Oui, oui ! La dépression est tout sauf une » maladie de Blancs « .
« Tu as quel problème même ? » demande ton pote inquiet, à deux doigts de lancer une alerte enlèvement depuis que tu as disparu de la surface de la Terre. Le « Ça va, y a rien ! » que tu lâches diplomatiquement n’est qu’un moyen – de défense – pour cacher le mal-être, le spleen, la dépression que tu vis depuis un certain moment déjà !
Impossible de dire si c’est un ami, lui aussi inquiet, qui l’a poussée à prendre cette décision mais toujours est-il que ce lundi 31 mai, la tenniswoman Naomi Osaka a secoué le monde feutré du tennis en annonçant son retrait de Roland-Garros :
« La meilleur chose pour le tournoi, les autres joueurs et mon bien-être est que je me retire du (tournoi) pour que chacun puisse se reconcentrer sur le tennis. » a-t-elle annoncé sur son compte Instagram. La terre battue de Roland-Garros, et ces tenues de sportifs maculés de couleur brique, c’est finie pour elle !
Depuis de nombreuses stars parmi lesquelles Serena Williams lui ont depuis apporté leur soutien. Gros plan sur Naomi Osaka et ces autres sportifs noirs, touchés eux aussi mentalement.
CEUX QUI SONT ENCORE ACTIFS
LA NUMÉRO 2 MONDIALE NAOMI OSAKA JETTE UN PAVÉ DANS LA MARE
Au royaume de la petite balle jaune, tout tourne rond ou presque. Ici, pas de dispute entre coéquipiers pour tirer un pénalty (Coucou, Neymar Jr !), pas de de crachat de supporters adverses stupides pour déstabiliser la superstar adverse (Coucou, Trae Young !), etc. Non dans cet univers angélique, tout est parfait à commencer par le service ! Du moins c’est ce que tu croyais jusqu’à ce Naomi Osaka jette un pavé dans la mare.
La natif d’Osaka avait déjà fait parlé d’elle d’une part par ses titres (deux Us Open et deux Open d’Australie), et d’autre part par son engagement contre les violences policières dans le strict respect des gestes-barrière, en plus. Avec ces masques sur lesquels le nom des victimes de ce fléau, qui ronge les États-Unis, figurait.
Et plus récemment plus donc, son refus de participer aux conférences de presse afin de préserver sa mentale.
« J’écris ceci pour dire que je ne ferai pas de conférence de presse pendant Roland-Garros » avait-elle annoncé avant de poursuivre : « On est souvent assis là et on nous des poses des questions déjà posées à maintes reprises ou des interrogations qui amènent le doute dans notre esprit. Je ne veux plus simplement me soumettre à des gens qui doutent de moi ! »
Finalement la quadruple championne du Grand Chelem, qui avait reçu une amende de 15 000 dollars , soit un peu plus de 12 000 euros, pour manquement à ses obligations médiatiques, quitte ce tournoi du Grand Chelem.
Ce n’est pas la première championne de tennis à avoir fait part de sa fragilité mentale, malgré son statut de superstar.
SERENA WILLIAMS, DÉPRESSION POST-PARTUM
Symbole – malgré elle – de ces athlètes de haut niveau à qui annonceurs/spectateurs/sponsors en demandent toujours plus, Serena Williams lui a apporté son soutien :
« J’ai de la peine pour Naomi, j’aimerais pouvoir lui faire un câlin. »
Et pour cause, la dépression, elle-même en a souffert.
En 2011, elle révèle qu’elle en souffre depuis Wimbledon et sa victoire l’année précédente.
Puis en 2018, sur son compte Instagram, la recordwoman de titres majeurs en simple (30 au total !) révèle avoir souffert de dépression post-partum après la naissance compliquée[1] de sa fillette de quatre ans. Avec notamment le sentiment de ne pas faire « être une bonne mère pour sa fille ».
Depuis, la tenniswoman noire a repris du poil de la bête, mentalement, même si tu l’as vue verser des larmes après sa défaite en demi-finale de l’Open d’Australie face à…Naomi Osaka. Il n’en fallait pas plus pour que des rumeurs de retraite circulent. Ce à quoi, la future quadragénaire (le 26 septembre prochain) a répondu : « Je ne sais pas. Si un jour je fais mes adieux, je ne le dirai à personne. »
Faire ses adieux, c’est renoncer publiquement à sa vie de sportif, reconnaître que ce monde, faits d’encensements collectifs et de défaites solitaires, n’est plus le nôtre, c’est peut-être pour toutes ces raisons-là qu’elle envisage de ne rien dire.
D’autres sportifs de haut niveau, l’ont déjà fait, eux, et vivent depuis cet arrêt de la manière la plus difficile.
CEUX QUI SONT À LA RETRAITE
LAMARCUS ALDRIDGE, RETRAIRE NOIRE
Annoncé comme le nouveau Tim « Monsieur Fondamentaux » Duncan, dont il a pris la place aux San Antonio Spurs, et signé chez les Brooklyn Nets, avec lesquels il devait remporter son premier titre NBA, LaMarcus Aldridge s’est récemment exprimé sur sa brutale fin de carrière due à un problème cardiaque : le syndrome de Wolff-Parkinson-White[2].
Outre le fait d’être passé à côté de cette bague de champion qui lui tendait les bras, le néo-retraité, depuis la mi-avril, a évoqué sa dépression :
« J’ai été déprimé, et j’essaie de trouver un moyen pour naviguer entre le fait de ne plus batailler sur les parquets, et apprendre à ne pas être déprimé. J’aime toujours le basketball. Je pense que j’ai encore beaucoup à donner.
Mais même maintenant, j’essaie de me trouver.
Quand tu passes du jour au lendemain de quelque chose que tu aimes faire depuis si longtemps à ne plus pouvoir le faire, c’est un choc ! »
DELONTE WEST, UNE SECONDE CHANCE
Son nom ne te dit peut-être rien mais l’arrière Delonte West a foulé lui aussi les parquets de la NBA sous les couleurs des Cleveland Cavaliers, aux côtés de Lebron James entre autres, et des Dallas Mavericks avant de sombrer dans la drogue.
Dépressif et souffrant de troubles bipolaires, il avait notamment admis au cours d’une interview en 2008 : « Ça me hante toute ma vie, ce comportement autodestructeur. »
Apparu dans une vidéo que tu ne verras pas ici, menotté et sous l’effet de substances illicites, l’ancien basketteur avait peiné de nombreux fans et aussi personnalités de la NBA. À commencer par son ancien boss : l’incontournable Mark Cuban.
Depuis, le richissime propriétaire de la franchise texane l’ a aidé à retrouver sa famille avant de financer sa cure de désintoxication.
Aux dernières nouvelles, il aurait été aperçu sur un terrain de basket, en train de jouer, et aurait même décroché un boulot dans le centre où il avait été admis. Thanks God.
Maintenant, tu sais « quel problème même » a ton pote, qui a disparu de la surface de la Terre.
[1] Touché par une embolie pulmonaire, après la naissance de sa fille, elle a failli perdre la vie.
[2] Il s’agit d’un trouble du rythme cardiaque caractérisé notamment une impressionnante accélération des battements de cœur.