Organisation d’élections au Mali avant 2027 : Pourquoi ne faut-il pas se précipiter ?

Élections au Mali, pourquoi ne faut-il pas surtout se précipiter ?

Depuis l’arrivée du pouvoir militaire au Mali, la France et ses alliés, à travers la CEDEAO et l’Union africaine par procuration, mettent la pression pour le retour du pouvoir aux mains des civils à travers l’organisation – précipitée – d’élections. Un vœu qui visiblement ne semble pas être, d’un point de vue africain, à l’avantage des enjeux politiques, sécuritaires et géopolitiques du Mali et du Sahel.

Rappel du contexte de l’arrivée des militaires au pouvoir

Le Mali –in extenso le Sahel –vit une crise sécuritaire et globale de souveraineté depuis des décennies. Ces crises à multiples dimensions se sont accentuées et perdurent surtout au lendemain du déploiement d’impressionnants dispositifs militaires français et onusiens. Officiellement ces déploiements militaires visaient à éradiquer le terrorisme au Mali et au Sahel. Mais derrière ces discours officiels, sembleraient se dissimuler des agendas de partition « progressive » des pays du Sahel, de l’accès sécurisé aux ressources naturelles par les puissances militaires occidentales présentes. Rapporté par Maghreb Émergent, le premier ministre malien Choguel Maïga soutien que « La France œuvre à la partition du Mali ».

élections au Mali
Interview du Premier Ministre de la République du Mali, Choguel Kokalla Maïga dans un des salons de la résidence officielle, située non loin de la Primature en commune III, le samedi 16 octobre 2021 à Bamako au Mali.

« Après (un) temps d’allégresse en 2013, l’intervention s’est muée dans un deuxième temps en une opération de partition de fait du Mali qui a (consisté dans) la sanctuarisation d’une partie de notre territoire, où les terroristes ont eu le temps de se réfugier, de se réorganiser pour revenir en force à partir de 2014 », a poursuivit Choguel Maïga devant les diplomates réunis à sa demande à la Primature en février 2022.

Notons déjà que les « civils » ont lamentablement échoué dans la gestion – à tous les niveaux – des pays africains. Au-delà de la corruption dont ils sont royalement champions avec leurs complices occidentaux, cette caste d’intelligentsia africaine était devenue une vassale assumée au service de l’impérialisme français et occidental, bénéficiaires du chaos sahélien.

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colonel Assimi Goïta

Face à tout ce chaos, est survenu le « coup de grâce militaire » –sans effusion de sang– porté par le courageux colonel Assimi Goïta. Ce dernier, avec le minutieux travail de son fidèle gouvernement, a organisé les « Assises nationales de la refondation » qui a fortement recommandé la prorogation de la transition pour cinq ans, selon les informations du site Mali.actu.

‹‹ C’est donc l’occasion et le lieu de rassurer le peuple malien sur notre engagement et notre détermination quant à la mise en œuvre des résolutions issues de ces assises souveraines ››, a avancé le Président Assimi Goïta le 30 décembre 2021 à l’issue des assises.

En outre, l’autre événement important, c’est la révision approuvée ce lundi 21 février 2022, disposant que la durée de la transition sera conforme aux recommandations formulées à l’issue de consultations nationales qui ont eu lieu en décembre 2021. Ces « assises » préconisaient une transition de six mois à cinq ans. Ainsi le Conseil National de Transition a approuvé par 120 voix pour, aucune voix contre et aucune abstention, le projet de loi présenté par le gouvernement transitoire et révisant la charte de la transition, ont constaté les correspondants de l’Agence France Presse. Une légitimité des institutions de la transition plus que jamais renforcée, en effet.

Civils ou militaires au pouvoir au Mali ?

Civils ou militaires au pouvoir ? Ce qui intéresse les Africains, c’est la bonne gouvernance axée sur les défis de restauration de la souveraineté – à tous les niveaux –. Et tout porte à croire aujourd’hui que seuls les militaires au pouvoir semblent incarner légitimement ces aspirations souveraines.

élections au Mali

D’ailleurs, l’enjeu malien dépasse de loin les histoires d’organisation d’élection (enjeux visiblement de la France avec comme sous proxy la CEDEAO des dictatures). Moins de cinq ans de transition au Mali à l’heure de multiples enjeux géopolitiques et sécuritaires pourraient même sembler énormément insuffisants avec un ‹‹ Goïta ›› Président dont plus personne n’ignore désormais la ligne de conduite politique et géopolitique. Ce sont quand même des militaires au pouvoir en Libye depuis près de 10 ans et au Tchad depuis quelques temps sans que la France ne fasse pression pour l’organisation des élections. Visiblement, ces pouvoirs militaires font ses affaires en Afrique, contrairement à celui malien orienté à l’autodétermination et à la souveraineté.

Au demeurant, cette transition de cinq a été acceptée par les Maliens à travers les « Assises », par les Africains en général, et désormais entérinée par l’organe représentatif qu’est le CNT. Alors il n’y a point de raisons de se précipiter pour le passage du pouvoir d’État aux civils… Cette transition pourrait bien être un laboratoire d’essai de retour du patriotisme africain et panafricain dans la sous-région ouest-africaine pour la conquête et la préservation renforcée des leviers de la souveraineté malienne.

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