À l’origine de la création de l’Africom
Sa création était annoncée depuis plusieurs années. Ainsi, à l’été 2006, il fut décidé de créer un état-major spécifique pour le continent africain. Sur la base de constats économiques et géostratégiques, un think tank israélo-américain, l’Institute for Advanced Strategic and Political Studies (IASPS), a alors préconisé la création de ce commandement unifié, l’Africom.
En effet, sa création fut annoncée par l’administration Bush le 6 février 2007. Puis, il a commencé à être opérationnel le 1er octobre 2008. L’Africom fut placé sous le commandement du général américain William E. Ward, ancien coordinateur de la sécurité entre Israël et l’Autorité palestinienne.
Le contexte et les véritables objectifs de la création de l’Africom
L’Afrique est perçue comme une réserve importante de presque toutes les ressources disponibles au monde.
D’ailleurs, Suzanne RICE avoue que l’Afrique est un « énorme marché encore peu exploité de quelque 700 millions d’habitants (…), en expansion (…), d’immenses richesses encore inexploitées (…), de possibilités pour la création d’emplois (aux États–Unis) ». Elle une ancienne secrétaire ajointe chargée des affaires africaines (Africa News Report, 2 février 1998, cité par Philippe LEYMARIE, in Le Monde diplomatique, mars 1998, p.20).
À sa suite, l’African Oil Policy Initiative Group (AOPIG), un groupe d’initiative sur le pétrole africain, est constitué. Ses travaux débouchent sur la publication d’un livre blanc intitulé, African Oil, A priority for US National Security & African development. Les stratèges y mettent en alerte Washington de ‹‹ continuer à importer le pétrole du Moyen Orient au risque de financer le terrorisme ››. Toutefois, il y est expressément recommandé au gouvernement de faire du Golfe de Guinée une zone d’importance stratégique pour le pays.
C’est ainsi que l’Afrique a été identifiée par les stratèges américains pour pallier à la dépendance énergétique des États-Unis vis-à-vis du Golfe persique.
Dès lors, l’Africom a pour mission, la coordination des relations militaires entre les Etats-Unis et tous les États africains, à l’exception de l’Égypte. Toutefois, précisons que l’Égypte demeure dans le giron du commandement Central américain.
Contrairement à ce qui s’annonce régulièrement dans les théories et médias dominants, ce ne sont que des considérations économiques et géostratégiques qui ont été identifiées par la défense américaine :
– L’interet accru pour les ressources énergétiques dans la région du Golf de Guinée. On évoque alors la géopolitique du pétrole, pour sécuriser les approvisionnements américains par le golfe de Guinée afin d’amoindrir la dépendance aux réserves du Moyen-Orient.
Le département de l’Énergie américain rappelle d’ailleurs que « l’Afrique de l’Ouest est l’une des sources de croissance de la production de gaz et de pétrole parmi les plus rapides du monde ». (Voir « Les trois « piliers » africains de George BUSH », in J.A. L’Intelligent n°2106, Op.cit. p.3).
‹‹ Ils (États-Unis, ndlr) devaient importer 60,1% de leurs besoins en brut ››, d’après les informations de diploweb. Or ‹‹ le Golfe de Guinée fourni à lui seul 5 millions de barils/jour ›› précise à nouveau le site d’analyse diploweb.
– La compétition économique, visant à contrer par un pré-positionnement militaire des États-Unis la montée en puissance de la Chine et de la Russie sur le continent africain. Une sorte de continuité de la guerre froide sur le terrain africain.
En somme, c’est cet accroissement des ‹‹ intérêts américains ›› identifiés en Afrique qui posa le problème militaire de leur sécurisation contre la Chine ou la Russie. Alors, ce n’est ni pour des raisons dites de démocratie et de développement de l’Afrique, que les États-Unis assurent leur déploiement militaire en Afrique. Mais où, est l’Union africaine dans tout ça ? Ces élites n’envisagent-elles toujours pas l’unité des forces et faiblesses de ces micros pays ? N’ont-elles pas compris que les micros États africains ne pourront individuellement résister au mondialisme ?