Banel et Adama ou le prix de la liberté, par Ramatoulaye Sy

Un poème hors du temps, un interlude romantique en terre d’Afrique et l’histoire d’un combat pour l’émancipation. « Banel et Adama » raconte l’universalité du désir de liberté et comme dans les tragédies, l’amour peut affranchir autant qu’il peut faire périr. Une histoire vibrante, découverte en sélection officielle du festival de Cannes, au cinéma le 30 août.

Banel et Adama ou le prix de la liberté, par Ramatoulaye Sy

A-t-on le droit de choisir et à quel prix ?

C’est la question posée par le film de Ramatoulaye Sy. Banel est une femme, une femme en Afrique, une femme amoureuse, une femme qui appartient à une famille, une femme qui appartient à un village et dont le devoir inhérent à sa condition entrave son désir d‘indépendance. Quelle place peut avoir l’indépendance face aux codes qui régissent une société donnée ? Aucune.

Dans ces communautés où aucun ne saurait exister sans les autres, il n’est nulle espace pour l’individualité, l’individualisme, la nécessité d’exister par soi et seulement pour soi. C’est le défi que va devoir affronter Banel, qui voudrait faire l’expérience d’un amour exclusif, en dehors du village, en dehors de l’influence familiale, en dehors des autres. Quelques années auparavant, le traditionnel lévirat, qui stipule qu’un homme a l’obligation d’épouser la veuve de son défunt frère, lui a été favorable.

Son amour avec Adama existait depuis leurs jeunes années et le destin, qui avait d’abord court-circuité leurs plans, les a officiellement réunis. Ce qui aurait dû être une victoire, sinon celle d’une vie, pour une existence épanouie, marque en réalité le début de l’adversité. Car, Adama n’est pas un villageois lambda, il est l’héritier du chef du village et doit ainsi prendre ses responsabilités. Adama veut vivre avec Banel, loin des fonctions de leader qui lui incombent, lui aussi veut s’affranchir de l’autorité maternelle et du devoir, cependant, vouloir n’est pas pouvoir et les amoureux le découvriront à leurs dépens.

Banel et Adama ou le prix de la liberté, par Ramatoulaye Sy

Amour impossible dans le nord sénégalais

L’intrigue prend pour décor l’intérieur du pays de la Teranga. Du sable à perte de vue, des eaux scintillantes et des massifs qui taquinent les cieux. Sur ces terres occupées par les Hommes et par les animaux, le soleil tape en censeur. Au paradis aussi, les dieux peuvent se mettre en colère. Le relief primitif souligne la puissance de la nature et des esprits qui s’y logent. C’est dans l’éternité de ces éléments que l’on ressent tout le poids de traditions séculaires et la défaite annoncée pour qui voudrait livrer bataille contre la nature, celle des choses et celle de la vie.

Ramatoulay Sy nous invite à l’ombre de la société de consommation, où les humains s’organisent pour leur survie. On pêche, on garde les bêtes, on prépare la terre et tous sont au service de ce projet commun. Parmi ces personnes et personnages, le sable qui accueille les pas, brûle et ensevelit aussi à sa guise ; les espoirs, les rêves, les concepts de féminisme, d’indépendance et de liberté. Alors que Banel et Adama entendent défier l’ordre établit, qu’adviendra-t-il d’eux et de cet amour qui refuse de se conformer ?

Banel et Adama ou le prix de la liberté, par Ramatoulaye Sy

Banel et Adama : Une tragédie, par une des étoiles montantes du cinéma français

Ramatoulaye Sy est diplômée de la FEMIS. C’est pour sanctionner la fin de ses études à l’école supérieure des métiers du son et de l’image, qu’elle imagine cette tragédie amoureuse, sur le modèle des grands récits grecs d’antan, mettant en scène des personnages africains, dans une un décor proche des temps anciens.

Ces récits sont ceux qui, partout ont fondé les peuples et les civilisations et la jeune réalisatrice voulait y apporter une version locale. Là où les règles transcendent les egos, la fatalité revêt d’autres traits ; complexes, originaux et qui méritent aussi d’être révélés. « Un geste politique », que la jeune étoile assume et qui a su convaincre lors de sa projection au festival de Cannes.

Découvrez le sort de nos deux amants, au cinéma le 30 août.

SK
SK
SK est la rédactrice/ journaliste du secteur Politique, Société et Culture. Jeune femme vive, impétueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualité.

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