Diffusé en avant-première, le mercredi 11 octobre dernier, Niabla, la nouvelle série ivoirienne, promet un peu/beaucoup/patiemment.
« Oh laisse celle-là ! Elle gère bizi ! », prétendent Les experts Babi.
À force de poser un peu/beaucoup/intensément leurs yeux sur ces jeunes femmes, dernières arrivées dans ces boîtes de nuit qui ont pignon sur la Rue des Jardins, ils sont capables de dire si l’une d’entre elles gère bizi, exercent le métier de péripatéticienne. True story.
Lorsque la belle Adjoua (Christelle Gougoué) débarque à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny pour venir chercher Sia (Aude Forget qui a coécrit la série avec Anthony Martin et, l’auteur de Debout-Payé, Gauz), cette sœur qu’elle n’a pas vue depuis des années, rien ne laisse supposer qu’elle s’adonne à la prostitution. Non, absolument rien.
Surtout que contrairement à ceux et celles qui viennent chercher leurs proches, elle n’est pas sapée jamais ; avec la dernière tenue de soirée achetée.
Mais comment Adjoua en est-elle arrivée là ? Retour sur l’avant-première de Niabla, et ce début de réponse à cette question.
L’AVANT AVANT-PREMIÈRE DE LA NOUVELLE SÉRIE IVOIRIENNE « NIABLA »
En vrai c’est dans le hall du cinéma Majestic Ivoire, situé dans le prestigieux Hôtel Ivoire, que l’enjeu se joue. C’est le moment pour ceux qui souffrent d’anxiété sociale de trouver la bonne personne, les bons voisins avec qui commenter/disséquer/suivre une avant-première ; encore plus quand il s’agit de la dernière série événement signée Alex Ogou à qui l’on doit notamment Invisibles et Cacao.
Deux séries pour lesquelles il s’est adossé sur Canalplus Côte d’Ivoire ; déjà avec cette capacité à saisir des sujets d’actualité (ici, la prostitution et la drogue) qui flottent dans l’air.
Cette fois-ci, encore, on prend les mêmes et on recommence : à Alex Ogou la réalisation, à Canal la diffusion. Et ce dès ce lundi 16 octobre 2023 à 20 heures 30. Les nombreux panneaux, qui ornent les rues d’Abidjan et autres supports publicitaires, sont là en cas d’oubli.
Oublier les bonnes manières, l’actrice/animatrice Kimy Stars ne le fait pas.
Elle qui salue « les honorables invités, en vos rangs grades et qualités », selon la formule consacrée depuis des siècles et des siècles, ainsi que les autres personnes venues à cet événement de la semaine, juste derrière le tirage au sort d’une certaine compétition africaine de football ; qui aura lieu dans quelques mois seulement. Akwaba.
D’ici là, les affiches de Niabla, si le temps ne les a pas jaunies, auront disparu mais les premiers sentiments nés lors ce rendez-vous cinématographique, eux, seront toujours là.
« NIABLA » OU L’HISTOIRE D’UN RETOUR AU PAYS PAS COMME LES AUTRES
Lorsque Sia a gentiment fait comprendre à Daniel (Anthony Martin) qu’il fallait qu’il bouaisse, qu’il aille voir si l’herbe est plus verte chez le voisin façon brouteur, elle était loin de se douter dans quel pétrin elle allait se fourrer.
Et pourtant, elle a eu droit à un accueil chaleureux, faits de plats préparés toute la journée et de piques aiguisées depuis longtemps ; notamment sur son physique.
Une scène beaucoup trop proche de la réalité et ces tantes qui préfèrent militer pour que leurs nièces prennent des kilos, quand ce n’est pas bon mari, plutôt que de mind leur business. True story.
Passé le traditionnel Akwaba et la lune de miel, entre les deux sœurs qui se remémorent leurs chamailleries enfantines, dans un salon aux murs recouvert de peinture blanche et nostalgie, les problèmes de la vie rattrapent la jeune entrepreneuse Adjoua ; qui dirige un salon de coiffure.
Lorsqu’elle a encore la force nécessaire, sa petite fille l’y accompagne, chouchoutée par des coiffeuses au tablier rose. Il n’y a que dans cet établissement de quelques mètres carrés situés à Yopougon, où elle vit d’ailleurs, que la vie est rose.
Pourquoi ? Parce ce que le problème c’est qu’Adjoua est engagée dans une sorte de course contre la montre pour amasser le plus d’argent possible. Ainsi, Adjoua, qui est « l’homme aussi hein », selon notre voisine impressionnée par ses formes, n’hésite pas à fricoter avec un certain Papa John (Pol White, vu récemment dans le drame sur les mal-logés : Le Marchand de sable) ; mix entre un sapeur congolais et un baron de la drogue. Pitchou de Castelbajac et Frank Lucas like this.
Mais ta question préférée, c’est : pourquoi Adjoua mène cette double vie ?
Est-ce pour financer un départ vers l’étranger comme ces Ivoiriens qui partent souvent de Daloa, ville du centre ouest du pays, avant pour rejoindre l’Europe, en passant notamment par la Tunisie et ce racisme dégoulinant ? Est-ce pour pouvoir soigner sereinement la drépanocytose dont souffre sa fille ? Autant de ramifications façon famille bhété de Gagnoa, de questions laissées sans réponse au terme d’un premier épisode captivant/emballant ; en attendant la suite.
DIS « NIABLA », C’EST QUOI LA SUITE MAINTENANT ?
Les lumières du Majestic Ivoire ont beau avoir été rallumées depuis un certain moment, la scène remplie par l’impressionnante équipe de tournage, avec Aude Forget et Anthony Martin à peine le pied posé sur le sol abidjanais, qui les ont rejoints, dans la tête de ces chanceux d’un soir c’est encore l’obscurité.
Si certains se dirigent sans perdre une minute vers le buffet, où petits canapés et coupes de champagne se battent en duel, d’autres élaborent des théories sur les personnages notamment Yao alias Gauz dont l’intervention musclée, faisant fuir de petits gros bras en passe d’agresser Sia la touriste, a déclenché applaudissements et cris de joie, déchirant ainsi l’atmosphère feutrée de la salle aux 385 places.
Chemise à carreaux, barbe hirsute et muscles saillants, Yao a tout du hipster/bûcheron.
Mais ce n’est pas pour autant un mannequin pour magazine au papier glacé qui a un GQ dans la mode. Non, Yao c’est la force tranquille/le policier/le sauveur de Sia ; pas concentrée du tout quand il s’agit de faire attention en sortant tard dans la nuit pour suivre la trace de sa sœur.
Ainsi, il y a fort à parier que les deux vont collaborer pour savoir qui a mis l’eau dans coco, élucider le mystère qui entoure Adjoua.
Qui sera le prochain sur la liste à les aider ? Est-ce Félix, jeune médecin qui se décale, se drogue, et par ailleurs ami de l’intéressée ? Est-ce la vieille mère Corinne qui gère son maquis dans la paix du cœur ?
Rendez-vous ce soir à 20 heures 30 pour avoir quelques réponses, dissiper le doute sur les théories oui mais pas sur le fait qu’il faille regarder la nouvelle série ivoirienne : Niabla.
Des explications, il y a des experts en reconnaissance faciale qui en ont déjà donné : « Oh laisse celle-là ! Elle gère bizi ! »
La série est aussi disponible sur MyBouquetAfricain !