La bonne nouvelle est que Michael B. Jordan tourne dans de mauvais films comme celui-ci : « Sans aucun remords ». La mauvaise est qu’il tombe la chemise, ici. Yakô.
« […] C’est toi le problème, John. Tu devrais être mort, la mort te suivra partout où tu iras. » prophétise, en plein interrogatoire, un officiel russe. La mort lui tend les bras dans cette voiture en feu. Ce John, c’est John Kelly : ex-membre des forces spéciales qui a décidé de venger sa femme assassinée sans aucun remords. Prêt ? Caméra, action sur « Sans aucun remords » dans lequel Michael B. Jordan joue encore une fois un homme noir en colère.
TU PEUX QUITTER LA NAVY MAIS LA NAVY PEUT JAMAIS TE QUITTER
Membre des Navy Seals, ces forces spéciales issues de la marine américaine, John Kelly est une tête brûlée dont la vie s’apprête à changer : Pam, sa femme, attend un heureux événement. Le dur-à-cuire retourne lentement mais sûrement à une vie monotone, moins mouvementée que celle qu’il menait jusque-là. Quand tout à coup soudain brusquement, en guise de représailles, des agents russes décident de faire le ménage en emportant tout sur leur passage : y compris sa femme. C’est le début d’une vengeance que le jeune époux veuf va tenter de s’offrir, sur fond de crise américano-russe.
PETITE PLUIE CINQ ÉTOILES
Mâchoire carrée, épaules larges et poitrine saillante, Michael B. Jordan semble encore porter les traces de son rôle dans la doublette Creed. Le soldat qu’il joue ici est aussi un tough guy ; le genre à foncer tête baissée et tirer avec précision sur tout ce qui bouge. Sa kryptonite à lui, son calmant, c’est ou plutôt c’était Pam joué par Lauren London. Plaisir de la revoir sur les écrans depuis la perte de son compagnon : Nipsey Hussle. The Marathon Continues.
Pour l’aider à le canaliser, il y a aussi le lieutenant Karen Greer (Jodie Turner-Smith, vue dans Queen & Slim). Cheveux courts, tête froide, l’officière noire est aussi discrète que Michelle Williams dans les Destiny’s Child. Say Her Name.
Que ce serait un film d’action parfumé à l’eau de vengeance, sans un parfait petit spécialiste des coups bas ? Rien ! Ici, c’est Robert Ritter (Jamie Bell, Billie Elliot) qui le tient ce rôle-là ! Un bureaucrate qui ne respecte que son code à lui. Et, Guy Pearce (L.A Confidential) complète ce casting dans le rôle d’un ministre un peu trop gentil.
Oui, cette petite pluie d’étoiles annonce peut-être un bon temps, un bon moment mais c’est plutôt la douche froide quand il s’agit d’analyser ce pauvre divertissement sorti sur Amazon Prime Video.
MICHAEL B. JORDAN OU LA RENAISSANCE DU ANGRY BLACK MAN
UN PEU DE SICARIO PAR-CI
Ce thriller – qui dure 1 heure 49 – a été réalisé par Stefano Sollima à qui tu dois la série mafieuse Gomorrah mais surtout Sicario : la guerre des cartels.
Dans le premier volet, Sicario, Alejandro (Benicio Del Toro) est un agent double dont l’agenda sous-jacent est de se venger de la mort de sa famille. Exactement ce que John Kelly veut faire. Pris entre son irrépressible désir de vengeance et sa loyauté envers son pays, le bonhomme veut surtout faire payer les assassins de sa femme sous couvert d’une mission d’extraction.
UN PEU DE LÉON PAR-LÀ
Autre clin d’œil (voulu ?), la scène où Kelly décide d’affronter seul une tonne de forces russes. Revoir ce genre de scènes éculées n’apporte rien de nouveau. Encore moins quand le sens du sacrifice du ultime, les un contre un, parfois à bout portant et enfin le subterfuge pour sortir du bâtiment, etc., font penser à la tentative d’évasion de Léon dans le film éponyme.
Mais la plus grosse impression de déjà-vu dans ce film basé sur une œuvre Tom Clancy, spécialisé dans les œuvres d’espionnage, c’est de revoir Michael B. Jordan dans la peau d’un homme en colère.
UN HOMME NOIR EN COLÈRE VU ET REVU
Il y a eu Family Feud, quand Monsieur et Madame Carter ont décidé de montrer à la Terre entière qu’ils n’étaient les amis de personne en rametant tous leurs…copains pour un clip.
Ensuite, Black Panther et Erik Killmonger, aux côtés entre autres du néo-oscarisé Daniel Kaluuya. Puis, les premiers deux volets de la saga Creed. Ou l’histoire de ce garçon qui prend les gants pour faire exploser sa rage d’avoir été abandonné par son père. Dans toutes ces œuvres, il est mis en scène en tant qu’angry black man. Cet afro-américain qui dans l’imaginaire des Blancs veut se venger de l’Amérique blanche et raciste d’où cette fâcheuse tendance à lui attribuer des instincts bestiaux. Attention, Michael B. Jordan à ne pas s’enfermer dans ces rôles-là. Attention…
Ça serait dommage que tous tes personnages entendent : « […] C’est toi le problème, John. Tu devrais être mort, la mort te suivra partout où tu iras. »