Il n’y a que Marine Le Pen qui soit meilleure à la récupération que N’golo Kanté.
« Chelsea mène ! » balance ce fan de foot qui a snobé la finale de la Champions League, pour participer à la Quizzine, événement mensuel où de jeunes ivoiriens s’enjaillent autour de la culture générale. Puis vient la finale où six équipes s’affrontent, tandis que les baffles d’un des participants, crachent les commentaires des journalistes. Chelsea mène toujours, 1 à 0. Finalement, il faudra un duel entre deux brillantes jeunes femmes pour que la victoire choisisse son camp. Tout un symbole.
Puis, les plus hésitants maudissent leur manque d’assurance qui leur a probablement coûté la victoire finale, tandis que les plus téméraires savourent leur succès. Plus loin, certains s’isolent par petits groupes pour ruminer en cœur ou tout simplement chasser, seul(e), le blues qui s’installe, en ce samedi soir.
Le blues, N’golo Kanté, ce soir, n’en a que la couleur : après avoir remporté la finale de la Champions League, (0-1). Lumière/caméra/action sur ce milieu de terrain discret mais ô combien talentueux.
CE SOIR, C’EST LA CHAMPIONS LEAGUE !
La scène se déroule, après que les Blues de Thomas Tuchel l’aient emporté face aux Skyblues de Pep Guardiola.
Le numéro 7 londonien tombe dans les bras de sa mère : à bas la distanciation sociale, imposée par le COVID-19 ! Ce soir, c’est la Champions League : paw paw paw paw ! Les deux s’enlacent, sous les caméras qui volent puis diffusent ce moment d’émotion pur et simple auquel de nombreux footballeurs (te) donnent parfois la possibilité d’accéder à la fin d’une compétition. Un autre membre de la famille vient compléter la scène. Dans leur tête, nul doute que la fraîcheur des exploits de l’homme du match – pour la troisième fois de suite – cohabite avec l’ancienneté de ces épreuves que le néo-champion d’Europe a surmontées. « C’est incroyable ! C’est le résultat de beaucoup d’efforts, de beaucoup de difficultés durant la saison, c’est le résultat de tout un groupe ! » reconnaît N’golo Kanté au micro de RMC, médaille autour du cou.
DES DÉBUTS DIFFICILES
Régulièrement racontée en long/large/diagonale, l’histoire du natif de Paris est sue sur le bout des doigts ou presque par ces fans de foot qui aiment les belles histoires.
De cette coupe du monde que son coéquipier Steven Nzonzi aurait arrachée des mains de « méchants coéquipiers », pour qu’il puisse la tenir à son tour, à cette Mini-Cooper qu’il aurait acheté d’occasion en passant par le refus de dire à son entraîneur caennais qu’il faisait le ramadan, etc., ces anecdotes sont aussi nombreuses que les perles qui ornent le misbaha.
PAPA N’EST PLUS, MAIS MAMAN EST LÀ
Privé très tôt de son père, décédé alors qu’il n’avait que 11 ans, et élevé par sa mère femme de ménage, au sein d’une grande fratrie, le futur champion du monde 2018 consacre l’essentiel de son temps au football comme la plupart des garçons de son âge. Qui font des une-deux avec un mur inoffensif et/ou cassent les vitres de la cuisine en tentant de frapper un coup-franc. La routine, quoi.
Mais la petite taille du jeune homme le prive d’une explosion rapide au grand jour où ses qualités physiques extraordinaires, cette capacité à empêcher les adversaires de développer leur jeu avant de proposer une solution vers l’avant, ce côté box-to-box seront appréciées plus tard.
Boulogne-sur-Mer, National, Caen, en Ligue 2 puis en Ligue 1, où il fait ses débuts en 2014, lentement mais sûrement, le milieu de terrain défensif progresse avant le départ puis la consécration à Leicester.
N’GOLO KANTÉ, CHAMPION TOUT TERRAIN
C’en 2015 que N’golo Kanté rejoint les Foxes. Il y retrouve notamment son ami Riyad Mahrez, dans cette ville, située dans l’est de l’Angleterre.
Régulièrement, sous les 95 000 et quelques caméras du « championnat le plus spectaculaire au monde », où des supporters rugissent au moindre fait de jeu, le talent du bonhomme au sourire indécrottable éclate et les récompenses tombent : champion d’Angleterre avec Leicester, « plus grand exploit de ces cinq dernières années en Premier League », puis à nouveau avec Chelsea en 2017 ; au cours de cette saison, il est désigné meilleur joueur du championnat par les joueurs puis les journalistes.
« C’est très spécial d’être ici. Parce qu’il y a quelques années, j’étais dans des divisions inférieures en France. Il n’y a même cinq ans, je n’étais même pas professionnel ! » bredouille-t-il, notamment, en anglais devant le parterre de journalistes.
D’autres trophées viennent ensuite remplir son placard : la Coupe du Monde donc, mais aussi l’Europa League, et depuis hier donc : la Champions League. Ce trophée donne encore plus de saveur à son histoire : celle d’un bon gars, comme tu le dirais familièrement. D’un joueur modeste et travailleur, que de nombreux journaux adorent opposer gentiment à Paul Pogba, avec lequel il forme pourtant un redoutable duo, dont les coupes de cheveux sont autant analysées que ses exploits balle au pied.
Seule petite ombre au tableau : ce montage financier révélé par les Football Leaks. L’international français aurait donné son accord dans un premier temps pour payer moins d’impôts, et donc toucher plus d’argent, sur ses droits à l’image, avant de finalement se rétracter.
Probablement le genre d’informations auquel ce fan de foot, qui a snobé la finale de la Champions League, pour participer à La Quizzine, événement mensuel où de jeunes ivoiriens s’enjaillent autour de la culture générale, n’a pas pensé quand il a balancé : « Chelsea mène ! »