Juan Garrido était un conquistador noir qui dans la première moitié du 16ème siècle participa à la conquête des actuels Porto-Rico, Cuba et Mexique. Il est aussi connu comme étant le premier homme à avoir cultivé le blé sur le continent américain.
Juan Garrido, le plus fameux des conquistadors noirs
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
L’histoire moderne de l’Amérique en trois couleurs
On attribue souvent, dans la vulgarisation de l’histoire moderne du continent américain, des rôles bien définis aux Blancs, aux Amérindiens et aux Noirs. Les premiers seraient les conquérants du continent, ses colonisateurs, les génocidaires des Amérindiens et les esclavagistes des Noirs. Les Amérindiens seraient quant à eux les aborigènes victimes de la conquête, de la colonisation et de génocides.
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Enfin, les Noirs seraient les victimes de la traite des Noirs et de l’esclavage. Cette vision se base évidemment sur du vrai. Elle est toutefois incomplète. Par exemple, on sait que des Amérindiens ont possédé des esclaves noirs. Les limites de cette trichotomie sont aussi illustrées par le fait que les premiers Noirs à arriver aux Amériques avec les Européens étaient des auxiliaires, pas des esclaves. Certains d’entre eux étaient d’ailleurs armés. Le plus fameux de ces conquistadors noirs s’appelle Juan Garrido.
Les origines de Juan Garrido
Juan Garrido est vraisemblablement né dans le dernier quart du quinzième siècle. Il est très probablement originaire d’Afrique de l’Ouest mais son lieu de naissance est inconnu. Toutefois, nous savons grâce à un texte écrit ou dicté par Juan Garrido dans les années 1540 qu’il s’est converti de son plein gré au Christianisme à Lisbonne. Ensuite, il a vécu à Séville en Espagne pendant sept ans. Cette conversion et la suite de sa vie laissent penser qu’il n’était déjà pas ou plus esclave à un moment de sa vie en Europe.
Juan Garrido, le conquistador
Arrivé sur le continent américain, c’est sur l’île de Saint Domingue que Juan Garrido s’est d’abord établi. Comme à Séville, il y est resté sept ans. Ensuite, il a participé aux conquêtes des actuels Porto Rico et Cuba avant de se rendre dans l’actuel Mexique. Sous le commandement du conquistador Hernan Cortès, il y participa au siège de Tenochtitlan (actuelle Mexico). Ce conflit sonna la chute de l’empire aztèque aux mains des Espagnols en 1521. Au cours de cette guerre contre les Aztèques, Garrido est connu pour avoir, avec d’autres Espagnols, rassemblé les cadavres de soldats espagnols morts au combat et d’avoir érigé une petite chapelle en leur honneur. Cette chapelle a été identifiée par des historiens comme ce qui allait plus tard devenir l’église San Hipolito de Mexico City.
Une source historique nous apprend aussi que Juan Garrido a également participé à des expéditions dans d’autres régions de l’actuel Mexique dans les régions de Michoacan et la côte de Zacatula (actuel état mexicain de Guerrero). Celles-ci ne semblent toutefois pas avoir requis l’usage de la force.
La vie après les conquêtes
Juan Garrido est connu pour avoir été le premier cultivateur de blé sur le continent américain. Avec trois grains issus d’un sac de riz, Garrido, planta, à la demande de Cortès ceux qui furent à l’origine des cultures de blé qui suivirent dans la région dans les siècles suivants. Plus tard, il se lança dans l’extraction d’or, mobilisant probablement pour cela des esclaves noirs et amérindiens. Cet entreprise fut toutefois un échec, comme le fut une autre expédition sous le commandement de Cortés en Californie dans les années 1930. De retour à Mexico, il y mourra dans la pauvreté entre 1547 et 1550. Il s’y sera aussi marié et aura eu trois enfants, témoins du destin extraordinaire d’un homme dont la vie bouscule nos préjugés sur le cloisonnement des couleurs des hommes dans l’histoire.
Références
Peter Gerhard / A Black Conquistador in Mexico
Matthew Restall / Black Conquistadors: Armed Africans in Early Spanish America
Gaspar Yanga, fondateur de la première ville noire des Amériques