Depuis plusieurs années maintenant, deux ivoiriens mettent en avant un célèbre peuple, originaire de Côte d’Ivoire et du Ghana, à travers la culture Akan.
« La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale ! », a dit un jour un célèbre penseur. Non, ce n’est pas feu Ange Didier Houon auquel des Chinois, ses supporters, ont rendu hommage il y a quelques semaines, quatre après sa mort le 12 août 2019.
Dans un pays, la Côte d’Ivoire, où certains, à défaut de culture, étalent leurs plus grossiers signes extérieurs de richesse. Thanks God, ce n’est ni le cas d’Alain Anzara, ni celui de Coriet Adou. Deux entrepreneurs dynamiques qui jouent cartes sur table pour mettre en évidence la culture Akan. Présentations.
DIS ALAIN, C’EST QUOI L’AKAN BRUNCH ?
« Google est ton ami ! », dit souvent la vingtenaire Coriet à ses proches qui lui posent souvent questions. Son côté coach Hamond Chic, sans doute.
Il suffit de taper dans la barre du célèbre moteur de recherches pour en savoir plus ce brunch dont la 4ème édition a eu lieu le dimanche 13 août à Abatta, située dans la banlieue d’Abidjan.
Initialement prévue le 6 août dernier, dans un long week-end d’indépendance où il fallait être passé à la banque afin d’en profiter un peu, elle a finalement été reportée à la suite du décès du président Henri Konan Bédié ; à la tête de l’État de 1993 à 1999. Et ce coup d’état de feu le général Gueï Robert.
Au final, ce sont un millier de personnes qui y ont assisté, à cet événement culturel : Akan Brunch.
Mais au fait, qu’est-ce que c’est que l’Akan Brunch ?
Mais parce que flemme de taper sur Google, tu es directement allé à la source pour interroger le principal intéressé.
QUESTIONS POUR UN ENTREPRENEUR IVOIRIEN
Monture ronde, sourire indécrottable, Alain Anzara le jeune homme aux 16 500 followers sur Instagram s’est prêté au jeu des questions/réponses ; entre deux parades culturelles de l’événement dans les rues du Plateau ou le hall de l’Ivoire Trade Center, avec ces jeunes hommes et femmes endimanchés dans leur pagne Kita attaché en bandoulière.
Ce serial entrepreneur n’en est donc pas à sa première aventure.
« J’ai créé la première entreprise touristique 100% Côte-d’Ivoire, explique-t-il. En effet, j’ai décidé en 2017 de créer une agence qui mettait l’accent que sur le destinataire Côte-d’Ivoire en créant des excursions et circuits touristiques à la découverte des sites insolites, atypiques de notre sublime Côte-d’Ivoire. » avant d’ajouter : « Aujourd’hui je dirige trois entreprises : Ivoir Trips International [dont les activités sont dans le tourisme, organisation et animation de séminaire Team building et événements d’entreprise, NDLR], Amazing Côte-d’Ivoire, une agence spécialisée dans la création et l’organisation d’évènements culturels et artistiques et les studios Mossika, une agence spécialisée dans la création de contenus culturels et touristiques. Je suis conférencier et formateur, j’interviens dans le domaine du leadership, de l’entrepreneuriat et le capital humain. Je suis membre formateur de l’Association des Coachs Professionnels de Côte d’Ivoire. »
Ainsi se présenta ce chef d’entreprise dont le leitmotiv est : « Le but c’est d’être légendaire ! »
La légende, il la raconte justement au sujet de la naissance de l’Akan Brunch : « Depuis plus de 10 ans, se souvient-il, j’ai décidé de porter le lourd fardeau de montrer aux africains à quel point il est important d’avoir confiance en eux et de s’affirmer. Pour moi, cela passe nécessairement par connaître qui on est et d’où on vient. La meilleure façon pour d’y arriver c’était de montrer la voie. »
Puis, le lunetteux développe : « Quand j’ai fini mes études, j’ai démarré par le tourisme et aujourd’hui j’ai à cœur de continuer sur cette lancée en ramenant la culture en ville. Le premier produit de cette vision culturelle est donc Akan Brunch qui devient Akan Festival l’année prochaine. L’idée est de faire quelque chose de beaucoup plus grand et exportable.»
Il y a donc longtemps que cet ancien étudiant qui est notamment passé par le Maroc avait cette idée. C’est désormais chose faite.
Ainsi, régulièrement, une Équipe du Dimanche, composée de noceurs, de chercheurs de bons plans dominicaux, déguste tous les mets ivoiriens possibles.
Alloco, foutou sauce graine, mais aussi bandji, ou vin de palme pour les puristes, ou encore soupe du pêcheur, placali, akpessi, plat à base d’aubergines, le plus souvent accompagné de bananes plantain ou d’igname, etc. Ce jour-là, les animaux de la forêt et de la mer finissent souvent dans l’une de ces sauces-là. Et pendant ce temps-là, au loin, des danseurs plus expérimentés offrent des cours gratuits en plein ballet zouglou pour éviter qu’ils ne s’en mêlent les pinceaux.
Une fois, le zouglou libéré, le payia, sorte de coupé-décalé des années 2020, commence. Ainsi va la vie à l’Akan Brunch.
ENTREPRENEUR VIE, SINON QUELLE VIE ?
Parce que des bonimenteurs racontent qu’Ils ont commencé avec un grain de riz pour avoir aujourd’hui des milliers de rizeries, qu’Elles expliquent qu’elles ont démarré avec un rouge à lèvres avant de posséder aujourd’hui des instituts de beauté, nombreux sont ceux qui voient la vie entrepreneuriale comme un long fleuve tranquille. Thanks God, ce n’est pas le cas d’Alain qui partage l’anecdote suivante :
« À la 2ème édition, la vielle du brunch, nous avions quasiment fini les installations et toute la nuit, il a plu. Cette pluie a détruit toutes nos installations ! Il fallait tout reprendre le matin. Nous étions un dimanche, difficile donc d’avoir des prestataires qui pouvaient mettre à notre disposition la logistique dont on avait besoin. » Avant de replonger dans son état d’esprit du jour-là.
« Partagé entre stress, envie de bien faire et le fait d’être à l’heure, nous avons dû faire l’impossible pour proposer l’un de nos meilleurs brunchs. »
Et de terminer, philosophe : « Peu importe les circonstances défavorables, il faut tout croire en soi et en son équipe. Finalement on a peu avoir des prestataires et tout s’est bien passé. »
Si l’Akan Brunch sert « à inviter le monde entier à découvrir cette riche culture qui traverse le temps, les frontières et qui suscitent tant de curiosité », c’est aussi l’occasion de faire des featurings, collaborer. Sans forcer.
« Lorsque j’ai eu la proposition de Coriet, précise-t-il, j’ai été très enchanté parce qu’on partage la même vision d’autant plus qu’avec mon équipe, nous travaillons sur des jeux et des livres pour découvrir la culture africaine en général et celle des peuples de la Côte-d’Ivoire en particulier. Pourquoi faire seul alors qu’ensemble nous sommes plus fort ? Depuis lors nous sommes partenaires et avons d’autres projets ensemble. »
Après Alain Anzara, autour de Coriet Adou.
ET CORIET ADOU JOUA CARTES SUR TABLE
L’histoire, la sienne en tout cas, ne dit si c’est parce qu’elle se laisse souvent guider par le Guide éternel, à coups de psaume 23, qu’elle a décidé d’en faire autant, Une centaine de guides selon sa propre estimation, toujours est-il que la jeune femme noire a constaté un manque qu’elle a voulu combler.
« En tant que personne qui a toujours fait des guides, pas mal de guides, […] j’ai toujours remarqué qu’il y avait littéralement un gap, entre du coup les restaurants, les activités touristiques, […] et l’offre et la demande, tout ce qui est living experience, glissant un petit autre mot d’anglais au passage, donc le fait de vivre des expériences. », plantant le décor.
« J’ai fait ça parce que je voulais faire des expériences aux gens. », avant de plaisanter : « Je voulais mettre en avant ma culture Akan, mon côté baoulé. »
Dire que la Baoulé est fière de ses origines est un doux euphémisme. Et c’est cette fierté, adossée à son amour pour l’apprentissage, qui est à l’origine de ces cartes : Akan Culture. 50 cartes, plus celle qui énumère les règles du jeu.
AKAN KULTURE, MAIS QU’EST QUE C’EST ?
Le principe est simple : apprendre sur la culture Akan à travers des questions/réponses. Finis les cours d’histoire/géographique qui t’ont à peine servi à être à la page. Bonjour la méthode ludo-éducative !
Exemple : « Quelle chanteuse ivoirienne porte toujours la même coiffure,
« Akorou Koffié » qui signifie en baoulé, « la femme de l’araignée » ? Qui est-ce ? » La question est vite répondue.
Rapide, la réalisation du projet l’a été. « Un mois et demi entre le moment de la pensée, de la partie technique. », précise la host du podcast Made ICI, le podcast sur le Made In Côte d’Ivoire.
De la conception à la fabrication, ce ne sont que des prestataires ivoiriens qui les ont réalisées. Sa manière à elle de valoriser le Made In Côte d’Ivoire.
L’AMOUR DU MADE IN CÔTE D’IVOIRE
Puis vient le moment où celle qui multiplie les allers-retours entre la Côte d’Ivoire et la France, fait une petite déclaration d’amour à son pays de cœur :
« Je dois autant à la France qu’à la Côte d’Ivoire. […] Pourquoi je mets autant en avant la Côte d’Ivoire ? Sûrement parce que je me rattache justement à la patrie où je suis née et que j’aime beaucoup mon pays. Peut-être que c’est aussi un moyen pour moi de faire ma part tout en n’étant pas là totalement puisque je fais la navette entre Abidjan et Paris. Je ne sais pas si c’est la façon justement trouvée par mon cerveau pour justement participer au collectif. Mais je mets la culture ivoirienne [en avant, NDLR] parce que ça me parle. Et j’apprends énormément. […] C’est naturel, c’est une volonté d’apprendre, martèle-t-elle. J’ai commencé les guides, la newsletter, le podcast parce que je voulais apprendre. J’étais curieuse. Je me posais des questions. […] »
Aujourd’hui encore, l’entrepreneuse ivoirienne continue d’en poser et s’arrêtera probablement pas de sitôt.
D’ici là, Alain et elle feront leur part en étalant les richesses de la culture Akan. Et ce même si quelqu’un a dit un jour : « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale ! »
PLUS D’INFORMATIONS
AKAN BRUNCH FESTIVAL
L’événement aura lieu lors la CAN 2023, qui se déroulera du 13 janvier au 11 février prochain.
Info : +225 05 75 61 22 82
Instagram : akan_brunch
AKAN KULTURE
Pour commander les cartes, cliquez ici
Info : wearemadeici@gmail.com
Prix : 10 000 francs CFA ; la boîte