Ce 25 mai, le 60e anniversaire de la Journée de l’Afrique a eté célébré. Il y a 60 ans, l’OUA (Organisation pour l’unité africaine) était créée avec plusieurs chefs d’État africains indépendants qui rencontraient les mouvements de libération africains dans la capitale Addis-Abeba en Éthiopie. Cette rencontre entre dirigeants africains a donné naissance à l’OUA, comme référence radicale de la vision panafricaniste qui est l’expression maximale de la solidarité et de l’unité entre les États africains. Chaque 25 mai, la fondation de l’organisation de l’unité africaine (aujourd’hui l’Union africaine) est commemorée, pour promouvoir la solidarité, le développement et la diversité du continent africain afin de réunir les différentes réalités africaines et afrodiasporiques, qui chaque jour s’engagent pour la total indépendance du continent vis-à-vis du néocolonialisme, de l’impérialisme et de l’hégémonie occidentale qui font obstacle à la liberté totale de l’Afrique.
LA TRADITION UNITAIRE AFRICAINE
Mais qu’est-ce que le panafricanisme ? Quels étaient les objectifs hier et quels sont-ils aujourd’hui ? Le panafricanisme représente l’union de différentes formes d’africanité dans le but d’obtenir une collective souveraineté . Dès le départ, son objectif tourne autour de l’unité des Afro-descendants et des Africains et s’oppose aux frontières fixées par la Conférence de Berlin de 1884-1885, qui a balkanisé l’Afrique et, par conséquent, a determiné des nations artificielles qui ne s’harmonisent pas avec la configuration territoriale et initiale imaginé par les Africains. Le panafricanisme vise à créer un bloc africain uni. Un bloc qui reprend la tradition unitaire de l‘Empire pharaonique Kemet, l’Empire Kongo de la grande femme Kimpa Vita, l’Empire Manden du grand Soundjata Keïta, Abou Bakr II et Kankou Moussa, l’Empire Wagadu, le Dahomey des Amazones et le grand Behanzin, l’Ethiopie de la grande Taìtu Batul, Menelik II, Haile Selassie, l’empire Wassolou du grand Samory Ture, l’empire Zulu de Shaka Zulu, etc.
DES EMPIRES PRE-COLONIAUX AU PANAFRICANISME CONTEMPORAIN
L’un des pionniers et précurseurs du panafricanisme fut Marcus Garvey, leader nationaliste noir au XXe siècle, président de l’Universal Negro Improvement Association, défenseur du « retour en Afrique » de tous les Afro-descendants, dans le but de la construction d’un Empire économique et politique puissant.
« Pour nous, l’Empire Africain ne sera pas une utopie »
« Il est possible que nous ne vivions pas tous la réalité d’un Empire Africain si fort, si puissant qui forcerait le respect. Mais nous pouvons cependant travailler et nous engager durant toute notre vie pour faire de ce projet une réalité pour une autre génération » –Marcus Garvey
La doctrine panafricaine de Garvey sera reprise dès 1945 par d’autres personnalités telles que Kwame Nkrumah, Ahmed Sékou Touré, Jomo Kenyatta, Haile Selassie, Winnie Mandela, Patrice Lumumba, Khalid Abdul Muhammad, Ahmed Ben Bella, Mehdi Ben Barka, Amilcar Cabral, Modibo Keïta , les Femmes résistantes à l’origine de l’indépendance de certains États africains, et plus tard par Thomas Sankara et Mouammar Kadhafi. Kwame Nkrumah, premier président du Ghana, reprenant la rhétorique fédérale de Marcus Garvey, a défendu le concept de « Nation africaine unie du Nord au Sud », comme l’illustre son livre « Africa must unite ». Un autre défenseur de l’unité africaine était le premier président tanzanien Julius Nyerere, théoricien de l’Ujamaa (solidarisme économique africain), qui soutenait que le nationalisme africain était dangereux et anachronique s’il n’embrassait pas le panafricanisme. Même le savant sénégalais Cheikh Anta Diop, qui a identifié l’Égypte comme la matrice de la Civilisation Africaine (avec Ivan Van Sertima, Molefi Kete Asante, Théophile Obenga), a soutenu que si l’Afrique ne s’était pas unie, elle n’aurait pas participé au grand rendez-vous des puissances au troisième millénaire. « Il est temps d’orienter définitivement l’Afrique vers son destin fédéral », a-t-il soutenu. Dans le camp du Maghreb, les partisans de l’unité africaine étaient l’activiste marocain Mehdi Ben Barka, le président algérien Ahmed Ben Bella et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Mouammar Kadhafi, idéologue de la Troisième Théorie Universelle (alternative au communisme et au capitalisme) à travers son Livre Vert, était l’un des nombreux partisans de l’unité continentale africaine. Il avait proposé le projet « États-Unis d’Afrique » lors de sa présidence de l’Union africaine en 2009. « Je continuerai d’insister pour que nos États souverains atteignent l’objectif des États-Unis d’Afrique» , a soutenu Kadhafi. Mais la mort de Kadhafi n’a pas tué le rêve panafricain, qui est encore profondément enraciné auprès des jeunes Africains et Afro-descendants. Dans la société civile d’aujourd’hui, ceux qui portent cette idée adaptée au XXIe siècle sont l’activiste panafricain Kemi Seba, président de l’ONG Urgences Panafricanistes et idéologue de la « panafricanité fondamentale », la combattante anticolonialiste Nathalie Yamb, et Julius Malema en Afrique du Sud, président du parti Economic Freedom Fighters. Sur le plan institutionnel, cependant, nous avons Assimi Goita, président du Mali, Mamady Doumbouya, président de la Guinée Conakry, Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso. Il faut noter que cette mentalité panafricaine émerge de plus en plus chez ceux qui veulent opter pour le plan institutionnel. On peut prendre l’exemple d’Ousmane Sonko au Sénégal. Le 21eme siècle represente le siècle de la multipolarité. L’Afrique devra donc être un pôle de taille unifié parmi tant d’autres dans ce monde, avec ses acteurs (que nous sommes) du changement au 21e siècle. Le panafricanisme est un relais générationnel vers la victoire et l’unité totale. Texte écrit par Farafín Sandouno et Selamawit Takele.
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