La proclamation de l’abolition de l’esclavage vue par Victor Hugo

Le 27 avril 1848, la France promulgue le décret de l’abolition de l’esclavage. L’article premier stipule que « l’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d’elles ».

La proclamation de l’abolition de l’esclavage vue par Victor Hugo

Le 8 mai 1848, le commissaire général Adolphe Ambroise Alexandre Gatine, membre de la Commission d’abolition de l’esclavage présidée par Schoelcher, monte à bord de la frégate « le Chaptal » avec le décret d’abolition.

Mais l’impatience gagne la Guadeloupe. Intensifiés par les événements de Martinique, les soulèvements s’intensifient. Le gouverneur Jean-François Layrle, décide de prendre les devants. Ne pouvant plus attendre l’arrivée du commissaire, il promulgue l’abolition de l’esclavage le 27 mai 1848. Celui-ci affranchit les 87 000 esclaves sur l’île.

Le porteur du décret officiel d’abolition promulgué le 27 avril en France, n’arrivera à Basse-Terre que le 5 juin.

Proclamation de l’abolition du 27 mai 1848 en Guadeloupe

Parmi les personnalités présentes lors de la cérémonie, Victor Hugo, l’un des plus influents écrivains français du 19ème siècle, nous en apporte une description:

« La proclamation de l’abolition de l’esclavage se fit à la Guadeloupe avec solennité. Le capitaine de vaisseau Layrle, gouverneur de la colonie, lut le décret de l’Assemblée du haut d’une estrade élevée au milieu de la place publique et entourée d’une foule immense. C’était par le plus beau soleil du monde.

Au moment où le gouverneur proclamait l’égalité de la race blanche, de la race mulâtre et de la race noire, il n’y avait sur l’estrade que trois hommes, représentant pour ainsi dire les trois races, un blanc, le gouverneur, un mulâtre qui lui tenait le parasol, et un nègre qui lui portait son chapeau.[1] »

Estampe de la proclamation de l’abolition en Guadeloupe. (©BNF)

D’aucuns voudraient y voir la satire d’un humaniste dénonçant l’absurdité et le paradoxe des prétendus libérateurs. Croire le contraire ne serait qu’une mauvaise interprétation de ces écrits…Pourtant, trente ans plus tard, le même Victor Hugo prononça un discours le 18 mai 1879 au cours d’un banquet célébrant l’abolition de l’esclavage.

« Ce n’est certes pas pour rien que la Méditerranée a sur l’un de ses bords le vieil univers et sur l’autre l’univers ignoré, c’est-à-dire d’un côté toute la civilisation et de l’autre toute la barbarie (…) Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce monceau inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité, l’Afrique (…) Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. »

Les exemples de ce genre sont nombreux dans les écrits de Victor Hugo. C’était un homme de son temps, et en son temps, il était de bon ton de considérer l’Afrique comme une immense terre vierge de toute « civilisation » que le vieil Europe se devait de conquérir.

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Notes et références

[1] Extrait des « Œuvres complètes, Choses vues, tome I » de Victor Hugo, écrit en mai 1848.

[2] « Discours sur l’Afrique », Actes et paroles, vol. IV, Robert Laffont, Paris, 1992.

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