Démystification de la malédiction de Cham : histoire, interprétations et impacts

Certains savants modernes ont soutenu que le but original de la prétendue malédiction de Cham était de justifier l’assujettissement du peuple cananéen aux Israélites, mais dans les derniers siècles, le récit a été interprété par certains juifs, chrétiens et musulmans comme une explication pour la peau noire, ainsi que l’esclavage.

La malédiction de Cham et ses implications

Japhet, Ham et Shem : illustration de James Tissot. wikimedia.org

La « malédiction de Cham » est souvent citée comme une justification biblique pour la négrophobie et l’esclavage des Africains sub-sahariens. Cependant, une analyse approfondie révèle que les interprétations racistes de ce passage biblique sont idéologiquement motivées par la suprématie blanche.

Mais qu’est-ce donc que cette « malédiction (dite) de Cham » ? Les Africains sont-ils bibliquement maudits ? Qui sont ces fameux Chamites/Hamites ? D’où proviennent ces interprétations négrophobes ?

Origines de la malédiction de Cham

Démystification de la malédiction de Cham : histoire, interprétations et impacts
Noé accablant Cham, peinture du XIXe siècle d’Ivan Stepanovitch Ksenofontov. wikimedia.org

Le mythe erroné de la « malédiction de Cham » prend sa source dans un passage de l’Ancien Testament, précisément dans le Sefer Bereshit1, mieux connu sous le nom de Livre de la Genèse. Ce texte, qui est le premier livre de la Torah2, est un pilier fondamental pour le judaïsme, le christianisme et l’islam. Il est considéré comme tel car il narre les débuts de la création du monde par Dieu et l’émergence de l’humanité avec Adam et Ève, le premier couple selon ces traditions.

L’histoire continue avec la décimation de l’humanité par un Déluge divin, une calamité dont seuls Noé3 et sa famille sont épargnés. C’est dans ce contexte que survient la soi-disant « malédiction de Cham« , qui est le cœur de notre sujet.

La véritable cible de la malédiction

Cette malédiction est mentionnée spécifiquement dans le Livre de la Genèse, chapitre 9, versets 20 à 274 :

20 Noé commença à cultiver la terre, et planta de la vigne.

21 Il but du vin, s’enivra, et se découvrit au milieu de sa tente.

22 Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et il le rapporta dehors à ses deux frères.

23 Alors Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent sur leurs épaules, marchèrent à reculons, et couvrirent la nudité de leur père; comme leur visage était détourné, ils ne virent point la nudité de leur père.

24 Lorsque Noé se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet.

25 Et il dit: Maudit soit Canaan! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères!

26 Il dit encore: Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan soit leur esclave!

27 Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave!

Livre de la Genèse, chapitre 9, versets 20 à 27.

À quel instant précis Cham5 reçoit-il une malédiction ? En vérité, il n’est jamais maudit. La malédiction énoncée par Noé, figure importante de la Bible, ne concerne pas Cham lui-même, mais plutôt son fils Canaan. Ainsi, l’expression « malédiction de Cham » est en réalité un terme incorrect. Pour mieux comprendre la lignée des descendants de Noé, il est utile de se référer à la « Table des Nations ».

La « Table des Nations » : comprendre la généalogie biblique

Élisée Reclus, Le Tableau des Nations, généalogie des fils de Noé et leur dispersion géographique après le déluge. Canaan. In : « L’Homme et la Terre », livre 2 : Histoire ancienne. wikimedia.org

La « Table des Nations6 » est un répertoire généalogique qui détaille les descendants de Noé et leur dispersion à travers le monde après le Déluge. Présentée dans le Livre de la Genèse, chapitre 10, cette liste biblique se concentre sur les peuples et sociétés connus au moment de la rédaction du texte.

Les « Générations de Noé7 » comprennent une liste de 70 noms, représentant différentes ethnies ou lieux mentionnés dans la géographie biblique. Cette liste inclut les trois fils de Noé – Sem, Cham et Japheth – ainsi que plusieurs de leurs petits-fils, tels que Dedan, Pout, Mizraïm, Cush et Canaan, et d’autres descendants comme Nimrod, Heth, Jebus et Amorus.

Selon la « Table des Nations » et les historiens de l’antiquité qui s’en inspiraient, Cham était considéré comme l’ancêtre des peuples d’Afrique, mais aussi de ceux établis en Arabie, en Syrie/Palestine et en Mésopotamie. Cette perspective admet implicitement l’origine africaine des populations et territoires mentionnés.

L’origine exacte du nom Cham (ou Ham en hébreu) n’est pas définitivement établie, mais il est souvent associé au terme hébreu signifiant « brûlé », « noir » ou « chaud », dérivé du mot égyptien ancien « Km« , qui signifie « noir »8. Il est notable que, malgré les écrits des historiens antiques, les historiens occidentaux du XIXe siècle ont classé les Hamites/Chamites9, descendants de Cham, comme un sous-groupe de la « race caucasienne ».

Interprétation raciste de textes sacrés

Comme mentionné précédemment, la « malédiction de Cham » a été fréquemment invoquée pour justifier bibliquement l’esclavage et la négrophobie, bien que rien dans le passage de la Genèse 9:20-27 ne suggère que Cham ait été maudit ou qu’il était de couleur noire. Le Révérend Martin Luther King Jr10, figure emblématique du mouvement des droits civiques, a qualifié cette interprétation erronée de « blasphème ». Il n’a pas hésité à exprimer publiquement cette opinion lors de ses discours, dénonçant l’utilisation abusive de ce texte biblique :

« Je comprends qu’il y a des chrétiens parmi vous qui tentent de justifier la ségrégation sur la base de la Bible. Ils soutiennent que le Nègre est inférieur par nature à cause de la malédiction de Noé sur les enfants de Cham. Oh mes amis, c’est un blasphème. Ceci est contre tout ce que la religion chrétienne signifie. Je dois vous dire comme je l’ai dit tant de chrétiens avant, que dans le Christ « il n’y a ni Juif ni Gentil, il n’y a ni esclave ni libre, il n’y a ni homme ni femme, car nous sommes tous un en Christ Jésus« .

Révérend Martin Luther King Jr. ~ « Lettre de Paul aux chrétiens américains« , prononcé à l’Eglise Baptiste de Dexter Avenue, le 4 Novembre 1956 à Montgomery en Alabama.

Ibn Khaldoun11, un historien du XIIe siècle issu d’une famille andalouse d’origine arabe et souvent considéré comme le précurseur de la sociologie moderne, confirme dans son œuvre « Prolégomènes » (Al Muqqadima en arabe) l’existence d’une interprétation négrophobe de la « malédiction de Cham » :

« Quelques généalogistes n’ayant aucune connaissance de l’histoire naturelle ont prétendu que les Nègres, race descendue de Cham, fils de Noé, reçurent pour caractère distinctif la noirceur de la peau, par suite de la malédiction dont leur ancêtre fut frappé par son père, et qui aurait eu pour résultat l’altération du teint de Cham et l’asservissement de sa postérité.

Mais la malédiction de Noé contre son fils Cham se trouve rapportée dans le Pentateuque, et il n’y est fait aucune mention de la couleur noire. Noé déclare uniquement que les descendants de Cham seront esclaves des enfants de ses frères. L’opinion de ceux qui ont donné à Cham ce teint noir montre le peu d’attention qu’ils faisaient à la nature du chaud et du froid, et à l’influence que ces qualités exercent sur l’atmosphère et sur les animaux qui naissent dans ce milieu.« 

Ibn Khaldun, Al Muqqadima, 1ère Section, 3e Discours Préliminaire

Il est important de noter qu’Ibn Khaldun, malgré sa renommée en tant qu’historien et sociologue, avait des vues négrophobes marquées. Dans son œuvre « Prolégomènes », il a remis en question l’humanité des Africains sub-sahariens, les comparant à des animaux sauvages. Ses déclarations telles que « les seuls peuples à accepter l’esclavage sont les nègres, en raison d’un degré inférieur d’humanité, leur place étant plus proche du stade animal » le placent clairement parmi les défenseurs de la traite négrière et de l’esclavage des Noirs. Ces propos discréditent une partie de son œuvre, en particulier ses commentaires dénigrants envers les populations du sud du Sahara :

« Au sud de ce Nil existe un peuple noir que l’on désigne par le nom de Lemlem. Ce sont des païens qui portent des stigmates sur leurs visages et sur leurs tempes. Les habitants de Ghana et de Tekrour font des incursions dans le territoire de ce peuple pour faire des prisonniers. Les marchands auxquels ils vendent leurs captifs les conduisent dans le Maghreb, pays dont la plupart des esclaves appartiennent à cette race nègre.

Au delà du pays des Lemlem, dans la direction du sud, on rencontre une population peu considérable ; les hommes qui la composent ressemblent plutôt à des animaux sauvages qu’à des êtres raisonnables. Ils habitent les marécages boisés et les cavernes ; leur nourriture consiste en herbes et en graines qui n’ont subi aucune préparation ; quelquefois même ils se dévorent les uns les autres : aussi ne méritent-ils pas d’être comptés parmi les hommes. »

Ibn Khaldun, Al Muqqadima 3e partie, éd. Quatremère, trad. de Slane

Bien que la Bible ne mentionne jamais explicitement que Cham était de couleur noire, il a été associé à cette couleur en raison de l’étymologie de son nom, qui signifie « sombre » ou « brun ». Par la suite, certaines traditions rabbiniques, telles que celles consignées dans le Talmud babylonien, avancent que Dieu aurait maudit Cham pour avoir eu des rapports sexuels à bord de l’arche, et que cette malédiction se serait manifestée par un changement de couleur de sa peau.

« Nos Rabbins ont enseigné : Trois copulaient dans l’arche, et ils ont tous été punis – le chien, le corbeau, et Cham. Le chien fut condamné à être attaché, le corbeau expectorait [sa semence dans la bouche de son compagnon]. Et Cham fut frappé dans sa peau. » 

Talmud, Sanhedrin 108b 

Selon certaines traditions juives, Noé aurait maudit Cham pour avoir castré son père. Bien que le Talmud se concentre uniquement sur Cham, le midrash12 va plus loin en affirmant que « Kush vient de lui », faisant référence à sa couleur noire, et que la malédiction ne concernait pas seulement Cham, mais également son fils aîné Kush, identifié comme un Africain sub-saharien.

L’idée que les Africains noirs, en tant que « descendants de Cham », auraient été maudits et rendus noirs à cause de leurs péchés, était moins répandue au Moyen Âge qu’elle ne le fut durant les 18ème et 19ème siècles, période de la traite négrière transatlantique. Les nations européennes de cette époque, engagées dans le capitalisme et l’esclavage (des termes souvent utilisés de manière interchangeable), n’ont pas hésité à justifier l’esclavage, un crime contre l’humanité, par les péchés supposés de Cham. Cette justification servait à produire une idéologie conforme aux intérêts de l’élite blanche de l’époque.

La malédiction de Cham dans le contexte colonial

A Redenção de Cam (La Rédemption de Cham), du peintre galicien-brésilien Modesto Brocos, 1895, Museu Nacional de Belas Artes. Le tableau représente une grand-mère noire, une mère mulâtre, un père blanc et leur enfant quadroon, soit trois générations d’hypergamie raciale par le biais du blanchiment. wikimedia.org

Au 19ème siècle, des pseudo-scientifiques occidentaux ont classé la soi-disant race Hamitique13 comme un sous-groupe de la « race » caucasienne et de la « race » sémitique. Cette classification englobait les populations non sémitiques originaires d’Afrique du Nord et de la Corne de l’Afrique, y compris les anciens Égyptiens14.

Les partisans de la théorie Hamitique soutenaient que cette prétendue « race hamitique » était supérieure ou plus avancée que les populations dites négroïdes d’Afrique subsaharienne. Selon cette hypothèse, qui relève davantage de la fantaisie pseudo-scientifique, la majorité des réalisations significatives de l’histoire africaine auraient été l’œuvre des « Hamites » ayant migré vers l’Afrique centrale. Ces derniers auraient apporté avec eux de nouvelles coutumes, langues, technologies et compétences administratives. Au début du 20ème siècle, cette théorie jouissait d’une grande popularité.

Un anthropologue britannique, également médecin et chercheur en pathologie médicale, a affirmé que tout ce qui avait de la valeur en Afrique avait été apporté par les Hamites, considérés comme une variante de la « race blanche » :

« Les civilisations d’Afrique sont les civilisations des Hamites… Les migrants hamites étaient des Caucasoïdes pastoraux, arrivés vagues par vagues, mieux armés et d’esprit plus vif que les agriculteurs nègres à peau sombre. »

Josef Ki-Zerbo ~ « General history of Africa, II: Ancient civilizations of Africa« , 1986

Les puissances coloniales européennes ont été fortement influencées par la théorie Hamitique, ce qui a eu un impact notable sur leurs politiques coloniales au cours du XXe siècle. Le cas du Rwanda est particulièrement significatif et tragique. Durant la période coloniale, les administrateurs allemands puis belges ont manifesté une préférence pour les Tutsis par rapport aux Hutus, se basant sur cette théorie raciste infondée. Des pseudo-experts occidentaux ont avancé que ce favoritisme était un facteur clé ayant contribué au génocide Tutsi de 199415.

« Durant au moins un siècle, celui de la mainmise coloniale, l’hypothèse hamitique (…) a été une clé de voûte de l’africanisme. L’explication de tout trait culturel par l’intervention de conquérants ou d’immigrants qualifiés de «Hamites» par opposition aux «Nègres en tant que tels», est devenue un schéma récurrent et omniprésent« 

Jean-Pierre Chrétien et Marcel Kabanda ~ Rwanda racisme et génocide, 2013

Certains pseudo-scientifiques de l’époque coloniale avançaient que l’empire du Kitara16 avait été fondé par une dynastie d’origine hamitique, ce qui a servi de prétexte aux Européens pour affirmer la supériorité présumée des Tutsis sur les Hutus17. Cette affirmation était faite malgré le fait que les deux groupes parlent le kinyarwanda18, une langue bantoue. Les Tutsis étaient donc perçus comme ayant des origines hamitiques blanches, une idée basée sur leur morphologie.

Interprétations et usurpations historiques

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Cependant, les Occidentaux n’ont pas été les seuls à adopter le mythe hamitique. Plusieurs organisations militantes afro-américaines ont également réutilisé la notion d’identité hamitique, souvent pour défendre les intérêts de la communauté noire, mais parfois, comme dans la région des Grands Lacs, pour justifier l’injustifiable. Parmi les promoteurs de cette théorie, on trouve :

George Wells Parker19, un activiste politique et écrivain afro-américain, co-fondateur de la Hamitic League of the World20 [14] en 1917. Avec cette organisation, Parker visait à :

« [d’]inspirer au nègre de nouveaux espoirs, les rendre ouvertement fiers de sa race et de ses grandes contributions au développement religieux et à la civilisation de l’humanité ».

George Wells Parker ~ Children of the Sun (reprint ed.), Baltimore: Black Classic Press. (1978)

Ce nationaliste noir, fervent défenseur de la fierté africaine et du progrès économique de la communauté noire, prônait :

« [qu]’il y a cinquante ans, on n’aurait pas rêvé que la science défendrait le fait que l’Asie fut le foyer des races noires aussi bien que l’Afrique, mais cela s’est simplement fait« .

George Wells Parker ~ Children of the Sun (reprint ed.), Baltimore: Black Classic Press. (1978)
Participants au conclave du Moorish Science Temple de 1928 à Chicago. Noble Drew Ali est en blanc au premier rang au centre. wikimedia.org

Noble Drew Ali21, qui a fondé en 1913 la Moorish Science Temple of America22, a élaboré, au sein de son organisation à la fois nationaliste noire et religieuse, la notion de l’Homme Noir Asiatique23 :

« Les fils et les filles déchus de la nation asiatique d’Amérique du Nord doivent apprendre à aimer au lieu de haïr ; et connaître leur moi supérieur et leur moi inférieur. C’est l’union du Saint Coran de la Mecque pour l’enseignement et l’instruction de tous les Américains maures, etc. La clé de la civilisation était et est entre les mains des nations asiatiques. Les Maures, qui étaient les anciens Moabites, et les fondateurs de la Ville Sainte de La Mecque. »

Jazia El Hammari, « Le temple de la science maure d’Amérique, une organisation religieuse d’origine marocaine ?« , yabiladi.com, 8 mai 2017.
L’Honorable Elijah Muhammad, World Telegram & Sun photo de Stanley Wolfson. wikimedia.org

L’Honorable Elijah Muhammad24, leader de la Nation of Islam25, a également développé la théorie de l’Homme Noir Asiatique. Selon lui, une race noire supérieure, issue de la Tribu perdue des Shabazz26, possédait originellement des traits fins et des cheveux lisses. Cependant, après avoir migré vers l’Afrique centrale, cette tribu aurait perdu sa religion et serait tombée dans une « vie de jungle »27.

Défilé de l’Universal Negro Improvement Association à Harlem en 1920. Un panneau sur une voiture indique « The New Negro Has No Fear » (« Le nouveau nègre n’a pas peur »). wikimedia.org

L’Universal Negro Improvement Association (UNIA)28, fondée en 1920 par Marcus Garvey29, considérait quant à elle que les Éthiopiens30 formaient la « race mère ». Garvey croyait que la civilisation avait son origine dans une Éthiopie hamitique, une vision entrelacée d’éléments bibliques.

Plus récemment, l’idéologie du Hutu Power31 a promu la suprématie des Hutus sur les Hamites/Tutsis considérés comme des envahisseurs. Cette idéologie, découlant directement du mythe hamitique introduit par les colonisateurs belges et allemands, a mené au génocide Tutsi de 199432. Il est clair que de telles idéologies sont en totale contradiction avec les principes du panafricanisme.

La malédiction de Cham – une escroquerie intellectuelle

En réalité, la soi-disant « malédiction de Cham » concerne en fait Canaan, et rien dans le texte biblique ne suggère que Cham ait été maudit avec une peau noire, ni qu’il existe un lien entre la couleur de peau et la servitude. Cette interprétation erronée a d’abord émergé dans les écrits talmudiques, puis s’est propagée dans les traditions islamiques avant d’être adoptée par les chrétiens catholiques et protestants. Son objectif principal était de légitimer l’esclavage et la traite négrière, des crimes contre l’humanité.

Les historiens de l’antiquité, comme en témoigne la « Table des Nations », identifiaient Cham et sa descendance comme les peuples noirs habitant l’Afrique, la Palestine actuelle, la péninsule arabique et l’ancienne Perse. Cependant, face à la grandeur des civilisations noires d’Afrique et d’Asie, les historiens occidentaux de l’époque coloniale ont choisi de falsifier cette réalité, s’attribuant la paternité du patrimoine négro-africain de l’Afrabie33. Cette usurpation d’identité a engendré une idéologie fantaisiste et souvent néfaste, comme en témoigne le génocide au Rwanda en 1994.

Il est donc raisonnable de considérer que la prétendue « malédiction de Cham » et tout ce qui y est associé relève de l’une des plus grandes supercheries intellectuelles.

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Notes et références

[3] Cheikh Anta Diop ~ Nations Nègres et Culture, tome

  1. Sefer Bereshit : Connu en français sous le nom de Livre de la Genèse, le Sefer Bereshit est le premier livre de la Torah, texte sacré du judaïsme. Il est également reconnu dans le christianisme comme le premier livre du Pentateuque, la première section de l’Ancien Testament. Le Sefer Bereshit couvre les récits de la création du monde, les premiers récits de l’humanité, y compris l’histoire d’Adam et Ève, le Déluge et l’histoire des patriarches, tels qu’Abraham, Isaac et Jacob. Ce livre est fondamental pour les traditions juives, chrétiennes et islamiques, car il pose les bases des croyances sur l’origine du monde et de l’humanité. ↩︎
  2. Torah : La Torah, centrale dans la tradition juive, est un ensemble de textes sacrés composé de cinq livres, connus collectivement sous le nom de Pentateuque. Ces livres sont le Bereshit (Genèse), Shemot (Exode), Vayikra (Lévitique), Bamidbar (Nombres) et Devarim (Deutéronome). La Torah est considérée comme la loi divine révélée à Moïse sur le mont Sinaï et constitue le fondement de la loi, de l’éthique et de la théologie juives. Elle est lue et étudiée régulièrement dans les communautés juives et est au cœur des pratiques religieuses et culturelles. La Torah est également reconnue dans le christianisme comme faisant partie de l’Ancien Testament. ↩︎
  3. Noé : Figure emblématique des textes sacrés des religions abrahamiques, Noé est un personnage central du Livre de la Genèse dans la Bible hébraïque et chrétienne, ainsi que dans le Coran. Il est surtout connu pour son rôle dans l’histoire du Déluge. Selon le récit, Dieu, mécontent de la corruption et de la méchanceté de l’humanité, décide de détruire toute vie sur Terre par un grand déluge. Noé, trouvé juste et pieux aux yeux de Dieu, reçoit l’ordre de construire une arche pour sauver sa famille et un couple de chaque espèce animale. Après le déluge, Noé et sa famille sont chargés de repeupler la Terre. L’histoire de Noé est souvent interprétée comme un récit de foi, d’obéissance et de salut, et elle a une importance significative dans de nombreuses traditions culturelles et religieuses. ↩︎
  4. Livre de la Genèse, chapitre 9, versets 20 à 27 : Cette section du Livre de la Genèse, un texte fondamental de la Torah et de l’Ancien Testament, raconte un épisode impliquant Noé après le Déluge. Après avoir survécu au Déluge, Noé commence à cultiver la terre et plante de la vigne. Il consomme du vin produit à partir de ses vignes, s’enivre et se retrouve nu dans sa tente. Cham, l’un de ses trois fils, voit son père nu et en informe ses frères, Sem et Japhet, qui prennent un manteau, marchent à reculons et couvrent la nudité de leur père sans regarder. Lorsque Noé se réveille et apprend ce qui s’est passé, il maudit Canaan, le fils de Cham, en déclarant qu’il sera « l’esclave des esclaves » de ses frères. Ce passage a été interprété de diverses manières au fil des siècles et a été utilisé, notamment, pour justifier des idéologies racistes et l’esclavage. ↩︎
  5. Cham : Cham, également connu sous le nom de Ham en anglais, est une figure biblique mentionnée dans le Livre de la Genèse. Il est l’un des trois fils de Noé, les autres étant Sem et Japhet. Cham est particulièrement connu pour l’incident survenu après le Déluge, où il découvre son père, Noé, ivre et nu dans sa tente. Après avoir partagé cette découverte avec ses frères, Noé maudit Cham en maudissant son fils Canaan. Cette histoire a été interprétée de diverses manières à travers l’histoire, et certains ont erronément utilisé cet épisode pour justifier la servitude et l’infériorité des peuples africains, prétendant qu’ils descendaient de Cham. Cependant, cette interprétation est largement considérée comme une distorsion du texte biblique à des fins racistes. ↩︎
  6. Table des Nations : La Table des Nations est un passage biblique situé dans le Livre de la Genèse, chapitre 10. Elle présente une généalogie des descendants de Noé et de ses trois fils, Sem, Cham et Japhet, après le Déluge. Cette liste est considérée comme un texte ancien de géographie biblique et ethnographie, décrivant l’origine des différents groupes ethniques et nations connus à l’époque de sa rédaction. La Table des Nations est souvent étudiée pour sa représentation des relations entre divers peuples anciens et pour sa tentative d’expliquer l’origine des diverses langues et cultures dans le monde post-diluvien. Bien que son exactitude historique et ethnographique soit sujette à débat, elle reste un document important pour comprendre la vision du monde des auteurs de la Genèse. ↩︎
  7. Générations de Noé : Les Générations de Noé, mentionnées dans le Livre de la Genèse de la Bible, se réfèrent à la descendance de Noé et de ses trois fils, Sem, Cham et Japhet, après le Déluge. Cette lignée est importante dans les récits bibliques car elle est considérée comme l’origine des différentes nations et peuples de la Terre. La Bible détaille les noms des descendants de Noé et décrit comment la population de la Terre s’est diversifiée à partir de ces trois lignées. Ces généalogies sont souvent étudiées pour leur signification théologique et culturelle dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, bien que leur interprétation historique et littérale varie. ↩︎
  8. Km : Le terme « Km » est un mot de l’ancienne langue égyptienne signifiant « noir », faisant référence étymologiquement à la notion de « noirceur » ou de « brûlé » pour désigner les populations noires qui peuplaient la région. ↩︎
  9. Hamites/Chamites : Le terme « Hamites » ou « Chamites » désigne un groupe ethnique ou racial hypothétique censé descendre de Cham (Ham en anglais), l’un des fils de Noé mentionnés dans la Bible. Historiquement, cette désignation a été utilisée dans des théories raciales et ethnographiques, en particulier pendant l’époque coloniale, pour catégoriser divers peuples d’Afrique du Nord, de la Corne de l’Afrique et parfois d’autres régions africaines. Ces théories, largement discréditées aujourd’hui, classaient les Hamites comme étant plus proches des Caucasiens ou des Sémites et les considéraient comme supérieurs aux autres groupes africains. Cette classification a été utilisée pour justifier des politiques coloniales et des idéologies racistes, mais elle est rejetée par la science moderne comme étant sans fondement biologique ou anthropologique. ↩︎
  10. Martin Luther King Jr. : Né le 15 janvier 1929 et décédé le 4 avril 1968, Martin Luther King Jr. était un pasteur baptiste et militant pour les droits civiques aux États-Unis. Il est devenu l’une des figures les plus emblématiques de la lutte contre la ségrégation raciale et pour l’égalité des droits des Afro-Américains. King est célèbre pour son approche non violente et sa philosophie inspirée par Gandhi. Son discours « I Have a Dream« , prononcé lors de la Marche sur Washington en 1963, est l’un des plus célèbres de l’histoire américaine. King a reçu le prix Nobel de la paix en 1964 pour sa contribution à la lutte contre la ségrégation et l’injustice raciale. Il a été assassiné en 1968, mais son héritage continue d’inspirer les mouvements de droits civiques dans le monde entier. ↩︎
  11. Ibn Khaldoun : Ibn Khaldoun, né en 1332 et décédé en 1406, était un historien, philosophe et homme d’État arabe d’origine andalouse. Il est considéré comme l’un des précurseurs de la sociologie moderne et de l’économie. Son œuvre la plus célèbre, les « Prolégomènes » (ou « Al-Muqaddimah » en arabe), est une introduction à son histoire universelle, « Kitab al-‘Ibar« . Dans cet ouvrage, il analyse les fondements sociaux, culturels et politiques des civilisations. Ibn Khaldoun est reconnu pour ses théories sur l’histoire, la société et l’économie, qui étaient en avance sur son temps. Bien qu’il soit une figure respectée dans le domaine des sciences humaines, certains de ses écrits, notamment sur les Africains sub-sahariens, reflètent les préjugés de son époque. ↩︎
  12. Midrash : Le midrash est une méthode d’interprétation exégétique des textes bibliques dans la tradition juive. Il s’agit d’un ensemble de commentaires, d’histoires et d’anecdotes qui visent à expliquer et à éclairer les passages de la Torah et d’autres écritures sacrées. Les midrashim (pluriel de midrash) explorent les significations cachées ou sous-jacentes des textes et cherchent à appliquer les enseignements de la Bible à la vie quotidienne et aux questions morales et éthiques. Ils jouent un rôle crucial dans la littérature rabbinique et dans la compréhension juive de la Bible, en complétant souvent les récits bibliques et en offrant des perspectives diverses sur les événements et les personnages scripturaires. ↩︎
  13. Hamitique : Le terme « hamitique » se réfère à une classification linguistique et ethnique désuète, utilisée historiquement pour décrire certains peuples et langues d’Afrique, en particulier ceux d’Afrique du Nord, de la Corne de l’Afrique, et certaines parties de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique centrale. Cette classification était basée sur l’hypothèse, aujourd’hui discréditée, que ces groupes étaient descendants de Cham (Ham en anglais), l’un des fils de Noé mentionnés dans la Bible. Les théories hamitiques ont été largement utilisées pendant l’époque coloniale pour justifier des idéologies racistes et des politiques de ségrégation, en prétendant que les « Hamites » étaient culturellement et racialement supérieurs aux autres Africains. La linguistique moderne a abandonné cette classification, reconnaissant sa base non scientifique et ses implications racistes. ↩︎
  14. Giuseppe Sergi, « The Mediterranean Race », London: W Scott, 1901 ↩︎
  15. JH Speke, Journal of the Discovery of the Source of the Nile, London: Blackwoods, (1863) ↩︎
  16. Empire du Kitara : L’empire du Kitara, également connu sous le nom de Royaume de Kitara ou de Bunyoro-Kitara, est un ancien royaume légendaire qui aurait existé dans la région des Grands Lacs d’Afrique. Selon la tradition orale, il s’étendait sur des parties de l’actuelle Ouganda, du Rwanda, du Burundi et de certaines régions de la République démocratique du Congo. Bien que les détails historiques soient peu clairs et souvent entremêlés de mythes, l’empire du Kitara est considéré comme un élément important de l’histoire et de la mythologie des peuples de cette région. Il est souvent cité dans les récits historiques pour expliquer l’origine de plusieurs royaumes et groupes ethniques d’Afrique centrale. ↩︎
  17. Charles Gabriel Seligman, Races of Africa, Payot, 1935 ↩︎
  18. Kinyarwanda : Le kinyarwanda est une langue bantoue parlée principalement au Rwanda, où elle est une des langues officielles. Elle est étroitement liée au kirundi, la langue principale du Burundi voisin. Le kinyarwanda est utilisé par tous les groupes ethniques du Rwanda, y compris les Hutus, les Tutsis et les Twa, ce qui en fait un élément important de l’identité culturelle rwandaise. La langue joue un rôle crucial dans la communication quotidienne, l’éducation, les médias et les affaires gouvernementales au Rwanda. ↩︎
  19. George Wells Parker : Né en 1882 et décédé en 1931, George Wells Parker était un éminent activiste politique et écrivain afro-américain. Il est surtout connu pour avoir co-fondé la Hamitic League of the World en 1917, une organisation qui visait à promouvoir l’histoire et la culture africaines parmi les Afro-Américains. Parker était un fervent défenseur de la fierté africaine et du progrès économique pour les Noirs. Il a contribué à l’éducation et à l’élévation de la conscience historique et culturelle des Afro-Américains en mettant en lumière les contributions des Africains et de leurs descendants à la civilisation mondiale. Ses écrits et son militantisme ont joué un rôle important dans le mouvement de la Renaissance de Harlem et dans la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. ↩︎
  20. Hamitic League of the World : La Hamitic League of the World était une organisation fondée en 1917 par George Wells Parker, un activiste politique et écrivain afro-américain. Cette ligue visait à promouvoir l’idée que les personnes d’ascendance africaine, en particulier celles avec des origines est-africaines ou hamitiques, avaient joué un rôle historique significatif dans le développement des civilisations anciennes. La Hamitic League of the World s’inscrivait dans un contexte plus large de réévaluation et de revendication de l’histoire et de l’héritage africains par les Afro-Américains, en réaction aux théories racistes et à la discrimination de l’époque. Elle cherchait à renforcer la fierté et la connaissance historique parmi les communautés noires en mettant en avant leur héritage culturel et historique. ↩︎
  21. Noble Drew Ali : Né en 1886 et décédé en 1929, Noble Drew Ali, né Timothy Drew, était un leader religieux et activiste afro-américain, fondateur de la Moorish Science Temple of America en 1913. Il est reconnu pour avoir introduit les enseignements de l’islam parmi les Afro-Américains et pour avoir prôné l’identité moresque, affirmant que les Afro-Américains étaient des descendants des Maures et donc d’origine marocaine. Ses enseignements combinaient des éléments de l’islam, du nationalisme noir et de l’ésotérisme. Noble Drew Ali a joué un rôle crucial dans le développement de l’identité religieuse et ethnique des Afro-Américains au début du 20e siècle, influençant des mouvements ultérieurs tels que la Nation of Islam. ↩︎
  22. Moorish Science Temple of America : Fondé en 1913 par Noble Drew Ali, le Moorish Science Temple of America est une organisation religieuse et sociale basée aux États-Unis. Elle combine des éléments de l’islam, du nationalisme noir, et de diverses croyances ésotériques pour promouvoir l’identité et la fierté parmi les Afro-Américains. Le mouvement enseigne que les personnes d’origine africaine sont des « Maures » et donc historiquement liées aux peuples de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le Moorish Science Temple a joué un rôle important dans le développement de la conscience noire et de l’identité religieuse alternative aux États-Unis, influençant d’autres mouvements tels que la Nation of Islam. ↩︎
  23. Homme Noir Asiatique : Le concept de l’Homme Noir Asiatique est une idée promue par certaines organisations et mouvements afrocentriques, notamment la Nation of Islam. Selon cette théorie, les peuples noirs auraient des origines asiatiques et seraient les descendants d’une ancienne et avancée civilisation asiatique. Cette idée s’inscrit dans un cadre plus large visant à réévaluer et à revaloriser l’histoire et l’identité des personnes d’ascendance africaine. Bien que cette théorie ne soit pas soutenue par des preuves scientifiques ou historiques conventionnelles, elle a joué un rôle dans le mouvement de la fierté noire et dans la quête d’une identité distincte pour les Afro-Américains et d’autres personnes de la diaspora africaine. ↩︎
  24. L’Honorable Elijah Muhammad : Né Elijah Poole en 1897 et décédé en 1975, Elijah Muhammad était un leader religieux afro-américain et le successeur de Wallace D. Fard, le fondateur de la Nation of Islam. Sous la direction d’Elijah Muhammad, la Nation of Islam a connu une croissance significative et une influence considérable au sein de la communauté afro-américaine. Il a enseigné que les Noirs étaient les membres originaux de la race humaine et que les Blancs avaient été créés comme une race inférieure. Muhammad a également prôné l’auto-suffisance économique, l’indépendance et la séparation raciale. Ses enseignements ont influencé de nombreuses personnalités importantes, dont Malcolm X et Muhammad Ali. Bien que controversé, Elijah Muhammad reste une figure centrale dans l’histoire du mouvement des droits civiques et de l’islam afro-américain. ↩︎
  25. Nation of Islam : La Nation of Islam est une organisation religieuse et socio-politique afro-américaine fondée à Détroit en 1930 par Wallace D. Fard Muhammad. Elle combine des éléments de l’islam traditionnel avec des idées de nationalisme noir. La Nation of Islam a gagné en notoriété sous la direction d’Elijah Muhammad et a joué un rôle important dans la promotion de l’autonomie, de la fierté raciale et de l’identité afro-américaine. Des figures telles que Malcolm X et Muhammad Ali ont été associées à ce mouvement. La Nation of Islam prône la séparation raciale et l’auto-suffisance économique, et ses enseignements incluent la croyance en une histoire et une identité distinctes pour les Afro-Américains. Bien que controversée, la Nation of Islam a eu un impact significatif sur le mouvement des droits civiques et la culture afro-américaine. ↩︎
  26. Tribu perdue de Shabazz : La Tribu perdue de Shabazz est un concept issu des enseignements de la Nation of Islam, une organisation religieuse afro-américaine. Selon cette croyance, la Tribu des Shabazz était un groupe ancien et puissant d’origine africaine, caractérisé par une grande sagesse et des capacités avancées. Cette tribu est souvent décrite comme ayant des traits physiques distincts et est considérée comme ayant joué un rôle important dans l’histoire et l’évolution des peuples noirs. La notion de la Tribu perdue de Shabazz est utilisée pour souligner la grandeur et la noblesse de l’histoire africaine, contrastant avec les récits d’oppression et de souffrance. Cependant, cette idée n’est pas reconnue dans les cercles académiques traditionnels et est spécifique aux enseignements de la Nation of Islam. ↩︎
  27. « ‘The Asiatic Black Man’: An African American Orientalism?« , Journal of Asian American Studies, Octobre 2001 ↩︎
  28. Universal Negro Improvement Association (UNIA) : Fondée en 1920 par Marcus Garvey, l’Universal Negro Improvement Association est une organisation dédiée à la promotion de l’unité, de la fierté et de l’auto-suffisance économique parmi les personnes d’ascendance africaine à travers le monde. La UNIA est célèbre pour son rôle dans le mouvement panafricain et pour avoir encouragé le retour des Afro-Américains en Afrique. Sous la direction de Garvey, elle a lancé des initiatives telles que la Black Star Line, une compagnie maritime destinée à faciliter le commerce et le voyage entre l’Afrique, les Caraïbes et l’Amérique. La UNIA a joué un rôle crucial dans l’histoire du nationalisme noir et a influencé de nombreux mouvements ultérieurs pour les droits civiques et l’émancipation des Noirs. ↩︎
  29. Marcus Garvey : Né en 1887 en Jamaïque et décédé en 1940, Marcus Garvey était un leader nationaliste noir, orateur, entrepreneur et activiste pour les droits civiques. Il est surtout connu pour avoir fondé l’Universal Negro Improvement Association (UNIA) en 1920, une organisation qui visait à promouvoir l’unité, la fierté et l’indépendance économique parmi les personnes d’ascendance africaine dans le monde entier. Garvey était un fervent défenseur du panafricanisme et a encouragé le retour des Afro-Américains en Afrique. Il a également lancé la Black Star Line, une compagnie maritime destinée à faciliter le commerce et le voyage entre l’Afrique, les Caraïbes et l’Amérique. Garvey est une figure emblématique du mouvement de la Renaissance de Harlem et a eu une influence durable sur les mouvements ultérieurs pour les droits civiques et l’émancipation des Noirs. ↩︎
  30. Éthiopianisme : L’éthiopianisme est un mouvement religieux et culturel qui a émergé parmi les communautés afro-américaines et africaines au XIXe et au début du XXe siècle. Il se caractérise par la croyance en l’Éthiopie (ou l’Afrique en général) comme un symbole de fierté et d’identité noire, souvent en référence à la mention biblique de l’Éthiopie comme un lieu de puissance et de spiritualité. L’éthiopianisme a inspiré de nombreux mouvements de libération et de fierté noire, y compris le rastafarisme, et a joué un rôle important dans le développement du panafricanisme. Il a également influencé diverses églises et groupes religieux afro-centristes, qui voient l’Éthiopie comme un symbole de résistance et de rédemption pour les peuples africains et de la diaspora africaine. ↩︎
  31. Hutu Power : Hutu Power était un mouvement politique et idéologique radical au Rwanda, caractérisé par son extrémisme hutu et son hostilité envers la minorité tutsi. Émergeant dans les années précédant le génocide de 1994, Hutu Power promouvait une idéologie de suprématie hutue et de haine envers les Tutsi, qu’ils considéraient comme des envahisseurs étrangers et des oppresseurs. Ce mouvement a joué un rôle clé dans l’incitation à la violence et dans la planification du génocide rwandais, où environ 800 000 Tutsi et Hutu modérés ont été tués. Le Hutu Power a utilisé la propagande et les médias pour diffuser ses messages de haine et de division, contribuant à l’un des pires massacres de l’histoire récente. ↩︎
  32. Génocide Tutsi de 1994 : Le génocide Tutsi de 1994 est un des événements les plus tragiques de l’histoire récente, survenu au Rwanda, en Afrique centrale. En l’espace de seulement 100 jours, d’avril à juillet 1994, environ 800 000 personnes, principalement des Tutsi mais aussi des Hutu modérés, ont été systématiquement massacrées. Ce génocide a été orchestré par le gouvernement hutu extrémiste de l’époque, qui a utilisé des milices, des médias incendiaires et des appels à la haine pour inciter la population hutu à commettre des actes de violence inimaginables contre la minorité tutsi. Le génocide a été marqué par une brutalité extrême et a laissé des cicatrices profondes sur la société rwandaise. Il a également entraîné une réaction internationale importante, bien que tardive, et a soulevé des questions sur la responsabilité et l’efficacité de la communauté internationale dans la prévention des génocides. ↩︎
  33. Afrabie : Le terme « Afrabie » est une construction ou une fusion des mots « Afrique » et « Arabie », utilisée pour désigner une région ou un concept qui englobe à la fois des parties de l’Afrique et de la péninsule Arabique. Ce terme est employé dans certains contextes pour souligner les liens historiques, culturels ou géographiques entre l’Afrique et le monde arabe. ↩︎
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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