Au Ghana, des femmes enfermées dans des “camps de sorcières”

Accusées de sorcellerie, des centaines de femmes sont placées dans des “camps de sorcières” où elles vivent isolées et dans des conditions précaires.

Elles n’ont pas de chapeau pointu, ne volent pas sur des balais, et pourtant, elles sont considérées comme des sorcières. Au Ghana, des centaines de femmes accusées de sorcellerie sont contraintes de vivre recluses dans “camps de sorcières”. Sans aucun jugement, ces femmes sont souvent condamnées par le chef du village ou des membres de leur entourage à quitter leur famille et leur maison pour ces prisons à ciel ouvert.

Le Ghana est le seul pays au monde où existent encore ces camps. Aujourd’hui, cinq d’entre eux sont disséminés sur l’ensemble du territoire et regroupent près de 300 de femmes. Il y a 10  ans, plus de 1000 femmes y étaient recluses. Certains ghanéens pensent que les premiers camps de sorcières existent depuis 1900. 

L’exil ou la mort

Dans le nord du Ghana, où les superstitions sont très ancrées, il est courant que des femmes soient accusées de sorcellerie. Le décès d’un membre de l’entourage, le fait de ne pas enfanter d’un garçon ou encore apparaître dans le rêve de quelqu’un par exemple sont des causes de dénonciation. Dans ces cas-là, la règle est simple : l’exil ou la mort. 

Certaines sont donc placées dans les camps de sorcières, exclues de la société par les chefs de village. Bannies à vie car aucune loi ne l’interdit, elles sont logées dans des huttes et demeurent dans une précarité extrême où l’accès à l’eau et à l’électricité se fait rare. 

Les femmes qui refusent l’enfermement sont confrontées à des violences qui mènent à la mort. En juillet 2020, Akua Dentah, une vieille dame de 90 ans, a été battue à mort en public par une foule dirigée par sa propre petite-fille. Elle avait été dénoncée par un membre du village de Kafaba dans le centre du pays. La vidéo enregistrant sa mort avait fait le tour des réseaux sociaux.

Vers une fermeture des camps de sorcières ?

Le gouvernement ghanéen s’est engagé à définitivement fermer les camps de sorcières suite à un meutre qui secoué le pays. En novembre 2010, Ama Hemma, une femme de 72 ans, a été brûlée vive par des membres de sa communauté aprs avoir été accusée de sorcellerie. Gatopardo, revue sud-américaine de grands reportages, explique que les assaillants ont affirmé à la police qu’ils “l’avaient aspergée de kérosène pour enlever la magie noire en elle”. 

Gatopardo ajoute qu’“un nouveau corpus législatif qui interdirait les accusations de sorcellerie. Dès lors, n’importe qui pouvait dénoncer devant un tribunal ou à un poste de police qu’elle avait été désignée sorcière”. 

Si le gouvernement s’efforce d’enrayer cette pratique illégale, il bénéficie néanmoins de l’aide de plusieurs organisations dans le but de fermer les camps mais également dans le but de réintégrer les femmes expulsées de chez elles dans leur village. 

L’organisation non gouvernementale Action Aid, la Commission des droits de l’homme et de la justice administrative du Ghana, a travaillé durant ces cinq dernières années à fermer les camps du nord du pays. Seul un tiers d’entre eux ont fermé leurs portes. 

Sources :

AFP

BBC

RFI

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https://www.nofi.media/2021/07/la-sorcellerie-africaine-occident/66938

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