La religion traditionnelle akan

La religion traditionnelle akan du Ghana et de Côte d’Ivoire possède un grand nombre de similarités avec les religions du reste du continent depuis l’Egypte Ancienne.

Les Akans sont un groupe ethnique regroupant plusieurs populations de Côte d’Ivoire et du Ghana. Parmi eux, on trouve les Ashanti, les Fanti, les Baoulé ou encore les Agni.

L’Être suprême dans la religion traditionnelle akan

L’Être Suprême, chez beaucoup de peuples akan se compose en fait d’une triade de personnalités divines ou aspects d’une personnalité divine: Nyame, qui représente la matière, Nyankopon la force vitale et Odumankoma la conscience et l’intellect.

Nyame est aussi associé à la féminité comme à la masculinité, à la reine-mère et à la lune alors que Nyankopon est associé au roi, à la masculinité, au soleil et Odumankoma au ciel et aux ancêtres, notamment aux oncles maternels.

Le nom Nyame est apparenté à un grand nombre de noms de l’Être Suprême en Afrique. Ce nom est apparenté  à un grand nombre de noms de l’Être Suprême sur le continent africain, comme Nzambi en kikongo, Nzambe en lingala, Nyambe en Basaa ou Zambe en bulu.

Nyankopon, qui signifie le ‘véritable grand Nyame’ répond selon Eva Meyerowitz au nom d’Amen. Amen ressemble à un grand nombre de noms de l’Être Suprême en Afrique, comme le Dogon Amana ou l’Egyptien Amana~Amunu. Amen est utilisé pour former le nom Kou-ame~Kw-ame, utilisé pour nommer les garçons nés le samedi. 

Meyerowitz a en outre montré un grand nombre de caractéristiques extralinguistiques communes partagées par Nyankopon/Amen et Amon-Ra.

Parmi eux, on compte l’association avec le soleil, le fait que Nyankopon se tienne toujours prêt à tirer sur le serpent comme Ra se doit de combattre quotidiennement le serpent Apophis; que les deux soient associés au bélier et que le roi soit considéré comme son fils et son incarnation.

Il est jusqu’au symbole représentant le soleil et Nyankopon chez les Akans identique au hiéroglyphe égyptien représentant le soleil.

Les divinités dans la religion traditionnelle akan

Chez les Ashanti, les Abron et les Fanti, le mot pour divinité est (o/a)bosom. Ce mot ce compose d’un élément -bo et d’un élément som qui signifie ‘servir, adorer’ et qui fait echo au terme égyptien sm du même sens.

Les Abosom sont considérés comme les enfants de Nyame.

Chez les Baoulé, les Agni et les Nzema notamment, un mot différent est utilisé. Il s’agit de Amoin, Amoan ou Amonlin.

Il est tentant de pointer du doigt que chez ces populations, le nom d’Amen pour l’être suprême n’est à notre connaissance pas attesté dans la documentation disponible dans les langues akan de l’ouest.

Ce mot est-il apparenté au nom de l’être suprême Amen en Akan de l’est?

La question mérite d’être posée puisque ce glissement de sens entre nom de l’être suprême et est bien attesté dans les langues du monde.

Chez les Mossi par exemple, le terme pour l’être suprême est cognat avec le mot pour ‘divinité’ dans la langue très proche qu’est le dagbani.

L’un des plus importants Abosom est Tano, qui réside dans le fleuve Tano.

Les parties constitutives de l’être humain dans la religion traditionnelle akan

Le kra dans la religion traditionnelle akan

Dans la religion traditionnelle akan, on dit que l’être humain se compose généralement de quatre parties immatérielles. La première est le kra ou force vitale. Le kra est aussi lié au destin de l’individu. Il est insufflé à l’être vivant à sa naissance par Nyame.

Si le kra d’un individu est pur au cours de la vie d’un individu, il rejoint le kra immortel de Nyame; sinon, il est appelé à se réincarner.

La conception akan du kra l’associe de très près avec le chat. Gérard Pescheux (2003) a rapporté une anecdote dont il a été témoin d’une rixe entre des Akans et des Ewé. Les premiers accusaient les seconds, qui frappaient un chat, de s’attaquer au kra d’un ancêtre.

Comme le rappelle Pescheux, cette scène est identique à une scène rapportée par l’historien grec Diodore de Sicile selon qui un soldat romain fut lynché par des Egyptiens anciens pour avoir tué un chat, ceci malgré l’intervention du roi Ptolémée XI.

Une autre anecdote concerne la bataille de Péluse, qui selon Hérodote, aurait été perdue par les Egyptiens qui auraient refusé d’attaquer les Perses qui mettaient en avant des chats dans leurs rangs.

Le kra est très vraisemblablement cognat avec l’égyptien ka, le gen-ewe akla(mã) et l’égyptien k3 qui en possèdent le même sens et le haoussa kuraa qui a un sens un peu différent.

Comme les Akan, les Egyptiens anciens ont semble-t-il particulièrement associé les chats au k3. Les autres êtres vivants ne pouvaient être incinérés pour que leur corps soit momifié et que leur k3 puisse retrouver son hôte renaître dans l’autre monde.

Cependant, les chats pouvaient subir une crémation tout en étant momifiés et renaître dans l’autre monde. Mourir se disait ‘aller à son k3’ ou ‘être réuni avec son k3’ en égyptien ancien. 

Le Ntoro dans la religion traditionnelle akan

Le Ntoro est l’un des quatre éléments constitutifs de la personne humaine. Il est associé à la semence, à l’os, voire au sperme. C’est un élément qui se transmet de père en fils. Il définit un certain nombre de caractéristiques des individus partageant le même ntoro.

Chaque ntoro est placé sous l’égide d’un obosom qui réside dans une grande rivière. Il  possède ses propres interdits et totems. Les deux premiers souverains de la confédération asante, Osei Tutu et Opoku Ware appartenaient au ntoro Bosommuru.

Plusieurs chercheurs comme Oscar Pfouma (1993) ont comparé ntoro à l’égyptien ancien nTr.

Un premier parallèle entre les deux concerne la genèse des nTr à partir d’une matière aquatique, le noun, comme les Ntoro sont considérés comme étant sous la tutelle d’un obosom aquatique et sont associés aux fluides que constituent le sperme et la salive.

Ainsi, un proverbe asante rapporte que « de même qu’une femme donne naissance à un enfant, ainsi fait l’eau à un dieu (obosom) ».

Selon Margaret Field (1948), pour qui le mot ewé tron (déité; équivalent de vodun chez les Ewé) est cognat avec le mot akan ntoro, ‘un grand tron est pratiquement toujours une rivière ». 

A la mort d’un individu, le Ntoro rejoint l’obosom qui lui est propre et attend de se réincarner dans un enfant appartenant au même ntoro. 

L’Abusua dans la religion traditionnelle akan

L’abusua est le nom du matrilignage. Contrairement au ntoro, qui se transmet par des matières blanches et transparentes, l’abusua se transmet par le sang.  A la mort de l’individu qui le possède, l’abusua rejoindra le samando, le monde des ancêtres, qui comme dans les autres religions africaines traditionnelles font l’objet d’un culte. 

Le Sunsum dans la religion traditionnelle akan

Le sunsum est une composante de tous les êtres vivants, y compris les arbres et les plantes, ce qui le distingue du kra. Alors que le kra ne varie pas d’envergure, le sunsum peut devenir plus ‘lourd’, plus puissant par le biais de rituels appropriés. Le sunsum est parfois confondu avec le honhom, le souffle vital dont on dit qu’il retourne à Nyame après la mort sous la forme d’un oiseau et qui rappelle en cela le b3 égyptien, souvent représenté comme un oiseau à tête humaine.

L’éthique dans la religion traditionnelle akan

Un débat existe parmi les chercheurs sur le lien entre la morale et la religion dans les religions africaines traditionnelles. Certains postulent que les règles de la morale pour le bien de la communauté proviennent de l’être suprême alors que pour d’autres, elles en sont indépendantes. Quoi qu’il en soit, le respect de la morale est très important dans les religions africaines traditionnelles, celles des Akans notamment.  

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