Les créateurs de « The Wire » sont de retour à Baltimore avec « We Own This City » ; drame basé sur des faits réels de corruptions et violences policières.
[ Assure-toi d’avoir vu le premier épisode, s’il te plaît, avant de lire la suite! ]
Ex-inspecteur d’une brigade sous-évaluée, Lester Freamon profite de sa retraite. Ses anciennes cibles, elles, reprennent tranquillement le trafic de drogue. Et pendant ce temps-là, la nouvelle vie de l’ex-lieutenant Cedric Daniels démarre dans les tribunaux, sans oublier le Goodbye du brillant détective borderline McNulty, etc.
Officiellement diffusée le 9 mars 2008 sur HBO, la dernière scène du dernier épisode de The Wire est aussi déchirante que ces au-revoir entre voyageurs simplement habillés et accompagnateurs beaucoup trop sapés comme jamais. Mais ce qui n’était censé n’être qu’un adieu s’est récemment transformé en : Hello, Good Morning ! Diddy’s voice.
Oui, depuis le 25 avril dernier, les créateurs David Simon et George Pelecanos sont de retour avec une nouvelle mini-série, copiée-collée de leur masterpiece ; elle a pour titre : We Own This City.
Visite guidée de la ville de Baltimore où dealers et surtout policiers franchissent la ligne blanche.
« WE OWN THIS CITY » ENQUÊTE SUR DES ENQUÊTEURS
Dealers et policiers qui se guettent en chien de faïence, ou encore simple passant dont la bouteille d’alcool est brisée par un violent coup de matraque de l’officier de police Wayne Jenkins (John Bernthal, vu récemment dans King Richard), etc.
C’est une irrépressible et étouffante impression de déjà-vu qui prédomine lors que tu regardes la première scène de la nouvelle pépite estampillée HBO.
SOME THINGS WILL NEVER CHANGE
À Baltimore, certaines choses ne changent pas ou alors si peu.
La mort suspicieuse de Freddy Gray, cet afro-américain de 25 ans mort des suites de ses blessures après avoir été embarqué dans un fourgon de police, est encore omniprésente dans les esprits.
Alors à la moindre interaction entre citoyens noirs et policiers blancs, des téléphones se braquent sur eux pour éviter que des coups de matraque ne pleuvent sur des hommes noirs à terre et sans défense.
Parfois, c’est l’iPhone d’une avocate des droits civils, affecté au ministère de la Justice, Nicole Steele, (la Nigériane Wunmi Mosaku, vue dans Lovecraft Country), qui capture ce genre de moment ultra-fréquent dans cette ville du nord-est des États-Unis.
Où par ailleurs, 342 homicides auraient été commis en une seule année.
Sur fond d’enquête fédérale pour déterminer les responsabilités dans la mort de M. Gray, The Gun Trace Task Force, unité menée par le fameux Jenkins et chargée de retirer les armes de la rue, fait régner la terreur. Et au lieu de servir les bons citoyens de Baltimore, cette unité d’élite s’en met plein les poches. Mais ça c’était avant qu’une enquête fédérale ne soit ouverte…
DES VISAGES VU DANS « THE WIRE »
Cette impression de déjà-vu, cette filiation claire/nette/établie avec The Wire passe par ou plutôt sur des visages familiers.
Il y a : l’inspecteur Gordon Hawk (Tray Chaney) qui y jouait « Poot », ou encore le commissaire Kevin Davis (Delaney Williams),vrai-faux sosie de Jon Cena, qui lui tenait le rôle le sergent Jay Landsman.
Et surtout, l’inspecteur Sean Suiter aka Jamie Hector aka Marlo Stanfield ; le meilleur ennemi d’Omar. Repose en paix, Michael K. Williams !
Certes, 20 ans après leur apparition dans The Wire, ils ont tous pris un sacré coup de vieux mais la qualité elle est intacte. Et c’est ça qui fait déjà de We Own This City, l’une des meilleures séries de l’année 2022 !
TRAFFIC EN TOUT GENRE ET VIOLENCES POLICIÈRES
Baltimore corrompue/gangrénée/pervertie par des trafic en tout genre c’est le point commun, le trait d’union entre les deux séries.
La seule différence se situe au niveau du point de vue.
Cette année, ce sont les drôles d’agissements d’hommes, qui après avoir prêté un serment d’hypocrite, ont finalement préférer se « mettre bien » plutôt que bien mettre des citadins, qui sont pointés du doigt. L’histoire de cette Gun Trace Task Force est vraie et a fait couler beaucoup d’encre ; celui du journaliste Justin Fenton et son livre qui a donné le titre de ce programme télévisé.
À l’époque en 2003, le vrai Wayne Jenkins et ses acolytes saisissent de larges quantités de drogues et d’armes mais surtout volent, fabriquent des preuves et revendent illégalement des armes.
Bref, cet ex-officier de police récitait alors le parfait petit manuel du dirty cop. Depuis juin 2018, il a été condamné à 25 ans de prison.
Ceux qui par contre ne l’ont pas été, ce sont ces trois policiers fortement suspectés d’avoir mortellement blessé le jeune homme.
Sa mort avait déclenché des émeutes à Baltimore. Ils ont été tous les trois acquittés renforçant ainsi l’idée selon laquelle des policiers blancs seraient intouchables.
Outre ces deux aspects-là, dont les premiers éléments ont été développés dans les 60 minutes du premier épisode, le troisième c’est : le non-respect des droits civiques.
RODNEY KING, C’ÉTAIT IL Y A 30 ANS
Que ce soit dans les salles obscures d’un cinéma, où Spike Lee enfonce le Klu, sur l’écran d’un ordinateur au clavier rétroéclairé ou encore dans les rues où de jeunes gens, excédés des brutalités policières, martèlent : « Black Lives Matter ! », des Noirs américains souffrent le martyr.
D’ailleurs, il y a 30 ans presque jour pour jour, le 29 avril 1992 pour être précis, la violente arrestation raciste de Rodney King avait lieu.
Depuis cette interpellation heureusement filmée, les émeutes à Los Angeles qui ont suivi, peu de choses ont changé.
Certains, les États-Unis ont élu un premier président Noir à la Maison-Blanche mais est-ce pour autant que la vie des Noirs compte ? Non. Il suffit pour s’en convaincre de regarder cette brillante mini-série qui 20 ans après retourne sur les traces de The Wire, sur fond de tensions raciales : We Own This City.