Acquitté par la CPI pour crimes contre l’humanité, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo prépare son retour au pays pour le 17 juin. Néanmoins, les conditions de ce retour tant attendu restent encore floues
Il aura fallu dix ans. Définitivement acquitté en mars dernier par la Cour pénale internationale, l’ancien président Laurent Gbagbo rentrera finalement à Abidjan le 17 juin.“Je vous annonce que le retour du président Laurent Gbagbo sur la terre de Côte d’Ivoire est prévu pour le 17 juin”, a déclaré, lundi 31 mai, Assoa Adou, le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI). M. Adou a fait cette annonce au cours d’une cérémonie à Abidjan le jour des 76 ans de M. Gbagbo, né le 31 mai 1945.
Depuis son acquittement au tribunal de La Haye, le retour de l’ex-président est très attendu par ses partisans, qui se comptent par milliers.
Un retour de Laurent Gbagbo sans revanche
Début mai, le ministre de la Réconciliation nationale Kouadio Konan Bertin avait annoncé que la date du retour de l’ancien chef de l’État serait annoncée quand tout serait “prêt” pour l’accueillir, notamment en matière de sécurité.
Ces dernières semaines, des négociations sur les conditions de ce retour ont eu lieu entre le Front populaire ivoirien (FPI), parti créé par Laurent Gbagbo, et le gouvernement, qui veut éviter tout débordement au moment de l’accueil que souhaitent lui réserver ses partisans à Abidjan. D’après les proches de l’ex-président, l’heure n’est pas à la revanche. Laurent Gbagbo revient pour faciliter une réconciliation dont il aurait été le chaînon manquant, selon eux.
Au nom de la “réconciliation nationale”, les autorités avaient, à la fin de 2020, octroyé à Laurent Gbagbo deux passeports, l’un ordinaire et le second diplomatique. L’intéressé avait alors exprimé son souhait de rentrer dès décembre.
Début d’avril, le président Alassane Ouattara avait lui-même donné son feu vert au retour de son principal rival à la présidentielle de 2010, disant que ce dernier pouvait revenir quand il le souhaitait. M. Ouattara avait ajouté que le retour de son prédécesseur et de sa famille serait pris en charge par l’Etat et qu’il bénéficierait des avantages dus aux anciens présidents.
“Pour nous, il n’y a pas de date”
Si la date annoncée du retour de Laurent Gbagbo est sur toutes les lèvres, plusieurs membres du gouvernement ivoirien ont été étonnés de l’apprendre par la presse. “Ce que nous avions convenu, c’est que la date devait être choisie de façon consensuelle. Donc, pour nous, il n’y a pas de date” explique Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement.
Peu après l’annonce de la future arrivée de M.Gbagbo, le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, assurait à RFI ne pas avoir été informé des modalités de ce retour. Amadou Coulibaly, également ministre de la communication, remet clairement en cause la faisabilité de ce retour : “Je ne sais pas comment il arriverait à cette date du 17 juin, si aucune disposition n’est prise pour son accueil”.
Les modalités de l’accueil de Laurent Gbagbo restent encore floues, entre ses partisans qui lui réservent un “accueil triomphal” et le pouvoir qui lui préfère opérer dans la discrétion. Et, avec le gouvernement qui s’étonne de ne pas avoir été averti, une question s’impose, Laurent Gbagbo sera-t-il réellement de retour le 17 juin ?
Sources
AFP