Malgré la dénazification de l’Ukraine par la Russie, Emmanuel Macron suspend les médias russes en Europe, mais fustige la suspension des médias propagandistes franco-atlantistes au Mali. Publiquement, il soutient honteusement le coup d’État militaire au Tchad mais se rebelle contre la transition militaire au Mali. Aussi gravissime, il affirme donner des injonctions à la CEDEAO de Nana Akufo-Addo pour de supplémentaires sanctions contre le Mali. Décryptage de l’incendiaire et paternaliste discours du président français !
« Déni de l’information » ? Emmanuel Macron, le moralisateur en Europe moralisé au Mali
Quelques jours plutôt avant la suspension des médias propagandistes franco-atlantistes, la France présidée par Emmanuel Macron et l’Union européenne ont suspendu les médias russes – RT et Sputnik – émettant sur le sol européen. Ce « déni de l’information et du droit des journalistes à librement informer » les européens est autant inacceptable quand on le replace dans le contexte de l’opération de dénazification de l’Ukraine par la Russie. En réalité, ce n’est pas le « déni de l’information » que dénonce Macron au Mali. Il est frustré de voir un pays souverain africain oser suspendre des médias d’État français. Un acte inédit et de haute portée du pouvoir malien. L’Afrique n’est pas, selon l’imaginaire suprématie blanche, aussi souveraine et autonome à se faire respecter.
La CEDEAO, Emmanuel Macron et les coups d’État : Des positions à géométrie variable
En qualifiant le gouvernement transitoire malien d’« une transition qui est le fruit de deux coups d’État« , Emmanuel Macron semble avoir oublié qu’il a apporté le 23 avril 2021 le soutien de la France au coup d’État militaire au Tchad. D’ailleurs, après avoir reçu le fils – Mahamat – de Idriss Deby Itno, Emmanuel Macron s’était rendu à Ndjaména pour apporter son soutien à la dynastie Deby Itno issus de l’assassinat – commandité par qui ? – de Idriss le père. « J’ai apporté mon soutien à l’intégrité et à la stabilité du Tchad, très clairement« , a-t-il affirmé à sa venue médiatisée au Tchad. Où est la morale que semblent promouvoir Macron et la CEDEAO ? Des principes sont soutenus dans un cas, et sont combattus dans un autre identique, en fonction des intérêts de l’oligarchie française au mépris de l’humanité des Africains et de la souveraineté des pays.
La CEDEAO honteusement téléguidée par Macron
« Je compte m’entretenir dès demain avec le président Nana Akufo-Addo, président en exercice de la CEDEAO pour l’appeler à prendre toutes les décisions utiles en la matière« , a insisté Emmanuel Macron en représailles à décision malienne de suspension des médias d’État français. Si la vassalité vis-à-vis des agendas impérialistes français est reconnu pour être la norme politique en Afrique sous domination française, c’est celle du président ghanéen Nana Akufo-Addo qui fait froid dans le dos africain. En outre, la transition politique au Mali depuis quelques mois a révélé la soumission de Nana Akufo-Addo aux agendas politiques français. Une subordination indigne et pathétique de Nana Akufo-Addo. Et pourtant, il dirige le pays du légendaire anti colonialiste Kwame Nkrumah.
En effet, des mesures attentatoires à la transition malienne seraient déjà décidées par la France, et dont la CEDEAO mettrait en œuvre incessamment les jours à venir. « J’en appelle à la Cédéao, l’organisation régionale, et à l’Union africaine pour prendre les décisions qui conviennent (…) » affirme avec mépris Emmanuel Macron.
Pour rappel, les sanctions illégitimes et illégales de la CEDEAO contre le Mali en janvier 2022 avaient déjà été annoncées par Emmanuel Macron et Jean-Yves Ledrian des jours plutôt. « Je l’ai dénoncé dès le printemps 2021 de manière très claire en appelant la CEDEAO à réagir avec beaucoup plus de fermeté. Nous avons ensuite renforcer nos pressions » ,explique Macron devant les médias français en marge de sa campagne pour les élections présidentielles en France.
Cette vassalité de la CEDEAO vis-à-vis des agendas impérialistes français en Afrique a conduit les autorités maliennes à l’accuser d’être « instrumentalisée par des puissances extrarégionales« . Cette perception, de par sa justesse, est largement partagée par les populations ouest-africaines. À l’évidence, plus d’étonnement à nouveau de voir, dans les prochains jours, la CEDEAO prononcer de supplémentaires sanctions à l’encontre du Mali.
Mais jusqu’à quand la CEDEAO continuera-t-elle d’être une entité au service de la France en Afrique de l’ouest ? À quand la CEDEAO des peuples au service du peuple souverain ?