VINCENT ABOUBAKAR, DES MAUX PLEIN LA BOUCHE

Vincent Aboubakar n’aurait pas dû saisir la perche tendue, après le défaite du Cameroun face à l’Égypte.

« […] On a une grosse équipe. Chaque fois qu’on essaye de jouer collectif, on gagne toujours. Et aujourd’hui, chacun voulait montrer de quoi il est capable et voici ça ! Ça paie, ça paie le football. Ça ne ment pas ! » allumant la première mèche de la soirée.

Puis relancé par un journaliste conscient de la future portée explosive des propos de l’interviewé à chaud, déçu d’avoir perdu à domicile dans le stade d’Olembé aux tribunes présidentielles bien garnies avec entre autres Samuel Eto’o et Gianni Infantino, respectivement président de la FECAFOOT et de la FIFA, l’attaquant camerounais rajoute :

« Chaque fois qu’on joue collectivement, qu’on est bien collectivement : on gagne ! Mais à partir du moment où chacun essaye de faire ce qu’il veut on passe à côté. Le résultat, il est là aujourd’hui. »

Avant de conclure : « C’est ça le problème, c’est ça ! Chacun pense à lui et ça nique tout. Malheureusement c’est ça ! » puis d’exécuter un geste de la main, un au revoir pour se retirer.

Ainsi parla Vincent Aboubakar, capitaine des Lions Indomptables du Cameroun.

https://www.youtube.com/watch?v=v64Kko0g4SE

Retour sur ce match tendu Cameroun – Égypte, perdu aux tirs au but (1 – 3), sur Vincent Aboubakar et ces maux plein la bouche, qui résonnent depuis hier au Cameroun tandis qu’à Abidjan, des supporters ivoiriens savourent leur revanche après avoir été traité de tous les noms ou presque.

VINCENT ABOUBAKAR AVAIT POURTANT BIEN COMMENCÉ

VINCENT ABOUBAKAR, DES MAUX PLEIN LA BOUCHE
Le tête que tu fais quand tu sais que tu vas terminer meiller buteur de la CAN 2021. ©️Tous droits réservés

TRASHTALKING D’AVANT-MATCH

Avant qu’il ne prenne maladroitement la parole devant les caméras de Canalplus Afrique, qu’il verse « l’eau qui ne peut plus être ramassée », le meilleur buteur de la compétition (6 buts en 5 matchs) avait notamment répondu aux questions de Radio France International et dit ceci à propos de son adversaire du soir Mohamed Salah :

« […] Je le vois comme avant. Il fait une super bonne saison en Premier League, il aide son pays à avancer dans la compétition. Je lui souhaite beaucoup de chance. Que le meilleur gagne ! Il ne m’impressionne pas beaucoup. […] C’est un bon joueur, il marque beaucoup mais il ne produit pas énormément de trucs dans le jeu. […] » Ainsi parla Vincent Aboubakar, Capitaine des Lions Indomptables du Cameroun.

Bien que ces mots soient d’une certaine justesse tant le Capitaine des Pharaons d’Égypte est moins flamboyant qu’avec Liverpool, où il joue aux côtés de son futur adversaire en finale Sadio Mané, la VAR n’oublie rien. Encore moins quand le résultat est mauvais.

Mais avant tout ce trashtalking, le natif de Garoua, qui « veut marquer les esprits[1] », avait dominé la compétition de la tête et des épaules, posant déjà ses mains sur le trophée de « meilleur joueur de la CAN 2021 ».

VINCENT, LE LION INDOMPTABLE ET DISCRET

Deux pénaltys lors du match d’ouverture face au Burkina Faso (2 – 1), sous les yeux de Paul Biya, deux autres contre l’Éthiopie (4 – 1) puis un autre face au Cap Vert (1 – 1) pour conclure un premier tour à l’issue duquel il sera logiquement désigné par la CAF : « meilleur joueur ».

Avant son 6ème et dernier but – pour le moment – lors de la rencontre polémique face aux Comores.

Le trentenaire qui, selon ses proches dont les propos ont été publiés sur So Foot, est « un monsieur très simple » est alors sous les feux des projecteurs. Chose assez rare pour ce joueur discret issu d’une grande fratrie : il est le cinquième d’une famille de huit enfants.

DE VALENCIENNES À PORTO EN PASSANT PAR LORIENT EXPRESS

Comme de très nombreux footballeurs, Neymar Jr par exemple, l’avant-centre d’Al-Nassr Riyad, club saoudien, a grandi dans une famille défavorisée qui a naturellement placé ses espoirs en lui quand le petit Vincent brillait dans les compétitions de jeunes.

Mais il faudra attendre la CAN U17, en 2009, pour que ses rêves de footballeur professionnel se réalisent. « […] Tous mes grands frères l’ont suivi, explique l’un d’entre eux toujours dans cet article de So Foot. Ils lui ont apporté un peu d’aide financière. »

Quelques années plus tard, le Camerounais débarque à Valenciennes, située dans le nord de la France. Double choc à la fois thermique et culturel pour celui qui n’avait encore jamais mis les pieds sur le Vieux Continent. Après trois années passées là-bas, la plupart du temps en solitaire, il rejoint Lorient entraîné par Christian Gourcuff, l’homme qui ne jurait que par le 4 – 4 – 2.

C’est dans cette ville de l’ouest de la France que l’avant-centre camerounais, que son entraîneur « devait parfois freiner pour ne pas entamer sa fraîcheur » explose : 16 buts en 34 matchs, lors de la saison 2013 – 2014. Le deuxième meilleur total qu’il partage avec Edinson Cavani, André-Pierre Gignac, Wissam Ben Yedder et Salomon Kalou.

À LA SANTÉ DE PORTO

VINCENT ABOUBAKAR, DES MAUX PLEIN LA BOUCHE
Porto un toast ! ©️Tous droits réservés

Habitué à repérer les bons joueurs sur lesquels il réalise ensuite une plus-value, le FC Porto le recrute en 2014 pour 12,3 millions d’euros selon Transfermarkt.

Même s’il y marque esprits et buts, notamment ce golazo face au FC Bale en 8ème de finale de la Champions League, en mars 2015, il y fait régulièrement la navette sous forme de prêt entre le club portugais et le club stambouliote de Besiktas jusqu’en 2020 où il rejoint définitivement les bords du Bosphore.

Mais ce fameux but face aux Suisses n’est rien comparé à celui victorieux qu’il inscrira deux ans plus tard lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations face à l’Égypte (2-1).

Numéro 10 sur le maillot, short taille basse, Vincent Aboubakar, qui « […] est fasciné par l’espèce humaine, le cosmos, les atomes ou l’existence. […] », entre sur le terrain. Le tableau affiche alors 1 – 1 entre les deux équipes nationales les plus titrées du continent africain.

La suite appartient à l’Histoire, celle que Roger Milla et Samuel Eto’o avaient écrite auparavant.

Décollage dans les airs, amorti de la poitrine puis reprise de volée, certes écrasée, mais qui finit au fond des filets : Cameroun 2 – Égypte 1.

Vincent Aboubakar devient alors celui qui a offert la 5ème étoile sur le maillot vert du Cameroun.

Hier, celui, qui écrit depuis des années, a noirci sa légende au terme d’une rencontre âprement disputée.

CAMEROUN INEFFICACE VERSUS ÉGYPTE STOÏQUE COMME SPHYNX

De la rencontre Cameroun – Égypte, disputée dans une ambiance électrique, où des fans égyptiens, déguisés en pharaons, détournaient de temps en temps l’attention des téléspectateurs, on ne retiendra pas grand-chose ; si ce n’est que les Lions Indomptables ont eu des occasions mais les ont ratées. La faute à une Égypte bien organisée et malicieuse, à un pied adverse par-ci, un poteau par-là, ou une mauvaise décision comme celle de Zambo Anguissa qui tente de réaliser un exploit individuel alors qu’il s’était déjà ouvert le chemin des filets en seconde mi-temps.

Du temps réglementaire, on retiendra que Carlos Queiroz, l’ancien entraîneur de Manchester United et du Real Madrid dans les années 2000, a été justement expulsé par M. Bakary Papa Gassama.

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M. Queiroz, c’est par ici la sortie. ©️Tous droits réservés

Sa colère et ses simagrées ne feront pas plier l’homme en noir droit dans ses bottes, qui avertira ensuite un autre membre du staff égyptien.

Vinrent alors la séance fatale des tirs au but.

YAOUNDÉ PLEURE, ABIDJAN RIT

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Gabaski, encore, dans ses oeuvres. ©️Tous droits réservés

En bon capitaine, c’est Vincent Aboubakar, qui le premier affronte le spécialiste Mohamed Abou Gabal dit « Gabaski ». Mais l’ascendant psychologique que l’Égyptien a sur ses adversaires, après avoir notamment stoppé le pénalty d’Éric Bailly, n’empêche pourtant pas Aboubakar de marquer. Ça sera le seul et unique tir au but réussi côté camerounais ! Le seul et unique ! L’affaire est si vite expédiée, façon Chronopost, que Mohamed Salah n’aura même pas eu besoin de tirer le sien.

Dès le raté de Clinton Njie, dont la frappe passe à côté du héros du soir, qui en a stoppé deux, certains pleurent, d’autres rient. Notamment ces fans ivoiriens qui n’ont pas oublié mais alors pas du tout que leurs « meilleurs ennemis » avaient hué leur hymne, leurs supporters, etc.

Chez eux, la vengeance est un plat qui se mange chaud. Show devant !

Les nerfs étaient tendus, avant le match.
Forcément, Aboubakar allait prendre une balle perdue.
D’autres auraient voulu que Salah enfonce le clou.
Le feu, c’est le feu. Celui qui n’a pas peur, de la Côte d’Ivoire, n’a pas de courage.
Ivorian Food.
Le Cameroun, dans la sauce.
Un but partout : balle au centre.
En musique, ça passe mieux.
En zouglou, ça réussit toujours !
Un peu d’humour dans ce monde de brutes.
Un dernier pour la route.

Les moqueries n’y changeront rien.

La contre-déclaration de Toko-Ekambi, après celle de son franc-tireur de capitaine, « […] Il pense ce qu’il veut. Il dit ce qu’il veut. Moi, je vais pas polémiquer sur ça. […] », n’y changera rien non plus.

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Les deux attaquants étaient pourtant au-dessus du reste de l’équipe. ©️Tous droits réservés

Tel un invité qui refuse de payer son écot, Vincent Aboubakar a réussi l’exploit de se faire remarquer. La faute à ses maux plein la bouche.

« […] On a une grosse équipe. Chaque fois qu’on essaye de jouer collectif, on gagne toujours. Et aujourd’hui, chacun voulait montrer de quoi il est capable et voici ça ! Ça paie, ça paie le football. Ça ne ment pas ! »


[1] Toujours au micro, de Radio France International.

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