Joe Jackson, le patriarche impitoyable derrière la dynastie Jackson

Le 27 juin 2018, Joseph « Joe » Jackson décédait à l’âge de 89 ans des suites d’un cancer du pancréas. Cet homme, à la poigne de fer, est souvent controversé, mais indéniablement crucial dans l’ascension de la célèbre famille Jackson. Plongeons dans l’histoire complexe de ce père et manager impitoyable.

Joe, père et manager à la poigne de fer de la dynastie Jackson

Joe Jackson, né Joseph Walter Jackson le 26 juillet à Fountain Hill, Arkansas, est l’aîné de quatre enfants. Son père, Samuel Jackson, était professeur de lycée et sa mère, Crystal Lee King, femme au foyer. À l’âge de 12 ans, ses parents se séparèrent, et il suivit son père à Oakland, Californie, avant de déménager à East Chicago, Indiana, pour vivre près de sa mère. C’est là qu’il rencontra et épousa Katherine Scruse.

Au cours des années 50, Joe Jackson se lance dans une carrière musicale comme guitariste. Cependant, il réalise rapidement que le véritable talent musical réside chez ses enfants. En 1962, il forme un groupe composé de trois de ses fils, Jackie, Tito, et Jermaine, avec deux voisins. Finalement, Michael et Marlon remplacent les voisins pour former les légendaires « Jackson Five » (initialement « The Jackson Brothers »). Le groupe devient professionnel quatre ans après leur création. En 1969, ils signent chez Motown Records, produisant des hits comme « I Want You Back« , « ABC« , et « I’ll Be There« .

Joe Jackson mène sa progéniture vers un succès retentissant, les conduisant à travers le pays pour décrocher de nouveaux contrats et enregistrer des titres. Randy, le plus jeune frère Jackson, remplace Jermaine au milieu des années 1970 lorsque le groupe quitte Motown Records pour animer « The Jacksons« , une émission de variétés sur CBS. Jermaine, marié à Hazel, la fille de Berry Gordy (fondateur de Motown Records), se lance alors dans une carrière solo.

Tandis que le succès de Michael en solo finit par éclipser celui du reste de sa famille, Janet Jackson devient également une superstar. Aidée par son père au début de sa carrière, elle apparaît dans l’émission « The Jacksons » dans les années 1970 et joue dans des séries comme « Good Times » en 1978. En 1986, à 19 ans, Janet sort son album « Control« , marquant son indépendance en rompant les liens managériaux avec son père.

Joseph « Joe » Jackson, qui avait mis de côté ses propres ambitions musicales pour travailler dans les aciéries afin de subvenir aux besoins de sa femme et de ses neuf enfants, a finalement réalisé ses rêves à travers les carrières magistrales de ses enfants. Michael, son septième enfant, est devenu l’un des artistes les plus populaires de l’histoire.

Mais alors, vous demandez-vous certainement pourquoi Joe Jackson traîne derrière lui une image aussi déplaisante ?

Eh bien cette mauvaise réputation vient du fait que Michael et d’autres de ses frères et soeurs ont accusé leur père d’abus physiques. La Toya Jackson ira même jusqu’à l’accuser d’abus sexuels au début des années 90, lorsqu’elle s’éloigna de sa famille. Toutefois, elle se rétracta plus tard, disant que son ex-mari l’avait forcée à porter de telles accusations. Elle finira par se réconcilier avec son père. Notons que dans son effort pour pousser ses fils au sommet de l’industrie musicale américaine, Joe Jackson (qui a exigé que ses enfants se réfèrent à lui comme « Joseph » plutôt que « Papa ») était d’une sévérité absolue.

A l’âge adulte, la plupart des frères et sœurs Jackson s’étaient passés des services managériales de leur père. Mais c’est la relation difficile qu’entretenait Michael avec son père qui a le plus défrayé le chronique. En effet, Michael révérait sa mère, mais gardait ses distances avec Joseph.

Dans une interview avec Martin Bashir en 2003, Michael affirma qu’il allait parfois vomir ou qu’il s’évanouissait à la vue de son père, parce qu’il en avait une peur bleue.

« Nous étions terrifiés par lui, terrifiés, je ne peux pas vous dire à quel point. Je ne pense pas, à ce jour, qu’il se rende compte à quel point j’avais peur de lui »

Cependant, pendant les moments les plus difficiles de son fils, notamment lors de son procès en 2004, Joe Jackson était à ses côtés. Dans un discours de 2001 sur les relations saines entre les parents et leurs enfants :

« J’ai commencé à voir que même l’âpreté de mon père était une sorte d’amour, un amour imparfait, certes, mais de l’amour. Il me poussait parce qu’il m’aimait, parce qu’il ne voulait pas que quelqu’un regarde sa progéniture de haut. »

Le Roi de la Pop ajouta :

« Et maintenant, avec le temps, plutôt qu’avec l’amertume, je sens la bénédiction: au lieu de la colère, j’ai trouvé l’absolution et, au lieu de la vengeance, j’ai trouvé la réconciliation et ma fureur initiale a lentement cédé au pardon. »

Alors que des aveux de son propre fils, Joe Jackson a été non seulement pardonné mais même béni, quelle légitimité auraient des personnes extérieures à juger d’une relation entre père et enfants? Aussi dur qu’à pu être le père et le manager, il fut présent, comme en témoignent ses enfants, pour le meilleur et pour le pire. N’est-ce pas cela au fond être parent?

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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