Acclamé par la critique et présenté au dernier Festival de Cannes, “Freda”, de Gessica Généus, sort en France ce 13 octobre.
Présenté dans la sélection « Un certain regard » lors du dernier Festival de Cannes, « Freda », de la réalisatrice haïtienne Gessica Généus, est parvenu à séduire les critiques. Brut et sans filtre, le film, tourné en créole, dépeint les quartiers pauvres de Port-au-Prince en Haïti avec une approche authentique. Entre rires, peur et pleurs, le spectateur est plongé dans le quotidien de Freda et ses proches, un quotidien rattrapé par la politique instable du pays, où chacun se demande s’il faut partir ou rester.
Freda, une instabilité Politique
Interprétée par Néhémie Bastien, Freda vit avec sa mère Janette, sa sœur Esther et son frère Moïse dans un quartier populaire de Port-au-Prince où ils tiennent une boutique de rue. Gessica Généus met admirablement en lumière le quotidien de cette famille coincée au milieu d’un chaos politique dans lequel manifestations de rue et balles perdues font rage.
“Ce film permet de nous regarder en face. C’est un miroir de la société et de la politique haïtienne » explique la réalisatrice. Omniprésente au cours du long métrage, cette instabilité ne cesse de rattraper Freda tant dans sa vie personnelle que dans sa vie d’étudiante. En effet, plusieurs scènes montrant des débats houleux entre camarades de classes font référence à la corruption, la violence et autres tourments dont le pays fait face. Après que son petit-ami Yeshua a reçu une balle perdue durant son sommeil, Freda se retrouve alors face à un dilemme. Rester ou quitter le pays avec lui.
La réalisation du long métrage s’est également effectuée dans un contexte d’insécurité, au sortir de trois mois de confinements, non liés à la pandémie mais à l’instabilité du pays. Gessica Généus, qui évoque la présence de tirs nourris lors du tournage de plusieurs scènes, salue les haïtiens qui sont restés pour protéger son équipe.
“Un film de femmes”
Gessica Généus l’assume, “Freda” est aussi “un film de femmes, de femmes noires, de femmes noires haïtiennes”. Ayant grandi dans une famille de femmes, elle dépeint des liens indestructibles accompagnés d’une solidarité à toute épreuve entre ses personnages féminins. A travers la notion de choix, la réalisatrice affiche également une résilience certaine qui émane de chacun d’elles.
Qu’il s’agisse de se blanchir la peau, d’assumer une grossesse non désirée ou encore de se marier à un homme riche pour pouvoir s’en sortir, les femmes que vous verrez à l’écran enchainent les décisions difficiles et font des sacrifices parce qu’elles l’ont tout simplement décidé.
L’actrice Djanaïna François, qui joue le rôle d’Esther, la sœur de Freda, associe les choix de son personnage aux valeurs du féminisme. Esther est une jeune femme qui aime s’amuser et qui entretien des relations avec plusiers hommes. Djanaïna défend sa protagoniste en insistant sur le fait que la juger reviendrait à remettre en question les choix de sa propre vie, qui n’appartiennent qu’à elle.
A travers Freda et sa famille, la réalisatrice mais aussi actrice et chanteuse Gessica Généus dresse le portrait d’un pays emporté dans un cycle gangréné par la violence et la corruption. Un pays où la douleur est tellement ancrée, que ses habitants ne sont pas capables d’être dans l’émoi. Mais il s’agit d’un film nécessaire où les haïtiens ont l’occasion de se regarder en face : “ils ne sont pas haïtiens, ils sont Haïti”.
Vous pouvez retrouver “Freda” en salle à partir du 13 octobre