Antoine Wave Garnier : 13 ans depuis la disparition du “Suprême”

Il y a 13 ans jour pour jour qu’Antoine Wave Garnier, considéré comme l’un des pionniers du hip-hop en France, s’est éteint en 2009. Retour sur le parcours du “rap-porteur”.

Journaliste, écrivain, sociologue, producteur…Antoine Wave Garnier était un des pionniers de la culture hip-hop en France. Décédé le 20 janvier 2009 à Montréal d’une crise cardiaque à l’âge de 44 ans, ce spécialiste de la culture américaine et de la culture afro aura laissé une empreinte indélébile dans le milieu de la musique en France.

Antoine Wave Garnier, un touche à tout médiatique

Curieux du décalage entre l’image des personnes noires dans les sitcoms télévisées en France et la diversité des réalités, Antoine Wave Garnier s’installe à New-York en 1986. Pendant les dix années passées sur le sol américain, l’analyste y découvre la naissance d’une culture urbaine matérialisée par la créativité artistique de jeunes noirs : le hip-hop. Après avoir rencontré le DJ d’une radio afro-américaine, Kiss FM, il découvre cette culture qui ne le quittera jamais.

Il devient alors correspondant aux Etats-Unis pour plusieurs journaux français comme Groove ou Black News. De retour dans la capitale française avec une connaissance aiguisée de la culture américaine, il devient le rédacteur en chef du magazine Radikal, l’un des principaux titres de presse destiné aux passionnés de hip-hop. Il fut celui qui y introduisit une nouvelle ligne éditoriale en balayant les stéréotypes de cette culture comme “les photos de femmes nues” par exemple. 

Lancé dans la popularisation de ce style musical sur le territoire français, le “rap-porteur”, comme il se décrivait lui-même, a été le concepteur de la première émission consacrée au rap sur un réseau national, Fun Radio. Intitulée Check ça, l’émission était réalisée en direct avec des interventions d’experts expliquant les dessous de cette culture. A cette époque, l’antenne recevait la quasi-totalité des rappeurs français ainsi que des artistes américains tels que Mob Deep, LL Cool J ou ls Fugees. Suite au succès de ce projet, Antoine Wave Garnier enchaîne diverses émissions pour d’autres médias tels que 13ème rue, RFO et La 5.

Une référence dans le rap français

Devenu une véritable référence, le diplômé en civilisation américaine de Paris 8 a joué un rôle de levier quant à la notoriété de nouveaux talents du rap français comme IAM, Oxmo Puccino et MC Solaar dont il traduisait certaines chansons en anglais dans le but de le promouvoir à l’international.

Convaincu qu’il existe “une profonde méconnaissance” de la culture rap en France, Antoine Wave Garnier se lance dans l’écriture de livres sur le sujet. En 1998, il publie notamment “Comprendre Le Rap”, un petit dictionnaire destiné aux novices. Il enchaîne par la suite avec  « Souffle au cœur de la génération Hip Hop entre New York et Paris 1986/2003 – Volume 1 et 2” qui porte un regard sur l’influence révolutionnaire de la culture noire contemporaine sur les jeunesses américaine et française. 

Et comme il l’expliquait dans une interview accordée au média Grioo en 2004, il ne s’agit pas d’un “livre sur le rap, mais dans le rap. Un outil qui utilise la musique pour expliquer la société”. Son dernier ouvrage paru en 2006, « Les Suprêmes, La révolution vibracultic », retrace le parcours de “jeunes urbains, pauvres et exclus” qui ont réussi “à devenir des superstars planétaires”.

Celui à qui l’on doit les néologismes “rapologique” ou encore “vibracultic”, a également lancé les éditions « Antoine Wave Garnier”, qui ont pour but d’analyser historiquement et culturellement des membres de la diaspora noire dans le domaine liant sociologie et arts.

Après avoir longtemps été le fin observateur d’une culture en constante évolution, Antoine Wave Garnier travaillait durant les dernières années de sa vie sur “Ingrédient”, un projet de magazine culturel et sociétal avant de s’éloigner peu à peu du monde des médias et de se consacrer à sa carrière d’écrivain. L’analyste constatait déjà un détournement du rap dans sa mission initiale d’émancipation de la communauté noire et comme il le déclarait dans une interview en 2004, “force est de constater qu’il n’y a plus de culture hip hop comme les anciens ont pu la connaître”.

Sources :

AFP

Grioo.com

Libération

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