Mali : la France suspend ses opérations militaires avec le pays

Une semaine après un deuxième coup d’Etat en neuf mois au Mali, Paris décide de sanctionner la junte en suspendant son armée 

Un divorce militaire

Paris a mis ses menaces à exécution. Jeudi 3 juin au soir, la France a suspendu à titre conservatoire les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes, a annoncé le ministère français des armées. Le but de la sanction est de tenter de pousser la junte au pouvoir vers la transition politique exigée par la communauté internationale.

 Engagée au Sahel contre les groupes armés Djihadistes, l’opération “Barkhane” ne se fera désormais qu’avec les forces maliennes. Depuis 2014, environ 5000 hommes de cette opération française sont déployés au Sahel pour combattre les groupes djihadistes qui y sévissent, affilés à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique.

La force « Takuba », initiée par la France, composée d’unités de forces spéciales européennes et censée former l’armée malienne au combat face aux jihadistes, compte parmi les activités suspendues.

Cette décision intervient après que le Mali ait connu le 24 mai dernier, son deuxième coup d’État en l’espace de neuf mois. Le président de transition Bah N’Daw, et son premier ministre, Moctar Ouane, ont en effet été arrêtés puis contraints à la démission par les hommes du colonel Goïta, déjà auteurs du putsch du 18 août 2020, qui avait évincé du pouvoir l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta. 

Clarifier le cadre de la transition politique au Mali”

Mali
BENOIT TESSIER / REUTERS

Lors d’un entretien au Journal du dimanche, Emmanuel Macron avait averti qu’il ne resterait pas “aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique”. Le chef de l’État a souligné par ailleurs en début de semaine que l’armée française ne pouvait combattre à elle seule le terrorisme au Sahel et que sa présence sur le terrain nécessitait le renforcement d’institutions stables et légitimes. 

Les auteurs du putsch malien savaient pourtant ce qui les attendait. Au lendemain du coup d’Etat, Paris avait évoqué des “sanctions ciblées” à leur encontre si la transition politique du pays ne reprenait pas son “cours normal”. Le colonel Goïta, auto-proclamé président de la transition après l’arrestation de Bah Ndow, doit prêter serment lundi 7 juin à Bamako, avant de désigner son futur premier ministre. 

“Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la Cédéao et par l’UA pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali. Il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement” affirmait-on jeudi au ministère français des armées.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine (l’UA) avaient effectivement suspendu le Mali de leurs institutions communes à la suite du putsch. La Cédéao réclamait la nomination d’un premier ministre qui ne soit pas un militaire mais un civil et le respect de la date prévue pour l’élection présidentielle au Mali, fixée au 27 février 2022.

Sources 

AFP

Le Monde

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