A l’occasion du festival “Le mois Kreyol”, le conservatoire Maurice Ravel a accueilli “Entre ciel et Terre”, un solo du danseur et chorégraphe togolais Kossivi Sénagbé Afiadegnigban.
Pièces de théâtre, concerts, projections, tables rondes… Si le festival “Le mois Kreyol” parvient à satisfaire son public par une programmation plus qu’éclectique, la danse occupe une place de premier choix lors de cette célébration de la langue créole et de ses cultures. Ainsi, les 16 et 29 octobre au conservatoire Maurice Ravel, le public découvrait le danseur et chorégraphe Kossivi Sénagbé Afiadegnigban, à travers son solo “Entre ciel et Terre”. Une chorégraphie qui aspire à faire voyager les spectateurs tout en les motivant à creuser le rapport à leur identité et à les inciter à un retour aux sources.
Un voyage initiatique “Entre ciel et terre”
Avec un décor minimaliste assorti d’une seule et même lumière projetée sur le danseur, aucun spectateur n’était en capacité de détourner le regard de cette chorégraphie hypnotique. “Entre ciel et terre” est parvenu à transporter le public dans un voyage initiatique où Kossivi Sénagbé Afiadegnigban, en quête de sa véritable identité, se retrouve tiraillé entre tradition et modernité.
Dans un état à la fois de rejet mais en même temps de découverte, le danseur, vêtu d’un t-shirt bleu et d’un jean rose, entame son processus d’acceptation sur un fond sonore entrainant. Entre roulades, balancements et mouvements saccadés, la chorégraphie prend en otage l’attention des spectateurs, troublés par cette véritable lutte dansante. Arrive le moment où Kossivi se déleste de ses vêtements, passage qui symbolise la future rencontre avec ses ancêtres.
Désormais habillé d’un pagne blanc noué autour de la taille, il entre dans une phase de transe à travers des mouvements vifs et répétitifs. Des mouvements d’ailleurs, en total décalage avec la musique car “ils existent par eux-mêmes”. Dans un cercle dessiné au talc, Kossivi s’attèle à des déhanchements, des chutes, des tournoiements et des coups dans le ventre le tout dans une ambiance mystique aux allures de rituels africains.
Kossivi Sénagbé Afiadegnigban inspiré par les rituels africains
Inspiré par les rythmes et chants de plusieurs pays du continent, Kossivi Sénagbé Afiadegnigban, originaire du Togo, s’est nourri de ces pratiques ancestrales afin d’ériger sa chorégraphie.
La rencontre avec le pagne blanc représente donc la communion avec ses ancêtres mais aussi leurs pratiques et leur vécu. L’idée du cercle, elle, symbolise le fondement, l’ancrage et la communauté. “C’est en général un cercle qui domine dans plusieurs rituels africains car tout est relié à lui” explique le danseur. “Il porte toute la cérémonie et fait circuler l’énergie des uns et des autres. Grâce à lui, tout le monde participe à la transe de chacun” ajoute-t-il.
Le talc quant à lui sert d’« élément de connexion » entre la terre et le ciel, le vivant et le vécu et le corps et l’esprit. Tous ces éléments traduisent la stabilité retrouvée par le danseur dans son avènement vers son “moi” futur.
Lorsqu’on lui demande pourquoi il a fait le choix de présenter ce solo lors du Mois Kreyol, la réponse que Kossivi ne se fait pas attendre.
“Ce festival est un grand bol dans lequel plusieurs cultures sont mélangées. On rencontre, on partage, on échange. L’Afrique est bien présente dans la créolisation et participer au Mois Kreyol est ma façon à moi d’apporter une part du continent”.
Vous pouvez retrouver la suite du programme du Mois Kreyol sur le site https://lemoiskreyol.fr/calendrier/