Manifestations, revendications, émeutes… La Guadeloupe vit une crise depuis le 15 novembre provoquée par l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, mais elle concerne également des maux plus profonds.
Depuis le lundi 15 novembre, les guadeloupéens manifestent contre le pass vaccinal. Le collectif d’organisations syndicales et citoyennes Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), opposé à la vaccination obligatoire des personnels soignants, a effectivement lancé un appel pour une grève générale illimitée. Depuis, l’île est en proie à de nombreux rassemblements et parfois de violentes émeutes.
En septembre, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait annoncé l’obligation vaccinale pour les personnels hospitaliers au risque d’être suspendu. Le taux de vaccination contre le Covid-19 s’élève à 85%. Pourtant fin novembre, le CHU de Pointe-à-Pitre comptait déjà 566 suspensions pour faute de vaccination.
La Guadeloupe Contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire mais pas que
Ces contestations contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire ne sont qu’une partie émergée de l’iceberg. La crise actuelle n’est autre que l’accumulation de situations que ne supportent plus les guadeloupéens.
Bien avant la crise sanitaire, l’île souffrait déjà de nombreux maux parmi lesquels l’utilisation du chlordécone, un insecticide toxique illégalement utilisé en Guadeloupe par la Métropole jusqu’en 1993 et qui a impacté 90% des habitants, les fréquentes coupures d’eau causées par un dysfonctionnement du réseau depuis de nombreuses années, ou encore les prix exorbitants des produits alimentaires mais aussi des produits d’hygiène.
Les organisations à l’origine de l’appel à manifester ont fait parvenir aux autorités dès le 2 septembre une liste de revendications, réitérée dans un communiqué diffusé le 19 novembre. La trentaine “d’organisations syndicales, politiques, citoyennes et culturelles” qui luttent contre le pass sanitaire ainsi que l’obligation vaccinale, pointent du doigt des dysfonctionnements maintes fois abordés en Guadeloupe. Le communiqué comporte des exigences spécifiques concernant par exemple la gestion de la crise sanitaire ou encore des revendications sociétales et dans le secteur de l’éducation. Quant aux revendications sociales, elles concernent les points suivants :
- La résolution de tous les conflits en cours
- Le respect de tous les accords signés, y compris celui du SDIS-971, toujours pas appliqué ;
- L’augmentation généralisée des salaires, des minima sociaux, des allocations chômage et des pensions de retraite en même temps que l’augmentation des prix
- Le remplacement de tous les départs à la retraite
- L’arrêt des licenciements, dans le privé et des suppressions de postes, dans le public ;
- L’embauche massive de titulaires, dans toutes les fonctions publiques, à la poste, dans les écoles, à l’université…
- L’arrêt de la répression judiciaire et patronale, contre les militants, les travailleurs et les organisations syndicales
- L’abrogation des règles d’indemnisation du chômage
- Le maintien de toutes les primes de vie chère
- L’ouverture de négociations collectives, dans toutes les branches professionnelles, sur les salaires, l’emploi, la formation, la durée du travail, la protection sociale, la priorité d’emploi des jeunes, des chômeurs et des salariés de Guadeloupe, le fait syndical guadeloupéen.
- La résorption de tous les emplois précaires et des embauches massives, dans le privé
Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, se disait “prêt” à parler de l’autonomie de l’île dans une allocution télévisée diffusée fin novembre depuis la métropole. Lors de son passage en Guadeloupe le 29 novembre, il avait imposé aux syndicalistes « la condamnation des violences des jeunes » comme condition préalable au dialogue.
Sources :
AFP
Franceinfo Guadeloupe1
La Tribune