Lassées des violences, les sud africaines tirent à balles réelles

Meurtres, viols, cambriolages… Surexposées aux violences dans le pays, des sud africaines décident de s’entraîner au tir, via la campagne « Girls on Fire ». 

En Afrique du sud, une femme est tuée toutes les trois heures. Avec un taux de féminicide cinq fois plus élevé que la mondiale, l’association Gun Owners of South Africa (GOSA) a lancé la campagne Girls on Fire. Elle permet aux femmes de prendre les armes afin d’apprendre à se protéger elles-mêmes. « Ces formations sont destinées en particulier aux jeunes femmes noires, statistiquement les plus ciblées par la criminalité », explique Themba Kubheka, responsable de GOSA.

“Girls on fire”, s’armer pour se protéger des violences

Créée en 2015 pour coïncider avec les 16 jours d’activisme des Nations Unies, l’initiative Girls on Fire de GOSA organise des stages de formations sur les armes à feu. Effectués dans des stands de tir près de Johannesburg, ces ateliers apprennent à ses participantes à manier plusieurs types de fusils de précision comme les armes Truvelo ou encore les pistolets GLOCK et Beretta. Là-bas, les tirs s’effectuent à balles réelles. Les instructeurs accompagnent donc les volontaires dans les pratiques de tirs. En effet, la plupart d’entre elles ne se sont jamais servies d’une arme à feu. 

Toutes portent un tee-shirt orné de flammes où l’on peut distinguer le hashtag “Victimnolonger” (la victime n’est plus). Il s’agit du slogan de campagne lancé par l’association GOSA. Sur son site, l’organisation explique en effet ne pas considérer les femmes comme des victimes. Ainsi, l’objectif est de leur donner les moyens “de se protéger elles-mêmes et leurs familles plutôt que de simplement protester contre l’état actuel des choses”. Themba Kubheka souligne que « Chaque femme ici connaît une femme qui a été violée, volée, frappée. Chacune a une histoire sur la violence de ce pays.”

Un pays dangereux pour les femmes?

Lassée des violences, les sud africaines tirent à balles réelles
MARCO LONGARI / AFP

En 2019, le président sud-africain Cyril Ramaphosa comparait l’ampleur des violences infligées aux femmes sud-africaines “à celui d’un pays en guerre”. Les chiffres relatifs à ce fléau en témoignent. La même année, les agressions sexuelles augmentaient de 1,7% par rapport à l’année précédente, soit 53 293 cas au total. S’agissant du nombre de viols, il s’amplifiait de 3,9% avec 41 583 cas en 2019. Cette même année, 2771 femmes ont été assassinées. Aujourd’hui 110 plaintes pour viols sont recensées quotidiennement par la police. 

Nthabiseng est une des participantes du programme Girls on fire. Elle confie à l’AFP avoir été violée à plusieurs reprises par son voisin, qui s’introduisait chez elle par la fenêtre de sa chambre. Ses parents l’ont accusée d’avoir apporté la honte sur leur famille. Elle n’a donc pas porté plainte. Elle s’est par la suite confiée à un ami qui l’a violée à son tour. “Ça t’apprend à te taire” lui avait-t-il dit. Nthabiseng dit regretter ne pas avoir eu d’arme à son domicile ce jour-là. 

S’auto défendre, une idée qui divise

Lassée des violences, les sud africaines tirent à balles réelles
MARCO LONGARI / AFP

En Afrique du Sud, 4,5 millions d’armes à feu sont légales. Selon l’ONG Gun Free SA, une association nationale qui milite pour la restriction du port d’arme, il y en a autant que sur le marché noir. 27 armes seraient volées chaque jour pour alimenter ce marché illégal. L’ONG, qui recense 23 morts quotidiennes par arme à feu, affirme qu’”une arme n’est quasiment jamais utilisée en situation de légitime défense, mais elle augmente le risque pour la personne et sa famille, et aide les criminels à s’armer”. De l’autre côté du ring, l’organisation GOSA incite les femmes à s’armer et luttent pour qu’elles obtiennent des permis de port d’armes. Dorénavant, certaines participantes de Girls on Fire envisagent de posséder une arme chez elles, pour pouvoir se défendre en cas d’agression.  

Sources

AFP

Gosa Girls on fire

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