Il y a 100 ans, l’Oklahoma connaissait l’un des pires lynchages raciaux de l’histoire des Etats-Unis. Près de 300 afro-américains ont été tués lors du massacre de Tulsa
A compter d’aujourd’hui, les Etats-Unis commémorent l’un des pires massacres raciaux de son histoire. Il y a tout juste 100 ans, la ville de Tulsa dans l’Oklahoma était le théâtre d’une tuerie raciste qui a fait environ 300 morts.
Le 31 mai 1921, Dick Rowland, cireur de chaussure afro-américain, est accusé d’avoir agressé dans un ascenseur une jeune femme blanche de 17 ans. Il aurait en réalité trébuché et se serait agrippé à son bras. Rapidement, il est interpellé et est menacé de lynchage par des habitants blancs. Un groupe d’hommes noirs, dont certains sont armés, se mobilise alors devant le poste de police pour le défendre. La tension monte et laisse place à l’affrontement. Finalement, il y aura 12 morts dont 10 blancs.
Le lendemain, dès l’aube, la riposte est terrible. Des hommes blancs attaquent le quartier de Greenwood, appelé “Black Wall Street”, pour sa population afro-américaine et sa vitalité économique. Toute la journée, sans que la police n’intervienne, ils pillent, brûlent les bâtiments et poursuivent les habitants pour les abattre. Des centaines d’entreprises, d’églises et de maisons appartenant à des Noirs ont été incendiées. Un déchaînement de violence qui aura causé la mort de 300 personnes et fait plus de 8000 sans abris.
Un crime passé sous silence
Les détails du massacre de Tulsa ont été cachés pendant des décennies alors que les autorités dissimulaient l’existence de fosses communes et détruisaient les preuves de l’internement de milliers de Noirs. L’événement a repris de l’ampleur en 1997, avec la création d’une commission chargée de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé à Greenwood.
Plus tôt ce mois-ci, Viola Fletcher, 107 ans, la plus vieille survivante du massacre, a témoigné devant le Congrès qu’elle recherchait toujours justice. “Je demande ici à mon pays de reconnaître ce qui s’est passé à Tulsa en 1921” a-t-elle déclaré. “Certaines personnes ne veulent pas du tout en parler; ils veulent juste le recouvrir. D’autres en sont honteux. D’autres ont le cœur brisé”a-t-elle ajouté.
Commémoration sous tension
La commission du centenaire du massacre de Tulsa en 1921 et le festival de l’héritage de Black Wall Street sont au cœur de l’organisation de cette semaine de commémoration. Sans raison officielle, un concert prévu aujourd’hui a été annulé. L’événement devait présenter une performance de John Legend et un discours de la militante des droits de vote Stacey Abrams.
D’autres commémorations comprendront des marches, des conférences et l’ouverture d’un centre d’histoire et d’un musée de 30 millions de dollars présentant des photographies de Greenwood dans les années 1920. Cependant certains habitants aimeraient boycotter le musée consacré au massacre et des craintes d’affrontements se font sentir dans la ville.
Cet anniversaire survient à un moment critique pour les relations raciales aux États-Unis, à la suite des meurtres commis par la police contre des Afro-Américains, dont George Floyd et Breonna Taylor. Pour apaiser les tensions, le président Joe Biden se rendra à Tulsa demain, et s’exprimera à travers un discours très attendu pour ce centième anniversaire.
Sources
AFP
The Guardian
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