Béchir Ben Yahmed, fondateur de “Jeune Afrique”, est mort

Décédé des suites du Covid-19 à l’âge de 93 ans, l’ancien ministre devenu journaliste était hospitalisé depuis plus d’un mois.

Le journaliste franco-tunisien Béchir Ben Yahmed est décédé ce lundi 3 mai à l’âge de 93 ans. Il s’est éteint à l’hôpital Lariboisière à Paris, où il était hospitalisé depuis le mois de mars après avoir contracté le Covid-19. 

Né à Djerba en 1928, le célèbre patron de Jeune Afrique a d’abord été ministre de l’information sous le gouvernement de Habib Bourguiba à l’indépendance de la Tunisie en 1956. La même année, il créait l’hebdomadaire L’Action, puis en 1960 Afrique Action, qui sera rebaptisée un an plus tard Jeune Afrique. Une appellation qui deviendra historique.

Un média de référence en Afrique francophone 

Dans un communiqué, le média explique avoir été fondé pour accompagner le mouvement d’émancipation des peuples qui, à l’orée des années 1960, accèdent à l’indépendance, pour prendre une part active dans tous les combats qui ont depuis rythmé l’histoire du continent : contre les partis uniques et pour la démocratisation dans les années 1970-1980, pour l’indépendance économique dans les années 1990-2000 et pour l’inclusion de l’Afrique dans la mondialisation dans les années 2000-2020”. D’abord créé à Tunis, le journal se délocalise à Rome en 1962. Un choix que justifie Béchir Ben Yahmed par sa bonne connaissance du pays et de sa langue. Deux ans plus tard, en septembre 1964, “BBY”de son petit nom, transfère la rédaction à Paris où le média est toujours installé. 

JACQUES NKINZINGABO / AFP

En dépit d’un succès qui s’est étalé sur des décennies, le média a connu de graves crises en étant victime de tentatives d’attentats entre 1961 et 1986. La première était orchestrée par l’Organisation de l’armée secrète (OAS), la seconde par le groupe d’extrême-droite Charlemagne suivie d’une attaque certainement perpétrée par Mouammar Kadhafi, qui ne concevait pas la méfiance du journal à son égard.  

Un remaniement interne

Béchir Ben Yahmed dans son bureau à Paris, rue d’Auteuil, en 2010. Vincent Fournier/JA

Depuis les années 2000, le magazine a créé Jeune Afrique Media Group qui comporte La Revue, un bimestriel dédié à l’actualité internationale, Jeune Afrique Business+, un service d’informations professionnelles consacré au secteur privé africain et et la revue anglophone The Africa Report

Après une soixantaine d’années passées à la tête du premier magazine panafricain francophone, Béchir Ben Yahmed avait passé la main à Amir et Marwane Ben Yahmed, ses fils de 49 et 44 ans, mais aussi à François Soudan, directeur de la rédaction. Il consacrait effectivement une grande partie de son temps à l’organisation de La Revue dont il était le seul actionnaire. Après avoir cédé sa place, celui dont le nom sera éternellement rattaché à sa création déclarait : « Mes fils Amir et Marwane ont désormais tous les pouvoirs. Naîtra de leur réflexion un autre Jeune Afrique ». 

 

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