoup de limon d’Éthiopie, l’avait enfin comblée et en avait fait une partie du continent. On voit aux embouchures du Nil une particularité qui semble prouver que toute l’Egypte est un ouvrage du fleuve. Après l’écoulement des eaux on peut remarquer tous les ans que la mer a poussé contre les rivages de gros amas de limon et que le terrain s’est augmenté.«
Diodore De Sicile, Histoire Universelle – Tome I : Livre III
Il avance que les Éthiopiens ont non seulement colonisé l’Égypte mais ont également légué à cette dernière une grande partie de leur savoir, de leurs pratiques religieuses et de leurs traditions culturelles. Selon Diodore, les Éthiopiens affirment que les Égyptiens de l’Antiquité sont issus de leur peuple, emmenés en Égypte par Osiris, et que les similitudes dans les rites funéraires, le respect des monarques divinisés, ainsi que les arts de la sculpture et de l’écriture, attestent de cette origine commune :
« Ils ajoutent que les Égyptiens tiennent d’eux, comme de leurs auteurs et de leurs ancêtres, la plus grande partie de leurs lois. C’est d’eux qu’ils ont appris à honorer leurs rois comme des dieux et à ensevelir leurs morts avec tant de pompe ; la sculpture et l’écriture ont pris naissance chez les Éthiopiens. Les Égyptiens se servent de caractères qui ne sont propres qu’à leur nation : mais les uns sont à l’usage de tout le peuple et appelés vulgaires pour cette raison ; et les autres sont sacrés et connus seulement des prêtres qui s’en transmettent l’intelligence de père en fils. »
Diodore De Sicile, Histoire Universelle – Tome I : Livre III
Cette transmission de connaissances et de traditions est considérée comme un témoignage de l’interconnexion entre les civilisations africaines et leur contribution mutuelle à l’essor de l’humanité.
Strabon9, quant à lui, renforce cette idée en notant que les Égyptiens et les Colches partagent une origine ethnique commune, suggérant des migrations depuis l’Égypte vers l’Éthiopie et la Colchide.
« Des Égyptiens se sont établis dans l’Ethiopie et dans la Colchide. »
Strabon, Géographie, Livre I, chapitre 3
Sa tentative d’expliquer la pigmentation plus foncée des Égyptiens de l’Antiquité par rapport aux Hindous souligne la diversité raciale au sein de l’ancien monde et met en lumière l’importance de l’Afrique dans l’histoire de la civilisation :
« Il n’y a aucun doute sur l’idée que Strabon se faisait de la race des Egyptiens, car il tente par ailleurs d’expliquer pourquoi les Egyptiens sont plus noirs que les Hindous, ce qui permettrait d’écarter, s’il en était besoin, toute tentative de confusion entre la race « hindoue et l’égyptienne ». »
Théodecte de Phasélis et Onésicrite cités par Strabon dans Livre XV, chapitres I et IX.
Ces récits historiques de Diodore de Sicile et Strabon ne sont pas seulement des curiosités académiques ; ils sont des rappels puissants de l’unité et de la richesse de l’héritage africain. En reconnaissant l’influence éthiopienne sur l’Égypte ancienne, nous embrassons une vision plus inclusive de l’histoire, qui honore la contribution de l’Afrique à la culture mondiale et à la civilisation humaine. Ces liens indélébiles entre l’Éthiopie et l’Égypte témoignent de la profondeur et de la complexité des racines africaines de l’Égypte, enrichissant notre compréhension de cette civilisation emblématique.
L’Égypte vue par les yeux de Champollion et Volney :
Jean-François Champollion et la vision réaliste des Égyptiens de l’Antiquité
Jean-François Champollion, célèbre pour avoir déchiffré les hiéroglyphes, a apporté une contribution inestimable à notre compréhension de la civilisation égyptienne. Ses observations minutieuses des représentations artistiques dans les tombes royales égyptiennes révèlent une classification ancienne des peuples du monde qui distingue clairement les Égyptiens, les Asiatiques, les Africains, et les Européens :
« Je me hâtai de chercher le tableau correspondant à celui-ci dans les autres tombes royales, et en le retrouvant en effet dans plusieurs, les variations que j’y observai me convainquirent pleinement qu’on a voulu figurer ici les habitants des quatre parties du monde, selon l’ancien système égyptien, savoir : 1e les habitants de l’Égypte, qui, à elle seule, formait une partie du monde, d’après le très-modeste usage des vieux peuples ; 2e les Asiatiques ; 3e les habitants propres de l’Afrique, les nègres ; 4e enfin (et j’ai honte de le dire, puisque notre race est la dernière et la plus sauvage de la série) les Européens, qui à ces époques reculées, il faut être juste, ne faisaient pas une trop belle figure dans ce monde. Il faut entendre ici tous les peuples de race blonde et à peau blanche, habitant non-seulement l’Europe, mais encore l’Asie, leur point de départ. »
Jean-François Champollion, Lettres écrites d’Egypte et de Nubie en 1828 et 1829, édition 1833, dans la 13e lettre du 26 mai 1829
Champollion note avec précision que les Égyptiens de l’Antiquité se représentaient eux-mêmes distinctement des autres groupes, affirmant ainsi leur identité africaine unique.
Dans ses lettres, Champollion décrit comment les Égyptiens se percevaient comme une partie intégrante du monde, à part entière, et comment cette représentation était cohérente à travers différentes tombes, soulignant une constance dans leur identité culturelle et ethnique. Il met en lumière la manière dont les Égyptiens et les Africains étaient représentés de façon similaire, ce qui renforce l’idée d’une appartenance commune à l’héritage africain.
« Cette manière de considérer ces tableaux est d’autant plus la véritable que, dans les autres tombes, les mêmes noms génériques reparaissent et constamment dans le même ordre. On y trouve aussi les Égyptiens et les Africains représentés de la même manière, ce qui ne pouvait être autrement : mais les Amou (les Asiatiques) et les Tamahou (les races européennes) offrent d’importantes et curieuses variantes. »
Jean-François Champollion, Lettres écrites d’Egypte et de Nubie en 1828 et 1829, édition 1833, dans la 13e lettre du 26 mai 1829
Les travaux de Champollion ne se limitent pas à une avancée linguistique ; ils offrent une fenêtre sur la manière dont les Égyptiens de l’Antiquité se voyaient dans un contexte mondial. Ses observations confirment l’ancrage africain de l’Égypte et enrichissent notre compréhension de cette civilisation emblématique. En reconnaissant l’importance de ces représentations, nous apprécions davantage la complexité de l’histoire égyptienne et son intégration dans le tissu plus large de l’histoire africaine.
Volney et la révélation du Sphinx
Le Comte de Volney, figure emblématique du XVIIIe siècle, a apporté une contribution significative à la compréhension de l’identité africaine des anciens Égyptiens. Ses observations perspicaces lors de son voyage en Égypte, notamment sur le Sphinx et les populations coptes modernes, ont renforcé l’idée que les Égyptiens de l’Antiquité étaient africains, remettant en question les classifications raciales de son époque :
« Tous ont le visage bouffi, l’œil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse : en un mot, un vrai visage de mulâtre. J’étais tenté de l’attribuer au climat, lorsque, ayant été visité le Sphinx, son aspect me donna le mot de l’énigme. En voyant cette tête caractérisée de Nègre dans tous ses traits, je me rappelai le passage remarquable d’Hérodote, où il dit : pour moi, j’estime que les Colches sont une colonie des Égyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus : c’est-à-dire que les anciens Égyptiens étaient de vrais Nègres de l’espèce de tous les naturels d’Afrique ; et dès lors, on explique comment leur sang, allié depuis plusieurs siècles à celui des Romains et des Grecs, a dû perdre l’intensité de sa première couleur, en conservant cependant l’empreinte de son moule originel.
On peut même donner à cette observation une étendue très générale et poser en principe que la physionomie est une sorte de monument propre, en bien des cas, à contester ou éclaircir les témoignages de l’histoire sur les origines des peuples (…) »
Voyage en Syrie et en Égypte, par M.C.F. Volney, Paris, 1787, Tome I, p. 74 à 77.
Volney, confronté à l’iconique Sphinx, a été frappé par ses traits distinctement africains, une observation qui l’a conduit à réévaluer l’histoire et l’origine ethnique des anciens Égyptiens. Cette prise de conscience l’a amené à soutenir que les Égyptiens étaient de « vrais Nègres« , une affirmation audacieuse qui défiait les perceptions courantes de son temps.
En plus de ses observations physiques, Volney a critiqué la manière dont l’histoire avait été écrite et interprétée, soulignant le besoin de reconsidérer les témoignages historiques sur les origines des peuples. Sa réflexion sur la transformation des caractéristiques physiques des Égyptiens de l’Antiquité au fil des siècles, due aux invasions et aux mélanges de populations, offre une perspective nuancée sur la complexité de l’identité égyptienne :
« Mais en revenant à l’Égypte, le fait qu’elle rend à l’histoire offre bien des réflexions à la philosophie. Quel sujet de méditation, de voir la barbarie et l’ignorance actuelle des Coptes issus de l’alliance du génie profond des Égyptiens et de l’esprit brillant des Grecs, de penser que cette race d’hommes noirs, aujourd’hui notre esclave et l’objet de notre mépris, est celle-là même à qui nous devons nos arts, nos sciences et jusqu’à l’usage de la parole, d’imaginer, enfin, que c’est au milieu des peuples qui se disent les plus amis de la liberté, de l’humanité, que l’on a sanctionné le plus barbare des esclavages et mis en problème si les hommes noirs ont une intelligence de l’espèce de celle des hommes blancs ! »
Voyage en Syrie et en Égypte, par M.C.F. Volney, Paris, 1787, Tome I, p. 74 à 77.
Volney a également mis en lumière la contradiction entre les idéaux de liberté et d’humanité prônés par les sociétés occidentales et la réalité de l’esclavage et du mépris envers les Africains. Son appel à reconnaître la contribution des Africains à la civilisation mondiale, y compris les arts, les sciences, et même l’usage de la parole, est un puissant rappel de l’importance de l’héritage africain dans l’histoire humaine.
L’analyse critique de Volney sur l’histoire égyptienne et sa classification raciale offre une perspective précieuse sur l’héritage africain de l’Égypte. En remettant en question les idées reçues et en valorisant les contributions africaines à la civilisation, Volney a ouvert la voie à une compréhension plus profonde et respectueuse de l’histoire égyptienne et de son contexte africain.
Vers une reconnaissance de l’héritage africain de l’Égypte antique
L’ensemble des données historiques, littéraires et archéologiques nous mène vers une conclusion indéniable : l’ancienne Égypte était profondément africaine, ses racines et son essence s’enfonçant profondément dans le sol riche du continent. Cette prise de conscience n’est pas seulement cruciale pour appréhender l’histoire égyptienne dans toute sa complexité, mais elle est également fondamentale pour une compréhension globale de l’histoire africaine.
Reconnaître l’africanité de l’Égypte ancienne nous permet de redéfinir notre vision de l’histoire, en mettant en lumière les contributions significatives de l’Afrique à la civilisation mondiale. C’est un pas vers la réparation d’un récit historique longtemps biaisé, offrant une perspective plus juste et enrichie de notre passé commun.
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Notes et références
- Hérodote (484-425 av. J.-C.) : Considéré comme le « père de l’histoire« , Hérodote était un historien grec dont les œuvres offrent un aperçu précieux sur les cultures et les sociétés de l’Antiquité. Ses descriptions des peuples, coutumes, et événements de son époque, notamment dans son œuvre majeure « Les Histoires« , restent une source essentielle pour la compréhension de l’histoire ancienne, y compris celle de l’Égypte. ↩︎
- L’oracle de Dodone : Situé en Épire, dans le nord-ouest de la Grèce actuelle, l’oracle de Dodone était l’un des plus anciens et des plus importants centres de divination de la Grèce antique. Selon Hérodote, son origine serait liée à l’Égypte, ce qui souligne les échanges culturels entre les civilisations grecque et égyptienne. ↩︎
- Colchidiens : Peuple de l’Antiquité vivant sur la côte est de la mer Noire, dans ce qui est aujourd’hui la Géorgie. Hérodote et d’autres auteurs antiques ont suggéré que les Colchidiens partageaient des origines communes avec les Égyptiens, notamment en raison de pratiques culturelles similaires comme la circoncision, renforçant l’idée d’une connexion entre les civilisations africaines et celles du bassin méditerranéen. ↩︎
- Éthiopie (Aethiopia): Historiquement, le terme « Aethiopia » était utilisé par les Grecs anciens pour désigner les terres situées au sud de l’Égypte, englobant des régions qui font aujourd’hui partie de l’Éthiopie moderne, de l’Érythrée, et du Soudan. Cette appellation dérive du grec ancien Αἰθιοπία (Aithiopía), provenant de Αἰθίοψ (Aithíops), qui signifie « visages brûlés« , en référence à la peau foncée des habitants de ces régions. L’Éthiopie antique était connue pour sa richesse et sa puissance, souvent associée à des royaumes légendaires tels que celui de la reine de Saba. Elle a joué un rôle significatif dans le commerce et les échanges culturels de l’Antiquité, en particulier avec l’Égypte, la Grèce, et Rome. Les Grecs et les Romains admiraient l’Éthiopie pour sa mystérieuse grandeur et la considéraient comme une source de sagesse. ↩︎
- Eschyle (525-456 av. J.-C.) : Dramaturge grec, Eschyle est l’un des trois grands tragédiens de l’Antiquité avec Sophocle et Euripide. Ses pièces, dont « Les Perses » et « Les Suppliantes« , sont parmi les plus anciennes tragédies grecques qui nous sont parvenues et témoignent de la profondeur de la pensée grecque ainsi que de ses interactions avec d’autres cultures, y compris l’Égypte. ↩︎
- Egyptiades : Terme utilisé par Eschyle dans « Les Suppliantes » pour désigner les fils d’Égyptos, symbolisant les envahisseurs ou les occupants étrangers. Cette référence met en évidence les thèmes de l’identité et de la résistance culturelle dans la littérature grecque ancienne, reflétant les perceptions et interactions entre Grecs et Égyptiens. ↩︎
- Aristote (384-322 av. J.-C.) : Philosophe grec, élève de Platon et précepteur d’Alexandre le Grand, Aristote a exercé une influence considérable sur le développement de la philosophie occidentale. Ses travaux couvrent divers domaines, dont la métaphysique, l’éthique, la logique, et la biologie. Ses observations sur les peuples et les climats, bien que teintées des préjugés de son époque, fournissent des indices sur la perception des Égyptiens dans l’Antiquité. ↩︎
- Diodore de Sicile (90-30 av. J.-C.) : Historien grec de l’Antiquité, auteur de la « Bibliothèque historique« , une œuvre ambitieuse qui visait à couvrir l’histoire du monde connu. Diodore fournit des informations précieuses sur les civilisations anciennes, y compris l’Égypte et l’Éthiopie, soulignant les liens culturels et historiques entre ces régions. Ses écrits sur l’origine éthiopienne des Égyptiens mettent en lumière les interactions entre les différentes civilisations africaines. ↩︎
- Strabon (64 av. J.-C. – 24 ap. J.-C.) : Géographe, philosophe et historien grec, connu pour sa « Géographie« , une description exhaustive du monde connu de son époque. Strabon offre des aperçus sur divers peuples et régions, y compris l’Égypte et l’Éthiopie, et discute de l’origine commune des Égyptiens et des Colchidiens, renforçant l’idée de l’interconnectivité des cultures anciennes. ↩︎