Ce jeudi 9 juin 2022, Boomplay a officiellement lancé ses activités à Abidjan, Côte d’Ivoire.
« Il n’y a pas de coût fixe du stream. », réexplique calmement Paola Audrey, directrice Côte d’Ivoire de la plate-forme de streaming Boomplay. En cette veille de week-end, l’application de la firme asiatique Transsion pose solennellement ses valises sur le sol sec abidjanais qu’une petite matinale avait nettoyé auparavant. Avant qu’une autre prenne le relais, plus tard. Retour sur la soirée de lancement de Boomplay en Côte d’Ivoire.
CE SOIR, C’EST BOOMPLAY QUI REÇOIT
C’est au Deux-Plateaux, quartier situé dans Abidjan-Nord, que la firme reçoit artistes, flanqués de leur manager, journalistes, mais aussi patrons d’entreprise et autres invités VIP.
Le lieu du stream ? GOOD Abidjan, nouveau quartier général d’amateurs de cocktails et de discussions nocturnes.
Le lieu, qui dispose entre autres d’une terrasse en hauteur et d’un apatam, sous lequel des quelques canapés en bois attendent de trouver preneur, est décoré aux couleurs de l’entreprise aux 69 millions d’utilisateurs actifs mensuels[1]. Bleu ciel et noir.
BAD ENERGY STAY FAR AWAY
À l’entrée, de jeunes hôtesses, dans leur combo marinières-jean noir-baskets, orientent les premiers arrivants. Il est 18 heures 33 quand le DJ chasse la Bad Energy, grâce à Skepta et Wizkid. Lentement mais sûrement, l’endroit de plusieurs mètres carrés se remplit.
Certains claquent la bise tandis que d’autres misent sur une salutation au poing fermé. La vie au temps du COVID-19.
Sur le grand écran, passe et repasse la capsule promotionnelle de cette société qui a démarré ses activités en début d’année. Elle a une double mission. Pour les utilisateurs, il s’agit « d’apporter toute la musique du monde entier aux Africains ».
Et pour les artistes, l’idée est de « construire l’écosystème musical le plus fiable et le plus transparent en Afrique ». Et de la transparence, la cheffe de l’entreprise, entourée de la demi-dizaine de membres de son équipe en donnera. Un peu/beaucoup/passionnément.
GOUTTES DE PLUIE, PLUIE DE CHIFFRES
La nuit, qui divise l’endroit en zones claires et obscures et rapproche les ombres, est tombée quand la pluie s’invite. Les libations du ciel obligent les invités à se réfugier sous l’apatam et la maîtresse de cérémonie, Paola Audrey, à décaler mais pas couper ce lancement.
« Nous sommes bénis par les Dieux ! », plaisante-elle.
Robe jaune signée Simone et Élise, l’un de ces créateurs Made In Africa qu’elle met régulièrement en évidence sur ses réseaux sociaux, assortie à ses talons, la jeune polymathe porte la parole de Boomplay.
Retraçant rapidement l’historique de cette application qui a la particularité d’être préinstallée sur les téléphones Itel, Infinix et Tecno, lui permettant ainsi d’avoir une sacrée longueur avance sur ses concurrents, elle mentionne « ses 821 000 personnes » qui utilisent ladite application chaque mois. En moyenne, leur temps d’écoute serait de 80 minutes. « Ce qui fait deux albums. », s’empresse de préciser la mélomane, afin de ne pas plonger davantage dans la nuit noire ce public composé d’experts mais surtout de profanes.
Dire que la musique en général et le Rap Ivoire en particulier, avec la récente sortie des albums de Didi B et Defty, présent ce soir, est omniprésente en Côte d’Ivoire est une lapalissade. Du même niveau que : « Alloco de dehors est mieux que alloco de maison ! » Au calme. Mais ce qui manquait véritablement, c’étaient des chiffres, cette capacité à quantifier une tendance, un sentiment. Et c’est aussi ce que Boomplay tente d’apporter.
Adossé à ses 4 000 partenaires parmi lesquelles les trois plus grosses maison de disques, à savoir Universal Music, Sony Music et enfin Warner Music Group, l’entreprise veut être « transparente sur les chiffres. » Ça tombe bien : de nombreuses personnes, présentes dans l’assistance, souhaitent, elles aussi, cette clarté.
En clair, des convives veulent savoir : « Comment ça marche ? »
COMMENT ÇA MARCHE, BOOMPLAY ?
« Comment un artiste qui se produit lui-même peut mettre sa musique chez vous ? », demande un acteur culturel curieux, noyé dans l’assistance.
« Vous pouvez venir nous voir directement ou prendre attache avec M. Téhui. », répond-t-elle.
Puis, le content acquisition manager s’avance dans son costume rouge bordeaux et noir. Histoire « d’encourager les gens à venir nous voir. » avant d’assurer : « On va trouver une solution ensemble. »
« Il n’y pas de coût de fixe du stream. », explique Paola Audrey à chaque question posée sur le sujet.
« Les 90 à 95% des clients utilisent le service gratuit et non premium. » réexplique-t-elle pour bien continuer à remplir la carte de l’identité des utilisateurs de l’application. Mais l’essentiel est ailleurs.
Avec des Boomplay Awards, la société qui dispose de bureaux au Plateau, chic quartier d’affaires abidjanais, entend célébrer les victoires des artistes ; celle de Mosty par exemple.
La jeune rappeuse, qui vit en Ile-de-France, a récémment atteint
1 million de streams. Comme dirait l’autre : « C’est pas petit boucan ! » Le boucan, c’est Defty mais surtout Elow’n qui le font.
Sweat en pagne tissé sans manches, visage à moitié barré par des lunettes de soleil, Defty s’exprime sur ce streaming qui « est nouveau pour sa fanbase [et donc il faut lui laisser le temps de s’installer, NDLR] ». Puis, le rappeur à la crête enjaille la foule avant que le second ne le rejoigne.
Ensemble, les deux rappeurs, dansent « comme Djo Balard ».
Manteau orange, recouvrant un sac bandoulière de la même couleur, « Elou », l’un de ses surnoms, en All Black Everything, donne son avis lui aussi sur le streaming sans lequel « L’homme cherchait gombo[2] ! ». Et d’ajouter : « Ça nous rend beaucoup plus proche du public. »
Avant d’offrir en exclusivité les premiers titres de son prochain album sur lequel, il y aura entre autres Suspect 95, Fanny J, Josey, etc. Puis, ce sont des punchlines qu’il offre : « Rappeur qui n’a pas bolide dans ce game c’est agent immobilier ! » Le public hurle de plaisir.
Son premier opus sera disponible en exclusivité sur l’application le 10 juillet prochain ; trois jours avant sa sortie officielle sur les autres plateformes. Rendez-vous sur Boomplay.
[1] Chiffres fournis par l’entreprise elle-même.
[2] Il s’agit le plus souvent de jobs d’appoint pour des salariés ou de prestations, de shows privés pour des artistes.