Chronologie de la Guyane : 13 dates clés

Découvrez l’histoire fascinante de la Guyane à travers une chronologie clé, de la colonisation à la révolte des esclaves. Nofi explore la chronologie de la Guyane, à travers des moments cruciaux qui ont façonné ce territoire, mettant en lumière son héritage culturel, les luttes sociales et les étapes majeures de son développement.

A plus de 7 000 kilomètres de la capitale française, nichée sur la côte nord-est de l’Amérique du Sud, se trouve la Guyane, une vaste région française. S’étendant sur 84 000 km², dont 90% sont couverts par la luxuriante forêt amazonienne, ce territoire est un trésor de biodiversité et un creuset de richesses historiques et culturelles. La Guyane a traversé diverses époques, marquées par des conflits, des évolutions sociales et un développement continu. De ses débuts sous la colonisation française à l’émergence des mouvements sociaux en 2017, découvrez quatre siècles d’une histoire fascinante et complexe, qui a façonné l’identité unique de la Guyane à travers 13 dates clés.

Chronologie de la Guyane : 13 dates clés

1. Début de la colonisation européenne de la Guyane (1604)

Carte de Guyane datant de 1656.

En 1604, sous l’égide du roi Henri IV, le capitaine Daniel de La Touche, seigneur De la Ravardière, marque un tournant dans l’histoire de la Guyane en reconnaissant officiellement ce territoire pour la France. Son arrivée avec sa compagnie signe le début de la colonisation française dans la région. À cette époque, les Indiens Galibi, présents depuis des millénaires, sont les habitants autochtones de la Guyane. Ce n’est qu’en 1664 que l’établissement français devient permanent, après plusieurs décennies d’efforts et d’adaptations.

1665 : Installation, esclavage et marronnage

Une chronologie de la Guyane en 13 dates clés

En 1665, la Guyane, devenue officiellement une colonie française, abrite une population de 1 600 personnes, incluant 40 femmes caucasiennes venues de France et 200 esclaves. L’adoption du Code Noir en 1685, un ensemble de lois régissant la vie des esclaves africains et de leurs propriétaires, a des répercussions profondes. Ce code, en définissant légalement la condition des esclaves, contribue à l’émergence du marronnage, un phénomène où les esclaves s’échappent pour se réfugier dans les forêts. Dans ces refuges naturels, ils forment de nouvelles communautés, vivant en autarcie jusqu’à l’abolition officielle de l’esclavage en 1848.

1854 : Les temps du bagne

Une chronologie de la Guyane en 13 dates clés

L’abolition de l’esclavage en Guyane en 1848 marque le début d’une nouvelle ère avec l’instauration du système pénitentiaire colonial, communément appelé le bagne. En 1854, la France commence à déporter ses prisonniers, considérés comme des éléments perturbateurs, vers la Guyane. Des pénitenciers sont rapidement construits à Cayenne et sur les îles du Salut, transformant radicalement le paysage et la société guyanais. À Saint-Laurent-du-Maroni, les détenus sont chargés de construire leurs propres cellules, contribuant à l’érection d’une ville pénitentiaire unique. Le directeur du bagne y assume également le rôle de maire, illustrant l’entrelacement des structures pénitentiaires et administratives dans cette période de l’histoire guyanaise.

1900 : Guyane, terre d’accueil

Vue de la montagne Pelée avec la ville de Saint-Pierre au premier plan.

Au début du XXe siècle, un événement catastrophique se produit en Martinique : l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. Cette éruption volcanique dévaste Saint-Pierre, la plus grande ville de l’archipel à l’époque, et entraîne la mort de plus de 30 000 personnes. Dans le sillage de cette tragédie, la Guyane devient un refuge pour les survivants. Reconnaissant leur besoin d’assistance, le gouverneur de la Guyane leur attribue des terres à Rémire, une localité située à l’est de Cayenne.

1946 : Fin du bagne et départementalisation

« NOTRE ENQUÊTE AU BAGNE, EN VOGUANT
VERS LA GUYANE
« , Première rencontre, Le Petit Parisien, 8 août 1923

En 1923, le célèbre journaliste Albert Londres se rend dans les bagnes de Guyane, une visite qui aura un impact considérable. À son retour à Paris, ses reportages publiés dans le quotidien « Le Parisien » révèlent au grand public les conditions épouvantables de détention des bagnards, provoquant une onde de choc à travers la France. Ces récits éveillent la conscience nationale et mènent à une mobilisation pour la réforme du système pénitentiaire. Gaston Monnerville, sénateur de la Guyane et fervent défenseur des droits humains, joue un rôle clé dans ce mouvement. Grâce à ses efforts et à ceux d’autres militants, les bagnes guyanais ferment définitivement en 1946. Cette même année, la Guyane, ainsi que la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion, accèdent au statut de départements français, marquant une étape importante dans l’intégration de ces territoires au sein de la République française.

1954 : L’aventure spatiale guyanaise

Entre 1954 et 1962, l’Algérie mène une lutte acharnée pour son indépendance contre la France. Ce conflit historique a des répercussions inattendues sur la Guyane, notamment dans le domaine spatial. Avec l’Algérie en pleine guerre d’indépendance, la France se tourne vers la Guyane, avantageusement située sur la ligne de l’équateur, pour y établir son nouveau centre spatial, le Centre Spatial Guyanais (CSG). Situé à Kourou, le CSG devient un projet d’envergure internationale dès septembre 1965, mobilisant plus de 2 500 travailleurs issus de 11 nationalités différentes pour sa construction. Une collaboration internationale qui a aboutit au lancement réussi de la fusée Véronique, le 9 avril 1968.

1977 : Arrivée des premiers Hmongs

Tout comme les Martiniquais après l’éruption de la Montagne Pelée, la communauté vietnamienne Hmong trouve refuge en Guyane dans les années soixante-dix. Entre 1974 et la dernière vague d’immigration en 1981, ces réfugiés fuient le régime communiste du Laos, exacerbé par les tensions de la Guerre d’Indochine. S’installant principalement dans la commune de Cacao, les Hmong se consacrent à l’agriculture, exploitant les terres fertiles de la Guyane. Leur travail acharné transforme la région en un centre important pour la production de fruits et légumes, alimentant les marchés locaux et contribuant significativement à l’économie agricole de la Guyane. Cette immigration a non seulement aidé les Hmong à reconstruire leurs vies, mais a également enrichi la diversité culturelle et économique de la Guyane.

1983 : La décentralisation

En 1983, la Guyane connaît une transformation majeure de son administration publique, conséquence directe du processus de décentralisation en France, visant à accorder plus d’autonomie aux départements. Cette réforme a un impact significatif sur la structure gouvernementale guyanaise. Le conseil régional, auparavant un organe de gouvernance limité, devient l’assemblée délibérante principale de la région Guyane, jouant un rôle crucial dans la prise de décisions régionales. Parallèlement, le conseil général, qui avait succédé au conseil colonial après 1946, se transforme en l’assemblée délibérante exécutive du département français de Guyane, gérant les affaires départementales. En 2015, dans un mouvement visant à rationaliser l’administration et à renforcer l’efficacité gouvernementale, ces deux entités fusionnent pour former la Collectivité territoriale de Guyane.

1994 : Construction du barrage de Petit Saut

En 1994, EDF a entrepris un projet d’envergure en Guyane avec la construction du barrage de Petit Saut sur le fleuve Sinnamary. L’objectif principal de ce barrage hydroélectrique était de répondre aux besoins croissants en énergie du Centre Spatial Guyanais et de la population locale. Aujourd’hui, le barrage de Petit Saut joue un rôle crucial dans l’approvisionnement énergétique de la Guyane, fournissant environ deux tiers de l’électricité nécessaire au territoire. Malgré cette infrastructure importante, la Guyane fait face à des défis en matière de distribution d’électricité, avec des coupures régulières affectant les habitants. Un incident notable s’est produit en 2016, lorsqu’une panne majeure a privé 80% des foyers guyanais d’électricité. La cause insolite de cette panne ? Un iguane qui s’était infiltré dans un transformateur électrique…

1996 : Non à l’enseignement médiocre !

Au début de novembre 1996, une grève étudiante débute au lycée Félix Eboué en Guyane, déclenchée par la frustration face au manque de ressources et de moyens dans leur établissement. Cette action, initialement limitée à un seul lycée, gagne rapidement en ampleur lorsque d’autres établissements, comme le lycée Léon Gontran Damas, rejoignent le mouvement. La protestation s’intensifie et se transforme en une manifestation d’envergure, avec une participation massive des Guyanais dans les rues, exprimant leur mécontentement face aux lacunes du système éducatif.

Face à cette crise sociale grandissante, les ministres de l’Éducation, François Bayrou, et de l’Outre-mer, Jean-Jacques de Peretti, se rendent en Guyane le 18 novembre pour répondre aux préoccupations des manifestants. Leur visite aboutit à une annonce majeure : la création d’un rectorat et d’une académie de Guyane de plein exercice.

2005 : Premier hypermarché de Guyane

L’ouverture du premier hypermarché en Guyane en 2005 marque un tournant dans le développement commercial du territoire. Cora, le géant de la distribution, choisit Cayenne pour implanter son magasin, un espace de près de 5 000 mètres carrés représentant un investissement de 39 millions d’euros. Cette initiative crée environ 200 emplois, apportant une dynamique économique nouvelle à la région. Cependant, cette ouverture n’est pas sans conséquences pour les commerçants locaux, qui perçoivent l’arrivée de Cora comme une menace pour leurs activités.

En 2009, le groupe antillais Ho Hio Hen acquiert Cora, transformant le magasin en Géant Casino. Cette transition marque une nouvelle étape dans le paysage commercial guyanais. Puis, en 2017, Jan Du prend la direction de l’hypermarché, qui devient le premier Hyper U de Guyane. Ce changement de propriétaire et de marque reflète l’évolution continue du secteur de la grande distribution en Guyane, soulignant à la fois les opportunités et les défis que représente l’arrivée de grandes enseignes dans un marché local.

2014 : Indépendance de l’Université de Guyane.

En 2014, à la suite d’un conflit exigeant plus d’autonomie par rapport à la tutelle éducative basée en Guadeloupe, l’enseignement supérieur en Guyane franchit une étape majeure avec la création de sa propre université. Cette avancée a été précédée par une grève d’ampleur, qui a immobilisé le campus pendant plus d’un mois. Les étudiants et le personnel guyanais ont activement protesté contre le manque de ressources et de soutien, en comparaison avec leurs homologues des Antilles. Leur persévérance a porté ses fruits lorsque, le 11 novembre 2013, un accord mettant fin au conflit a été signé, ouvrant la voie à la mise en place de l’Université de Guyane, un jalon important pour l’éducation et la recherche dans la région.

2016 : Prémices des mouvements sociaux

Le 8 novembre 2016, la Guyane est secouée par un événement tragique : l’assassinat de Patrick Clet, une figure politique locale, à son domicile. Selon les rapports, un jeune homme armé s’est présenté à sa porte dans l’intention de le cambrioler. Face à cette menace, Patrick Clet a refusé de céder, ce qui a malheureusement conduit à son meurtre.

Cette tragédie est suivie, les 11 et 12 février 2017, par deux homicides survenus en moins de 24 heures dans les quartiers du Village Chinois et d’Eau-Lisette à Cayenne, exacerbant le sentiment d’insécurité parmi les habitants. Ces événements ont été le catalyseur d’un mouvement social majeur en Guyane. Les « 500 frères », un groupe d’activistes cagoulés, ont pris d’assaut les rues de Cayenne pour protester contre l’insécurité croissante.

Chronologie de la Guyane pour conclure

En conclusion, l’histoire de la Guyane est marquée par une série d’événements significatifs qui ont façonné son identité culturelle, sociale et politique. De l’arrivée des premiers colons français au début de la colonisation, en passant par l’établissement du bagne, jusqu’aux récentes luttes sociales et problèmes d’insécurité, chaque période a contribué à la complexité de ce territoire d’outre-mer français. La création de l’Université de Guyane en 2014 et l’émergence de mouvements sociaux comme les « 500 frères » témoignent de la volonté des Guyanais de prendre en main leur destin et de s’attaquer aux défis auxquels ils sont confrontés. La Guyane continue d’évoluer, portée par sa riche histoire et la diversité de ses habitants, prête à faire face aux défis du futur tout en valorisant son héritage unique.

Notes et références

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