La CEDEAO maintient les sanctions contre le Mali malgré leur suspension par la Cour de justice : Que pourrait nous inspirer cet affront des chefs d’État à la décision de justice ?
De la justice de la CEDEAO à celle de l’UEMOA, il est de coutume de constater le refus des chefs d’État de respecter les décisions des justices communautaires de la sous-région. Ce mépris aux justices communautaires se manifestent davantage quand les cours refusent de suivre l’agenda de forces exogènes. Le pouvoir de la transition au Mali les pousse davantage à l’éternelle faute.
En effet, les chefs d’État de la CEDEAO, ce 25 mars 2022, se sont réunis en session extraordinaire à Accra au Ghana pour récidiver sur le maintien des ‹‹ sanctions illégitimes et illégales ›› contre le Mali. Ainsi, ils viennent de s’opposer à l’ordonnance du 24 mars 2022 de la Cour de justice de l’UEMOA exigeant la levée de l’embargo décrété contre le peuple malien en janvier dernier.
Que pourrait nous inspirer cet affront des chefs d’État à la Cour de justice de l’UEMOA ?
De Patrice Talon du Bénin à Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, l’ensemble des chefs d’État de la sous-région ouest-africaine ne respecte presque jamais les décisions de justices communautaires, que si ces dernières vont dans leurs intérêts particuliers. Dans le cas contraire, ils les rejettent, surtout quand les décisions judiciaires tranchent entre les intérêts de l’oligarchie française contre ceux des peuples africains. Quel paradoxe ! Pourtant, ces dirigeants disent servir les peuples.
Par ailleurs, la sécurité du peuple malien face au terrorisme sous-régional n’est pas manifestement le souci des chefs d’État de la CEDEAO. À travers de lourdes sanctions, ils ont fièrement privé le peuple malien du commerce intra-africain, ce qui par conséquent devrait, selon leur officieux agenda, créer des tensions populaires contre les institutions transitoires. Ils s’entêtent à vite organiser des élections au Mali contre tout défi de sécurisation du pays et même du Sahel. Mais s’empresser pour organiser des élections rentrent dans quel agenda ? Dans l’agenda malien publié à l’issu des consultations populaires de décembre 2021 ? Ou des agendas françafricains élisant un civil pouvant repositionner favorablement la France au Mali ?
Des dirigeants dirigés
Le président français, Emmanuel Macron, quelques jours plutôt, déclare arrogamment : « J’en appelle à la Cédéao, l’organisation régionale, et à l’Union africaine pour prendre les décisions qui conviennent (…) ». En se réunissant à Accra ce 25 mars pour s’opposer à l’ordonnance de la Cour de justice de l’UEMOA ordonnant la suspension des sanctions, les chefs d’État – dirigeants dirigés – ont à nouveau prouvé très clairement la mainmise de la France sur l’organisation sous-régionale.
En outre, ces chefs d’État, contre toute volonté populaire, imposent aux dirigeants maliens le respect d’un calendrier électoral non consensuel de 12 à 16 mois. Voilà des dirigeants qui veulent que le Mali respecte ‹‹ leur calendrier électoral ›› au moment où eux-mêmes refusent d’exécuter les décisions de justice des Cours de justice communautaire exigeant la suspension de l’embargo sur le Mali. Ce paradoxe flagrant décrédibilise davantage cette organisation sous-régionale dans sa volonté manifeste d’imposer au peuple malien des agendas politiques français.