Omar Sy a été trop ingénieux, trop fort, trop seul. Résultat : tu as une bonne série à défaut d’un bon divertissement.
« Faut bien me regarder ! » répète Serge Beynaud dans un titre éponyme reggae, loin, très loin de de son coupé-décalé habituel.
Déjà en 2017, l’auteur du tube Okeninkpin t’expliquait gentiment qu’il fallait bien le regarder. Désormais, il n’est plus le seul puisque depuis le début de l’année, un autre te répète quasiment la même chose à toi et tous les autres cinéphiles : « Vous m’avez vu mais vous ne m’avez pas regardé. »
Ainsi parla Omar Sy, qui s’est glissé Dans l’ombre d’Arsène, Lupin.
Tu pensais l’avoir bien vu, avoir bien retenu la date de sortie de cette seconde partie, disponible sur Netflix depuis le 11 juin dernier, mais voilà l’acteur français a encore frappé.
Pour marquer le début de l’Euro 2021, auquel la France et Paul Pogba participent, il balance une série de photos où tu le vois taper l’incruste dans les publications Instagram de certains footballeurs tels que l’Allemand adroit Toni Kroos, l’Hispano-français Clément Lenglet ou encore l’Espagnol maladroit Alvaro Morata, etc.
Encore un coup de communication réussi par Assane Diop, ce personnage qu’il interprète avec brio. Un peu trop même. La série ne repose malheureusement que sur ses larges épaules de gentleman cambrioleur.
MATCH RETOUR : ASSANE DIOP 1 – PELLIGRINI 0
La dernière fois que tu as vue Assane Diop, le bonhomme cherchait son fils Raoul. Ce dernier venait d’être juste enlevé par l’homme-à-tout-mal-faire de son meilleur ennemi : le malhonnête capitaine d’industrie Hubert Pelligrini. Celui-là même à cause de qui son père, Babacar Diop, est mort en prison.
Pour cette seconde partie de la première saison, tu prends les mêmes et tu recommences.
LA VENGEANCE EST UN PLAT QUI SE MANGE JORDAN AUX PIEDS
Les pieds toujours fourrés dans ses Jordan et dans les problèmes, mais bien aidé par son meilleur ami Antoine et la police qui a finalement compris dix ans plus tard, le papa de Raoul va jusqu’au bout de sa vengeance. Après mille et une péripéties, mille et une cascades aussi, le fils Diop l’obtient enfin lors du clou du spectacle : un gala de bienfaisance dont Pelligrini voulait profiter pour « têter », voler en VOSTFR, sa grande fille naïve.
OMAR SY TIRE LE GROS LUPIN SEUL
Toujours trop d’avance comme Rolls Royce sur moto, M. Diop fait des merveilles comme Di Cap. Que ce soit en vrai-faux samaritain pour voler des informations ou en recruteur de petites mains malhonnêtes, Omar Sy maîtrise les contours de ce rôle taillé sur mesure.
LA GARDE RAPPROCHÉE
Autour de lui, il y a pêle-mêle : son meilleur ami Antony (interprété par Benjamin Ferel) qui fait semblant de ne pas prendre soin de sa barbe pour faire croire qu’elle est naturellement bien, Claire, la mère de son fils qui au fond l’aime toujours, joué par Ludivine Sagnier (vu notamment dans L’ennemi public numéro 1), ou encore sa rivale sophistiquée Juliette Pelligrini (Clotilde Hesme).
LA POLICE EN BACK-UP
Ensuite, il y a l’inspecteur Youssef Guedira (Soufiane Guerrab, vu notamment dans La Vie scolaire) qui est le premier et surtout le seul à avoir fait le lien entre Arsène Lupin et Assane Diop avant que sa collègue, le lieutenant Sofia Belkacem (Shirine Boutella) n’en fasse autant.
Et c’est là où le bât blesse : Omar Sy a toujours un train d’avance sur les autres protagonistes qui eux ont dix de retard.
BON DIVERTISSEMENT : OUI ! BONNE SÉRIE : NON, NON, NON !
« Les hommes mentent, pas les chiffres ! » avancent certains Internautes après avoir débattu en vain durant de longues heures pour savoir qui de Cristiano Ronaldo ou de Lionel Messi est le plus fort, alors que le Ballon dort dans les pieds d’Andrès Iniesta.
MENARD, MESSIHA, ZEMMOUR EN PLS !
Les chiffres, ceux de la première partie de la série, sont extrêmement bons : 76 millions de personnes l’auraient vue !
« Quand on fait une série, on espère toujours que les gens la voient et l’aiment mais on ne peut pas s’attendre à quelque chose d’aussi massif. » a récemment expliqué Omar Sy, à 20 minutes.
Des statistiques si bonnes qu’elles en ont fait la « première série française à entrer dans le top 10 américain ».
Paraît que Robert Menard, Jean Messiha et surtout Éric Zemmour et tous ces autres animateurs des médias extrêmement tolérants seraient en PLS depuis.
Avancer ces chiffres suffirait à conclure l’article, précipitamment, avant de rabattre l’ordinateur et de vaquer à d’autres occupations puisque : « Les hommes mentent, pas les chiffres ! » Mais non, il en faut plus.
OMAR SY INTOUCHABLE, ENCORE UNE FOIS
L’une des raisons pour lesquelles Lupin est un bon divertissement et non une bonne série repose justement sur la structure même ce TV show : tout se base sur Omar Sy. C’est le seul personnage à briller. Un peu comme le Professeur dans l’autre grosse série à succès : la Casa de Papel. Contrairement à Intouchables pour lequel il a eu le césar du meilleur acteur en 2012, avant de filer pour Hollywood. Là, son duo avec le brillant François Cluzet fonctionnait avec merveille.
En plus, ce gentleman burglar, ou gentleman cambrioleur en VOSTFR, incarne à la fois le bien (obtenir justice) et le mal (vols à répétition, etc.) Cette absence de dichotomie rend encore plus difficile l’appréciation de la série. Puisque que sommairement, une série fonctionne comme suit : opposition entre le bien et le mal avec 50 nuances de gris au milieu pour éviter que ce soit trop lisse.
Donc à force d’utiliser, de valoriser un seul et unique personnage, sans personne pour véritablement le challenger (Ta boss appréciera), la série perd rapidement son intérêt. Il était inutile d’attendre 6 mois pour au final repartir sur les mêmes bases c’est-à-dire à Diop la lumière, aux autres l’ombre !
Et dire que la série a pour titre : Lupin, dans l’ombre d’Arsène.
Une « saison 3 » pourrait voir le jour. Pas sûr de la regarder même si une voix chuchote : « Faut bien me regarder ! »